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Guy Philippe, Jean-Bertrand Aristide, groupe des 184, l’homme d’affaires André Apaid s’explique

dimanche 17 décembre 2017

Plus d’une décennie après avoir fait capoter l’un des régimes les plus puissants de l’Haïti post-86, l’initiateur du groupe des 184 a distillé quelques témoignages au cours de sa participation à la matinale de Radio Magik 9 et à l’émission « Haiti Sa k ap kwit » sur télé 20 ce jeudi.

L’intéressé est revenu sur ses rapports avec Guy Philippe, l’un des anciens fers de lance de la fronde anti-Aristide, condamné à neuf ans de prison par un tribunal fédéral de Miami pour avoir accepté entre 1,5 et 3,5 millions de dollars américains de trafiquants de drogue colombiens entre 1999 et 2003. Il affirme qu’il n’a jamais versé un sou à Guy Philippe qui dirigeait un mouvement armé. Selon lui, il prenait part à un mouvement de la société civile dont les participants n’étaient pas armés. « A cette époque, on réclamait le changement et la fin de l’obscurantisme. Guy Philippe avait ses options. Nous, on avait les nôtres. Il a mené sa bataille, nous avons mené la nôtre. »

L’homme d’affaires indique plus loin avoir rencontré l’ex-commissaire municipal une seule fois en République dominicaine. « Lui et sa bande m’ont approché. Je leur ai dit que je ne suis pas dans cette approche (celle de la violence). Il y a eu certes des demandes. Mais moi et ma famille nous n’avions pas financé leur mouvement », a dit Apaid, qui estime dans la foulée que Guy Philippe a joué son role avec détermination.

André Apaid éprouve du respect pour ce que Guy Philippe a fait

En 2004, Guy Philippe a été le chef de file d’un groupe de paramilitaires qui s’opposèrent aux agents de la Police nationale d’Haïti. À l’époque le mode opératoire de cette rébellion- caractérisé par des attaques contre les policiers, l’incendie des commissariats, le contrôle manu militari des villes - était loin d’être catholique. Toutefois, André Apaid dit éprouver du respect pour ce que Guy Philippe a fait. « Je ne peux pas dire qu’il n’a pas rendu service au pays. J’ai beaucoup de respect pour ce qu’il a fait. Et personne ne peut m’enlever cela dans la tête », a-t-il fait savoir, soulignant qu’il a passé 12 années sans parler à Guy Philippe. « Il y a de cela 6 mois, il m’a recontacté, par personne interposée, lors de la dernière campagne électorale. La conversation s’est déroulée entre deux citoyens haïtiens. Je lui ai suggéré de laisser tomber l’uniforme s’il veut se lancer dans la politique. »

L’ancien leader du groupe 184 se dit, par ailleurs, fier d’avoir pris cet engagement à l’époque, égrenant les dérives – telles que la répression de la société civile, désinstitutionalisation, le renforcement des gangs de quartiers au détriment de la PNH et l’insécurité qui terrassait les citoyens – dont le régime d’Aristide s’est rendu coupable. Il dit n’éprouver aucun regret d’avoir participé à ce mouvement. « Ma famille et moi, nous étions dans un tunnel. On a vécu des choses inacceptables », argue-t-il.

Jean-Bertrand Aristide a demandé à quelqu’un de le mettre en contact avec André Apaid

André Apaid, chef du groupe 184, indique avoir rencontré le président à l’époque, Jean-Bertrand Aristide. Il déplore toutefois une inadéquation entre les engagements pris dans ces réunions et le comportement adopté par la suite. « Il y a eu de multiples négociations entre Aristide et moi, face à face. La sortie de ces négociations a débouché sur des comportements autres que ce que nous nous étions dits. Dans les rencontres, c’était de la plus grande courtoisie. (Si vous connaissez Jean-Bertrand Aristide, vous savez que c’est un homme de grande courtoisie). Quand on sort des réunions, on a l’impression d’avoir été très bien écouté. Cependant, ce qui se passait après était des réponses très claires », raconte-t-il.

Sur ses rapports avec Jean-Bertrand Aristide aujourd’hui, André Apaid révèle que le leader de Fanmi Lavalas est passé par personne interposée pour pouvoir lui parler au téléphone. « J’ai dit qu’il n’avait pas besoin de le faire ainsi, il n’avait qu’à m’appeler. Il m’a appelé, on s’est parlé. On a eu la réponse sur Télé Timoun (station de télévision de la Fondation Aristide) », a-t-il dit, sans expliciter la référence à Télé Timoun. « Le président Aristide est un Haïtien. S’il est une chose qui soit sortie de ma conversation avec lui ce jour-là, c’était de lui dire que plus que tout autre citoyen c’est lui qui peut le plus jeter un voile de construction et de paix sur le pays par les paroles qu’il dit. Je le lui ai dit et je lui ai demandé des réponses concrètes. J’ai trouvé ma réponse après », explique-t-il.

Jean Daniel Sénat
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