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Une Ecosse indépendante menacée par la taille de son secteur bancaire

mercredi 10 septembre 2014

On connaissait les banques « too big to fail » (« trop grosses pour tomber »). On découvre désormais des banques tellement « big » que leur propre pays ne pourrait voler à leur secours en cas de crise financière.

C’est le cas de l’Ecosse. Alors que le « oui » des indépendantistes est arrivé pour la première fois en tête d’un sondage, à moins de dix jours du référendum sur l’indépendance, des économistes de Natixis s’inquiètent déjà du dangereux décalage entre la taille de l’économie écossaise et la celle de ses banques :

« Le secteur bancaire de l’Ecosse indépendante serait trop important par rapport à la taille de son économie, la rendant plus vulnérable à des chocs financiers. »

PLUS DE DOUZE FOIS LE PIB ÉCOSSAIS

Les actifs détenus par les banques écossaises représentent douze fois la richesse créée dans la région en une année. A titre de comparaison, les actifs des banques françaises ne représentent « que » quatre fois le PIB national.

Cette montagne d’actifs est supérieure en proportion à celles de l’Islande (8,8 fois le PIB) et de Chypre (7 fois le PIB), deux pays gravement touchés par des crises bancaires.

Dans son étude, Natixis relève les difficultés d’un éventuel futur état écossais à renflouer ses banques, si une crise financière comparable à celle de 2008 venait à frapper le pays. Les économistes rappellent que « les actifs de la principale banque écossaise, Royal Bank of Scotland (RBS), représentent seuls presque huit fois le PIB écossais », et « qu’en 2008, le gouvernement du Royaume-Uni a dû financer la RBS à hauteur de 211 % du PIB de l’Ecosse indépendante ».

MENACE POUR LE PROCESSUS D’INDÉPENDANCE

Plus qu’une menace financière, la taille des banques écossaises représente surtout une menace politique, mettant en péril l’indépendance même de l’Ecosse. Il est en effet possible qu’un projet d’union monétaire autour de la livre sterling entre l’Ecosse indépendante et le reste du Royaume-Uni soit refusé par l’autorité monétaire britannique – la Banque d’Angleterre – si celle-ci devait renflouer les banques écossaises en cas de crise de liquidités.

L’échappatoire « le plus probable » en cas de victoire du « oui » au référendum, selon Natixis, serait de délocaliser les banques écossaises dans le reste du Royaume-Uni, afin que la Banque d’Angleterre puisse voler au secours de ces banques en cas de crise de liquidités, sans exposer l’argent des citoyens britanniques à des banques étrangères.

Lire l’analyse de notre correspondant (édition abonnés) : Londres multiplie les concessions pour empêcher le oui écossais de gagner

Matthieu Jublin
Journaliste au Monde


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