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Lexique des bredjenn

« Bannann »

mardi 22 novembre 2016

En Haïti, la banane ne tarit pas de variétés et elle est cultivée dans plusieurs régions du pays.
Dans la science consacrée à l’étude des végétaux, « bannann » est ce fruit allongé et incurvé qu’on retrouve en grappes (régimes) sur le bananier. Elle renferme, sous sa peau épaisse, une pulpe amylacée nutritive et savoureuse de consistance fondante.

Au niveau des deux langues d’Haïti, la banane ne se détache guère de son signifié dénotatif.
Par exemple : « Machann ban m de ze peyi ak yon bèl grenn fig (mi) » ; « Nou preske rive baz. Ou ka fè yon ti tann paske gen yon bon ti bannann ak griyo bò lakay la ».

Toutefois, l’unité lexicale « bannann » comporte un ensemble de significations secondes (provoquées par l’utilisation d’un matériau linguistique particulier) qui viennent s’ajouter à son sens conceptuel, fondamental et stable. Et ce, que ce soit dans le créole haïtien ou le français.

« Bannann » est ce sévère coup de poing à grande course puissant et lourd administré (ou reçu) à la tempe.
Par exemple : « Berto te dwe fout Mayweather yon sèl bannann epi l fini avè l monchè » ; « mwen te kouri mal sou misye l pouse m yon mechan bannann, se lopital m al rekonèt mwen ».

On dit « être une banane » pour étiqueter tout individu à qui le bon sens et l’intelligence font gravement défaut. Ainsi, l’expression a pour synonyme : abruti.
Par exemple : « Ton supérieur est une banane, il te suffit de ne pas faire attention à ses interventions ».

Précédé d’un pronom personnel, « bannann » devient un verbe qui traduit un manque de réussite, plus précisément le résultat négatif d’une tentative. D’où ses synonymes « échouer », « chire », « mele », etc.
Par exemple : « Depi w pral nan egzamen w pa prepare w deja bannann » ; « moun Grandans yo bannann ak siklòn sa ki ratibwaze depatman an ».

L’expression « se faire bananer » est l’équivalent de « se faire avoir », « se faire rouler dans la farine, « bon sou ou », « se faire piéger », etc.
Par exemple : « Il voulait avoir son passeport dans le plus bref délai mais il s’est fait bananer par un prétendu agent de l’immigration » ; « Avanyè swa nèg yo bon sou mwen pandan m ap tann machin ».

Succédé du déterminant « nan », on obtient « bannann nan » qui désigne non seulement le fruit mais surtout un des candidats à la présidence des joutes électorales 2015-2016. Pour le peuple haïtien, « bannann nan » et « nèg bannann nan » reviennent au même. Dans ce cas, « bannann nan » ou « nèg bannann nan » peut se comporter comme une anaphore grammaticale. On évoque également « bannann nan » pour éviter de mentionner le nom du collectif politique de ce candidat.
Par exemple : « Pou eleksyon prezidansyèl la se ak nèg bannann nan wi m tande manzè ap mache » ; « moun k ap mache dèyè bannann nan ap di depi w pa ak bannann nan w tou bannann ».

Banane fait office de plusieurs expressions telles :
Tomber en banane : être dans une situation critique.
Avoir la banane : être heureux, être en forme, de bon humeur.
Mettre une peau de banane à quelqu’un : manœuvre déloyale consistant à provoquer la chute de quelqu’un (au sens imagé), etc…

Le langage vulgaire fait de la banane l’incarnation du sexe de l’homme et elle reste au cœur de plusieurs expressions. « Se faire éplucher la banane » et « flamber sa banane » sont des euphémismes de « avoir des relations sexuelles ». Mais il ne faut surtout pas confondre l’expression « flamber sa banane » avec « banane flambée » qui est un dessert sucré à base de banane.
Par exemple : « La semaine dernière, je me suis fait flamber la banane tous les matins » ; « une glace pour la petite mais pour moi ce sera une banane flambée ».

Donk, konn kòman w ap sèvi ak bannann nan pou w pa bannann !

Wendy Simon


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