MosaikHub Magazine

Ukraine : le convoi russe force le passage à la frontière

samedi 23 août 2014

Bloqués depuis plus d’une semaine à la frontière ukrainienne, les camions du convoi humanitaire russe ont atteint la ville de Louhansk, sans que Kiev ni la Croix-Rouge n’aient donné leur accord. L’OTAN condamne fermement la Russie, le conseil de sécurité de l’ONU va se réunir.

« Le convoi s’est mis en route sur sa propre initiative, sans l’accord adéquat de la partie ukrainienne, et sans escorte de la Croix-Rouge », a confié une source gouvernementale. Bloqués dépuis jeudi dernier, les 260 camions russes censés transporter 1800 tonnes d’aide humanitaire devaient attendre la fin de leur inspection débutée jeudi par l’Ukraine et la Croix-Rouge pour reprendre leur route en direction de Louhansk. Le conseil de sécurité de l’ONU a décidé de se réunir vendredi après-midi (heure de New York) pour discuter de ce que l’Europe dénonce comme étant « une claire violation » de la frontière entre les deux pays. « Profondément inquiet », Ban Ki-Moon a rappelé que « toute action unilatérale dans la région a le potentiel d’exacerber une situation déjà dangereuse dans l’est de l’Ukraine ».

« Tout retard du convoi aurait été inacceptable », a affirmé Vladimir Poutine à la Chancellière allemande Angela Merkel. Une partie du convoi s’est donc remis en route vendredi matin, sans que ni Kiev ni le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui devait l’escorter, n’aient donné leur feu vert. D’après un journaliste de Reuters présent sur place, c’est vers 10 heures, heure française, que 90 des 260 camions du convoi sont effectivement entrés sur le territoire ukrainien, sans l’escorte initialement prévue du CICR.

À 18h, 20 camions ont atteint le centre-ville de Louhansk, un bastion des séparatistes située à environ 70 km du poste-frontière. D’après un responsable de la police russe, la totalité du convoi a désormais franchi la frontière. La diplomatie russe affirme qu’elle a agi « en accord avec les lois internationales sur les interventions humanitaires ». « Nous ne pouvons pas accepter la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les habitants du sud-est de l’Ukraine », s’est justifié un diplomate.

Des camions étrangement vides avant l’inspection

L’Union européenne dénonce elle une « claire violation » de la frontière ukrainienne. « Nous pressons la Russie de revenir sur sa décision », a déclaré un porte-parole du service diplomatique de l’UE, tout en « saluant pour leur retenue » les autorités ukrainiennes qui ont décidé de ne pas répliquer par la force. L’action de la Russie a également été dénoncée par l’OTAN, qui estime qu’elle ne servira « qu’à aggraver la crise dans la région, crise que la Russie a elle-même créé et qu’elle continue d’alimenter ». L’organisation militaire dit avoir constaté une augmentation alarmante du nombre de soldats et d’avions russes déployés à proximité de la frontière. « Nous avons aussi constaté la livraison aux groupes séparatistes de l’est de l’Ukraine d’une quantité importante d’armes sophistiquées, dont des chars, des transports de troupes blindés et de l’artillerie », a indiqué le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen.

Le Pentagone et la Maison Blanche ont intimé à la Russie de « retirer immédiatement ses véhicules et son personnel du territoire ukrainien. Ne pas le faire conduira à de nouvelles sanctions et à un isolement » diplomatique.

Le chef du service ukrainien de la sécurité d’état, Valentin Nalivaïtchenko, dénonce une « invasion directe » de l’Ukraine par la Russie. « Ils sont entrés sans permis ni participation de la Croix-Rouge internationale ou des gardes-frontières ukrainiens » a précisé le porte-parole de l’armée Andriyi Lisenko. De l’autre côté de la frontière, à Moscou, le ministère des Affaires étrangères a quant à lui mis en garde contre toute initiative visant à perturber la progression de ces camions vers la ville de Louhansk.
Une partie des journalistes présents sur place, et ayant été autorisés la semaine dernière à regarder le contenu d’une partie des camions du convoi avaient émis quelques doutes quant à leur contenu. Certains étant effectivement presque vides, comme l’ont rapporté ces derniers sur Twitter, images à l’appui. Interrogés sur le sujet, les responsables russes du convoi avaient alors expliqué qu’un nombre supérieur de camions à celui nécessaire avait été prévu, pour pallier un éventuel problème technique sur l’un d’entre eux.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie