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deMatt leather, une passion du cuir

jeudi 25 octobre 2018 par Charles

Weekender bag, dexter bag, porte-chéquier… À l’issue de notre visite à l’atelier deMatt leather, notre vocabulaire se rapportant à l’univers des sacs s’est trouvé considérablement enrichi. L’odeur du cuir émanant des articles posés sur les étagères nous a téléporté à une époque que les moins de vingt ans n’ont pas connue. Celle où les parents haïtiens n’étant pas encore acclimatés au « pèpè », à la contrefaçon « made in China » ou Panama nous confiaient ces sacs en cuir « mouri kite ». De cette époque, Laurent de Matteis, le maître des lieux, en est nostalgique. C’est d’ailleurs cette nostalgie qui va le pousser à monter deMatt leather, il y a à peine un an. « Depuis mon enfance j’ai une passion pour le cuir. Par pur plaisir, j’ai pu créer ces années-là de vulgaires pochettes », raconte-t-il.
En grandissant, Laurent est passé à autre chose pour s’occuper de sa famille. Il est d’ailleurs le DG de Dauphin Banners and Sign. Cette carrière dans l’impression, aussi palpitante soit-elle, n’a pas réussi à éclipser son attrait pour la maroquinerie. « J’ai traversé les années, dit-il, en me demandant pourquoi il n’y a pas une entreprise dédiée aux accessoires pour hommes confectionnés à partir du cuir. » C’est ainsi qu’en 2013, monsieur reprend du poil de la bête. Il fabrique de plus en plus d’articles pour gâter des proches en les leur offrant en cadeau. Il faudra attendre 2018 pour qu’il décide enfin de faire de son hobby un deuxième métier. Pour s’assurer de réussir dans son domaine de prédilection, il se met à l’école de cordonniers de talent ou ayant pignon sur rue dans le pays.
Il entre en contact avec « Glad bags », la compagnie qui justement produisait ces fameux sacs à dos sur lesquels les parents demandaient qu’on inscrive le nom ou les initiales de leurs enfants. Une autre stratégie qu’il a jugée salutaire pour réussir son entrée dans ce champ. « J’ai appris à notre rencontre qu’ils ont fermé boutique il y a fort longtemps. Ils m’ont d’ailleurs donné des machines à coudre qui se révèlent de plus en plus rarissimes sur le marché », confie l’amoureux du cuir. Une difficulté qui aurait pu avoir raison de son entreprise fut celle de trouver du cuir de qualité en Haïti. Tout en se rappelant combien cette quête a été longue, Laurent se réjouit d’avoir trouvé enfin Hawtan qui a planté son étendard dans la commune de Carrefour depuis huit décennies au moins et qui se spécialise plus dans l’exportation du cuir que dans sa mise en vente en détail sur le marché local.
N’ayant pas de magasin physique, il fait la promotion de ses articles qui vont de porte-monnaie à sacs de voyage en passant par les sacs à dos sur Instagram, Facebook via le nom de compte « dematt.leather ». La clientèle, en un rien de temps, grossit. En plus des proches et amis, de nombreux inconnus, dont bien des gens qui vivent sous d’autres cieux, se laissent happer par sa gamme assez riche. Laurent va très vite se retrouver en quelque sorte victime de son succès pour les commandes placées de l’extérieur. « J’ai alors découvert combien c’est cher d’exporter un produit en provenance d’Haïti. Si un article devait coûter 100 dollars à un client local, il faut compter le double pour le faire parvenir à quelqu’un qui habite Miami », déplore celui qui conçoit lui-même ses modèles.
Laurent assure que tous ces articles sont waterproof, qu’ils soient faits exclusivement de cuir ou incorporent d’autres matières comme le tissu, par exemple. La plupart sont garantis à vie, mais certains n’iront pas forcément au-delà de 2 ans en moyenne.
deMatt comprend en plus du numéro un, 4 employés stables auxquels se joignent parfois des externes pour des besoins de outsourcing notamment quand les commandes sont énormes. Les employés sont des jeunes que Laurent a recrutés après qu’il a eu vent de la qualité de leur travail. Sintal James, 23 ans, avant de croiser la route de Laurent, confectionnait des sacs à dos dans son quartier de Juvénat qu’ils vendaient en prélude des rentrées scolaires. « J’ai rencontré Laurent par l’entremise d’un des ses amis qui avait acheté un de mes sacs et qui lui a vanté la qualité de mon travail », confie l’artisan qui confectionnait un mini-sac à dos durant notre visite.
Mark-Love Valris, 24 ans, était couturier. C’est un employé de Dauphin Banners and Signs, l’autre entreprise de Laurent qui va l’introduire à deMatt leather. Il se targue d’avoir réussi à assurer la transition des habits aux sacs. L’homme, qui supervise le travail de ses collègues, avoue mater le cuir allègrement de nos jours. « Au début ce n’était pas évident », dit-il. Les deux compères expliquent que la couture est l’étape cruciale dans la confection de tous les articles de leur compagnie. Selon eux, une erreur à ce niveau peut se révéler irréparable. « Une mauvaise couture sur du cuir ne peut pas se défaire comme c’est le cas pour la toile », informent-ils.
Du 10 au 11 novembre 2018, au Parc historique de la canne à sucre, Laurent et son équipe attendent le public en foule pour découvrir leur gamme de produits de maroquinerie. Les visiteurs choisiront parmi une quinzaine d’articles différents qu’ils pourront s’offrir ou donner en cadeau. Le cuir, c’est chic, non ?

Chancy Victorin


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