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Madagascar : démission du Premier ministre, premier pas vers une sortie de crise

lundi 4 juin 2018 par Charles

Le chef du gouvernement malgache Olivier Mahafaly Solonandrasana a quitté lundi ses fonctions sur ordre de la justice, premier pas vers la nomination d’un Premier ministre de "consensus" censé permettre au pays de sortir de la crise politique.

L’île de Madagascar est secouée depuis un mois et demi par une vague de manifestations quotidiennes de l’opposition qui exigent le départ du président Hery Rajaonarimampianina, accusé de vouloir faire taire ses rivaux à quelques mois des élections.
Pour tenter de sortir de l’impasse, la Haute Cour constitutionnelle (HCC), la plus haute instance juridique du pays, a ordonné il y a dix jours la nomination d’un nouveau Premier ministre et d’un gouvernement d’union nationale.
M. Mahafaly Solonandrasana s’est exécuté lundi en présentant sa démission et celle de son équipe au président.
"En tant qu’homme d’État, je ne vais pas me présenter comme un obstacle à la vie de la nation", a-t-il déclaré à la presse avant de rencontrer le chef de l’Etat. "Je n’ai rien à regretter aujourd’hui et je peux partir la tête haute (...) je vous dis +Ce n’est qu’un au revoir+", a-t-il ajouté, sibyllin.
"Je les remercie pour les travaux accomplis pendant deux ans", lui a répondu à la mi-journée M. Rajaonarimampianina, qui doit faire une nouvelle déclaration dans l’après-midi.
Selon le calendrier fixé par la HCC, un nouveau Premier ministre doit être nommé dans "les sept jours".
Neutralité
Dans leur arrêt, les juges lui ont imposé de composer une équipe qui reflète les résultats des élections législatives de 2013. Cette exigence nourrit une vive polémique entre les deux camps, qui revendiquent tous les deux la majorité dans une Assemblée nationale où de nombreux élus ont changé de camp.
Le parti présidentiel HVM a déclaré sa préférence pour la nomination d’un Premier ministre "neutre".
"Je réitère notre demande de Premier ministre neutre qui n’obéit ni à l’un, ni à l’autre", a déclaré lundi à l’AFP le président du HVM et du Sénat, Rivo Rakotovao.
"Maintenant, il faut nommer un nouveau Premier ministre parmi les 73 députés" de l’opposition, a répété en retour à l’AFP Jean-Brunelle Razafitsiandraofa, un député du Mapar, le parti de l’ex-président Andry Rajoelina.
"Je ne crois pas à l’existence d’un Premier ministre neutre. Il ne faut pas aller chercher midi à 14 heures", a-t-il estimé.
Selon l’opposition, le chef de l’Etat a déjà rejeté samedi les trois noms de députés du Mapar qu’elle lui avait soumis pour prendre la tête du nouveau gouvernement.
"Dès lors qu’un seul parti nomme trois 3 personnalités, je ne pense pas que là nous soyons dans le consensus", a justifié auprès de l’AFP Patrick Rajoelina, le conseiller spécial du ministre malgache des Affaires étrangères, de passage à Paris.
Pression militaire
L’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et les Nations unies sont rapidement intervenues au chevet de Madagascar pour essayer de résoudre cette énième crise de son histoire récente. Mais elles ont jusqu’à présent échoué, tout comme la médiation nationale.
La semaine dernière, le chef de l’Etat et les dirigeants de l’opposition ont ainsi boudé une réunion organisée par le Conseil national pour la réconciliation.
Le ministre de la Défense Béni Xavier Rasolofonirina a menacé jeudi de faire intervenir les forces de l’ordre si le gouvernement et l’opposition ne trouvaient pas rapidement une porte de sortie "dans les délais imposés par la Haute-cour constitutionnelle".
Depuis le début de la fronde, deux personnes ont été tuées, au tout premier jour des rassemblements sur la place du 13-Mai à Antananarivo, haut lieu historique de la contestation. Les manifestations sont depuis restées pacifiques.
La crise a éclaté à quelques mois des élections générales. Elles étaient prévues en novembre et décembre, mais la HCC a imposé qu’elles se déroulent dès la "saison sèche", c’est-à-dire entre mai et septembre prochains.
Le président Rajaonarimampianina, élu fin 2013, n’a pas annoncé s’il comptait se représenter pour un autre mandat.
En revanche, les deux principaux chefs de l’opposition - Marc Ravalomanana, président de 2002 à 2009, et Andry Rajoelina, au pouvoir de 2009 à 2014 - ont déjà laissé entendre qu’ils étaient prêts à se lancer dans la bataille. Les deux anciens adversaires font aujourd’hui cause commune contre le régime.


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