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Yo met chat veye chat k ap veye bè a

samedi 31 octobre 2015

Le créole est succulent. Comment traduire « on met des chats à surveiller les chats qui surveillent le lait » ? « Yo met chat veye chat k ap veye bè a » est, de loin, la façon la plus appropriée de le dire. C’est une internaute, sur Facebook, qui a trouvé cette formule après l’annonce de la création d’une commission composée de membres du Conseil électoral pour prendre en charge les plaintes qui s’élèvent pour dénoncer les élections du 25 octobre que personne ne veut perdre. Que les candidats dénoncent les fraudes sans preuves tangibles et avant la publication des résultats est cocasse. Que le Conseil électoral décide de prendre en compte ces plaintes avant la proclamation des résultats préliminaires est tout aussi… particulier. Marie Yolène Gilles s’interroge elle aussi : « Comment le CEP peut-il être juge et partie ? Quel article du décret électoral du 2 mars donne au CEP la provision légale de créer cette commission alors que, le jour du vote, il y avait un conseiller dans chaque département ? Quelles mesures le CEP a-t-il pris contre ces conseillers puisque, visiblement, ils n’ont pas fait leur boulot ? », se demande la dame du RNDDH. Oui, comment peut-on confier l’organisation des élections à un groupe d’hommes et de femmes et leur redonner les clés d’une commission pour évaluer ce qu’ils n’avaient pas vu ou su empêcher ? Ces mêmes personnes du CEP devront ensuite entendre les contestations, siéger au sein du BCEN et trancher. Cela fait beaucoup. Kòman yo ka mete chat veye chat k ap veye bè a ? est la grande question des prochaines heures. Le 25 octobre s’étant relativement bien déroulé en apparence, le CEP est attendu au tournant de la proclamation des résultats. Et avant d’y arriver, les neuf membres commettent des fautes. Unanimement, des observateurs réclament plus de transparence, le CEP s’y résout à reculons, persuadé sans doute que s’ouvrir c’est se livrer, se livrer c’est se montrer faible, être faible, c’est perdre le pouvoir. Au lieu d’écouter et de réparer d’éventuels torts, le Conseil, par la bouche de son président, a été jusqu’à dire qu’il est en mesure de détecter ceux qui ont voté deux fois, de détecter les fraudes et d’analyser les dénonciations. Le tout avant la publication des résultats le 3 novembre. C’est irréaliste. Dès qu’on accepte qu’il y a eu fraudes, fraudes massives ou soupçons de fraudes, il faut un arbitre. La fraude est un parfum avant d’être un fait. Une opinion plus qu’une réalité. Face à la fraude et surtout face aux accusations, le Conseil électoral n’est-il pas en train de mal s’y prendre pour nous rassurer et la combattre ?
- Frantz Duval duval@lenouvelliste.com


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