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Israël-Palestine : l’armée israélienne annonce puis dément une attaque terrestre dans la bande de Gaza

samedi 15 mai 2021 par Charles

Deux heures après avoir annoncé que des soldats israéliens avaient pénétré dans le territoire, l’armée a démenti vendredi vers 1 h 30, évoquant un problème de « communication » en interne.

Le Monde

Une frappe aérienne israélienne sur Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 14 mai 2021. MOHAMMED ABED / AFP
Alors que les violences se poursuivent dans les villes judéo-arabes, la confusion régnait vendredi 14 mai sur la question de la bande de Gaza. Deux heures après avoir annoncé que des soldats israéliens avaient pénétré dans le territoire, dans le cadre de l’opération militaire en cours contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, l’armée a démenti vers 1 h 30 (2 h 30, heure locale), évoquant un problème de « communication » en interne.

« L’aviation israélienne et des troupes au sol mènent actuellement une attaque dans la bande de Gaza », avait déclaré l’armée dans un bref message. Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), le porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus, avait même confirmé que des soldats israéliens étaient entrés dans l’enclave palestinienne.

Depuis jeudi matin, des chars et d’autres véhicules blindés sont massés le long de la barrière séparant Israël de l’enclave palestinienne de Gaza d’où les troupes israéliennes s’étaient retirées unilatéralement en 2005. « Nous sommes prêts et nous continuons à nous préparer à différents scénarios », avait déclaré un peu plus tôt, Jonathan Conricus, précisant qu’une invasion terrestre de l’enclave était « l’un des scénarios ».

Des familles palestiniennes ont quitté leur maison, dans la soirée de jeudi 13 mai, pour éviter les frappes dans le nord de la bande de Gaza.
Des familles palestiniennes ont quitté leur maison, dans la soirée de jeudi 13 mai, pour éviter les frappes dans le nord de la bande de Gaza. MOHAMMED ABED / AFP
Parallèlement à l’opération terrestre, l’aviation a poursuivi ses bombardements de sites du Hamas, où des centaines de personnes ont dû quitter leurs maisons précipitamment pour fuir les frappes, selon des témoins et des journalistes de l’AFP sur place. Le Hamas, qui continuait dans la nuit de lancer des roquettes vers le sud israélien, a tenté de lancer des drones munis de charges explosives vers Israël selon l’armée.

Par ailleurs, en début de soirée, les forces de sécurité libanaises ont confirmé que trois roquettes avaient été lancées depuis le sud du pays vers Israël, mais l’origine de ces tirs n’a pas encore été déterminée. Toutes sont tombées dans la mer sans faire de dégâts, selon l’armée de défense israélienne.

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Toute la journée, les forces israéliennes avaient d’abord poursuivi leur campagne de bombardements aériens sur Gaza après une nouvelle nuit de violences. Le bilan de ces frappes a dépassé, jeudi soir, les 100 morts, parmi lesquels 27 enfants, et près de 600 personnes ont été blessées, selon le Hamas.

En Israël, sept personnes ont été tuées, dont un enfant et un soldat, et des centaines ont été blessées par des tirs de roquettes.

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Plus tôt dans l’après-midi, le Hamas a affirmé avoir lancé une nouvelle roquette d’une portée de 250 kilomètres en direction du deuxième aéroport israélien, Ramon, situé près d’Eilat, dans le sud d’Israël, et a appelé les transporteurs aériens à « suspendre » tous leurs vols vers le pays. Les autorités israéliennes avaient dérouté, mercredi, tous les vols en direction de l’aéroport international Ben-Gourion de Tel-Aviv vers cet autre aéroport.

Dans les villes mixtes, Nétanyahou veut « rétablir la loi et l’ordre »
L’affrontement entre l’Etat hébreu et le Hamas se répercutait aussi, jeudi, dans les rues israéliennes. A Lod, notamment, ville pauvre proche de Tel-Aviv, la tension était montée, mercredi soir, entre jeunes Arabes et groupes de juifs extrémistes avec des heurts, des voitures incendiées, jets de pierres et cocktails Molotov. En déplacement dans cette ville, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a menacé, lors d’une allocution à la presse dans l’après-midi, de déployer les soldats de l’armée de défense israélienne pour rétablir l’ordre dans les villes mixtes.

