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Quand un héros vacille

mercredi 21 septembre 2016

Ce n’est pas une surprise, mais, dans cette affaire, dans les multiples affaires de corruption qui secouent le Brésil, on s’attend toujours à des revirements, même si c’est toujours vers plus d’accusations que l’on s’achemine. Cette nouvelle tombe moins de trois semaines après la destitution controversée de Dilma Rousseff.
Les procureurs chargés de l’enquête avaient accusé le 14 septembre Lula d’avoir été le "bénéficiaire direct" de largesses du groupe de BTP OAS à hauteur de 3,7 millions de réais (1,1 million de dollars au cours actuel), rapporte l’Agence France Presse.
L’accusation soutient qu’OAS a reversé à Lula "une partie des sommes illicitement perçues lors de la passation de marchés truqués par Petrobras", le géant pétrolier public brésilien, et que l’ex-président avait connaissance de leur origine frauduleuse.
La femme de l’ex-président, Maria Leticia, et six autres personnes, dont Leo Pinheiro, ex-patron d’OAS, et le président de l’Institut Lula, Paulo Okamoto, font également l’objet d’une inculpation.
Mardi, dans sa première réaction, Lula a qualifié de "farce" et de "spectacle pyrotechnique" les accusations à son encontre, lors d’une vidéoconférence depuis le Brésil avec New York organisée par ses avocats.
Lula a toujours rejeté les charges contre lui et dénonce le caractère politique de cette affaire visant à l’éliminer de la course à la présidentielle de 2018. Il se dit victime d’un complot "des élites", dans la continuité du "coup d’Etat" parlementaire contre la présidente Dilma Rousseff, destituée par le Sénat le 1er septembre pour maquillage de comptes publics.
Le montant modeste des avantages dont aurait indument bénéficié l’ex-président "au regard de la magnitude du système délictueux qui a lésé Petrobras ne justifie pas en soi le rejet de l’accusation", argumente le juge Moro.
Lula est visé par trois enquêtes dans le cadre du scandale Petrobras, une affaire qui a coûté plus de deux milliards de dollars à la compagnie-phare du Brésil et bénéficié à des dizaines de responsables politiques de divers partis, à des entrepreneurs du BTP et à des directeurs de Petrobras.
Personne n’est au-dessus de la loi, Lula en fait la dure expérience après d’autres chefs d’Etat de l’Amérique latine. Cela devrait donner du courage à la justice de tous les pays et porter les responsables publics à une conduite plus droite et sans reproche.
Héros de la gauche sud-américaine, exemple parfait de toutes les étapes franchies par un politicien avec succès, Lula va se défendre devant la justice de son pays.

Chez nous, il est connu que la corruption gangrène l’administration publique et le monde des affaires. Aucun des présidents qui se sont succédé au pouvoir au cours des trente dernières années n’a réussi à la combattre. L’enquête de la Commission Ethique et Anticorruption du Sénat, quoique imparfaite, montre la dimension du problème. Pourtant, personne ne s’inquiète ici.

AUTEUR

Frantz Duval

duval@lenouvelliste.com


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