Le karanklou est un petit vautour qui peuple...
Le karanklou est un petit vautour qui peuple les provinces haïtiennes. Ce rapace est connu pour sa réputation de charognard. Il guette les cadavres des autres animaux en décomposition pour s’en repaître.
En petits groupes, les karanklou volent d’un festin à un autre, ne laissant que des os blanchis.
La stratégie mise en place par les politiciens haïtiens de tous bords et par des acteurs de la société civile ressemble beaucoup à celle de ces rapaces. Ils dépècent les ministères, les institutions, les projets, les secteurs, les uns après les autres, puis passent à autre chose.
Des fonds PetroCaribe aux milliards annuels du budget national, rien ne leur échappe. Les transferts de la diaspora et la santé insolente de nos importations, tout est à la merci de leur appétit.
Pour défendre leur bout de gras, ces oiseaux méchants préfèrent voir mourir une institution plutôt que de lâcher prise.
La résistance au changement est leur credo. « Ȏte-toi de là pour que je m’y mette », leur devise. Ils s’assurent qu’après eux, il ne reste que le désastre.
Le capitalisme, le développement, les mécanismes complexes ne les intéressent pas. L’instant présent est la seule heure qui sonne à leur montre.
Avec cette mentalité qui ne s’embarrasse d’aucun scrupule et qui porte l’immunité en bandoulière, on ne peut pas construire un pays ni relever une société. La course au pire est engagée et nos karanklou veulent finir champions dans toutes les catégories.
Le nouveau rapport sur la gestion des fonds PetroCaribe publié par la Cour supérieure des comptes et du Contentieux administratif confirme (comme si c’était nécessaire) que l’État haïtien a été dépecé ces dernières années par les bergers chargés de garder le troupeau et de le faire prospérer.
Tous les moyens ont été utilisés par les karanklou pour parvenir à leurs fins. Petits et gros contrats, ils ont fait ripaille sans répit. Même les plus pauvres n’ont pas échappé à leur mainmise. Imaginez un oiseau vorace qui s’attaque à un ti manman cheri, qui détourne un ede pèp ou un kore etidyan.
Frantz Duval
Auteur
Charles
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