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Ukraine : les nouveaux maîtres de Novoazovsk placardent leur loi

vendredi 29 août 2014

"Les pilleurs, les voleurs et les auteurs de violence devront être jugés devant un tribunal militaire" : un rebelle séparatiste placarde vendredi la loi des nouveaux maîtres de Novoazovsk dans le sud-est de l’Ukraine, d’où les forces loyalistes ont été chassées.

"Frères et soeurs ! Si vous avez connaissance d’un quelconque acte de pillage, de vol ou de violence, appelez le 0102."

Sur le mur d’un supermarché où se pressent les civils après plusieurs jours de bombardements, le rebelle Alexandre, en uniforme et expliquant être un volontaire venu de Russie, appose deux affiches.

"L’armée de libération de Novorossia ("Nouvelle Russie", le nom de l’entité séparatiste de l’est de l’Ukraine, ndlr) vous souhaite la bienvenue. Nous sommes venus pour rester longtemps. Ne croyez pas les rumeurs selon lesquelles nous allons quitter la ville. Notre but est d’avancer. Notre but est de bâtir une vie dans la paix, dans l’honneur et dans la dignité", lit-on sur la deuxième.

La semaine dernière le nouveau "Premier ministre" de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR), Alexandre Zakharchenko, avait expliqué à l’AFP que son "premier décret avait été pris pour combattre le banditisme". Il s’était aussi dit favorable à punir les crimes les plus graves par la peine de mort, "la plus haute protection pour la société".

Novoazovsk, petite cité balnéaire ouvrière à une quinzaine de kilomètres de la frontière russe, était solidement contrôlée par les rebelles prorusses vendredi, deux jours après le repli précipité de l’armée ukrainienne.

- ’Ce sont les forces russes’-

Des rebelles en armes quadrillent la ville en pick-up kaki, drapeau au vent, fond rouge frappé d’une croix bleue, des couleurs omniprésentes. Y compris, fraîchement peintes, sur les chars en bon état positionnés aux entrées de la ville, canons pointés vers l’ennemi.

Les combattants sont d’évidence aguerris. Certains ont noué un tissus blanc sur leur bras mais aucun signe distinctif sur les uniformes qui pourrait permettre d’identifier un bataillon, un corps ou une origine géographique.

La cinquantaine élégante, Natalia lit les exhortations collées sur le mur du supermarché : "Tout ce que nous avions de bien est parti avec nos soldats ukrainiens", lance-t-elle.

Elle n’a aucun doute : ce sont, dit-elle, des Russes qui occupent sa ville, comme l’en accuse Kiev. "Aujourd’hui, ils ont contrôlé nos passeports et ils ne pouvaient pas comprendre ce qui est écrit. Si c’était la DNR (République populaire de Donetsk, autoproclamée par les séparatistes), ils auraient compris..."

Elle s’exprime en ukrainien car, dit-elle, les hommes en armes à proximité ne la comprennent pas : "Je ne sais pas ce qu’il va advenir de moi", avoue-t-elle, "ce sont les forces russes qui sont là".

Croix orthodoxe accrochée autour du cou, le commandant "Svat", 45 ans, dont la stature athlétique confirme son passé dans les forces spéciales ukrainiennes comme il l’affirme, explique qu’il vient de Lougansk, fief séparatiste. "Le soutien russe serait bienvenu, mais nous avons une puissance de feu suffisante", précise-t-il.

A ses côtés, "Giourza" ("Vipère"), ancien de la Légion étrangère française, qui fut en charge de la sécurité de l’ex-"Premier ministre" de la DNR Denis Pouchiline, explique en français que la ville a été prise "sans combats parce que l’armée ukrainienne a taillé la route".

La prochaine étape est-elle la prise de Marioupol ? Cette ville industrielle de 460.000 habitants se situe au bord de la mer d’Azov, à 50 kilomètres à l’ouest. Ce serait un coup terrible pour les forces loyalistes.

"Svat" refuse l’accès à la route qui mène à Marioupol, pour ne pas dévoiler où sont les positions rebelles, explique-t-il. L’axe est contrôlé "presque jusqu’au bout", assure-t-il.

Mais il refuse de dire si une offensive est prévue sur la cité, d’où des habitants partaient vendredi sans que cela ressemble à un exode massif. C’est du ressort de la DNR, dit-il. "Notre objectif, c’est Lviv", fief nationaliste ukrainien de l’Ouest, à l’autre bout du pays.


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