Le premier ministre israélien, à Lod, le 13 mai 2021.
Le premier ministre israélien, à Lod, le 13 mai 2021. POOL / REUTERS
« Nous avons lancé la conscription des réservistes de Tsahal qui ont fini récemment leur service et nous pourrons utiliser aussi les soldats de Tsahal », a-t-il déclaré. Quelques heures après, le ministre de la défense israélien, Benny Gantz, a confirmé le rappel de quelque 9 000 réservistes. « Notre objectif est d’obtenir des résultats rapides, de rétablir le calme et la sécurité aux citoyens d’Israël et cela commence et s’achève avec le renfort de ces soldats. Ils ont reçu notre soutien », a encore déclaré le premier ministre, aux côtés de policiers en uniforme.

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« Tout le monde comprend que cet événement [les affrontements à Lod] n’est pas ordinaire et que se superposent ici des acteurs criminels et des acteurs qui défient la loi et le cadre de l’Etat israélien. L’opportunité leur est donnée [aux forces de police] d’utiliser tous les moyens, (…) n’ayez crainte », a-t-il ajouté. « Il est essentiel de rétablir la loi et l’ordre par tous ces moyens », a-t-il également résumé. Des canons à eau, ainsi que des arrestations administratives, pourront aussi faire partie de l’arsenal des policiers, épaulés dans les villes mixtes par 1 000 membres de la police des frontières, déployés jeudi. Des mesures strictes sont déjà en place à Lod, où les entrées sont limitées après 17 heures et la ville placée sous couvre-feu à partir de 20 heures.

Mercredi soir, le pays accusait le choc provoqué par la diffusion des images du lynchage d’un homme, considéré comme arabe par ses agresseurs, des militants d’extrême droite, près de Tel-Aviv. Aussi, jeudi soir, un homme a également ouvert le feu à l’arme semi-automatique sur un groupe de juifs, blessant une personne à Lod, selon la police.

« Ce qui se passe depuis ces derniers jours dans les villes d’Israël est insupportable… Rien ne justifie le lynchage d’Arabes par des juifs et rien ne justifie le lynchage de juifs par des Arabes », avait alors déclaré M. Nétanyahou, disant qu’Israël était confronté à un « combat sur deux fronts ».

Le récit : La colère embrase les villes palestiniennes d’Israël
Des panaches de fumée après une attaque aérienne sur la ville de Gaza, le 13 mai 2021.
Des panaches de fumée après une attaque aérienne sur la ville de Gaza, le 13 mai 2021. ADEL HANA / AP
La réunion de l’ONU se tiendra dimanche, Macron « préoccupé »
Face à l’intensification du conflit, une troisième réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, publique cette fois-ci et en présence d’Israël ainsi que des Palestiniens, devait se tenir vendredi. Un porte-parole de la présidence chinoise du Conseil a d’abord déclaré, jeudi soir, qu’elle n’aurait pas lieu, des diplomates affirmant que les Etats-Unis s’y étaient opposés. Un peu plus tard, des diplomates ont finalement annoncé que le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une réunion virtuelle publique dimanche à 16 heures (heure à Paris).

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Les Américains soutiennent la position de leur allié israélien qui refuse une implication de l’ONU et ont réaffirmé le droit d’Israël à se défendre contre les tirs de roquettes du Hamas. En revanche, ils ont également appelé à la désescalade, demandant à l’Etat hébreu de faire « tout son possible pour éviter des victimes civiles ».

De son côté, le président de la République française, Emmanuel Macron, s’est dit « préoccupé par l’escalade des violences au Proche-Orient » et « déterminé à œuvrer avec l’ensemble des parties pour y mettre un terme au plus vite ».

Dans un communiqué, l’Elysée précise que le président français s’était entretenu avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lui demandant notamment d’user « de tous les moyens de son influence pour que le calme soit rétabli au plus vite ». M. Macron doit aussi s’entretenir prochainement avec le premier ministre israélien.

Le Monde


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