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La Production de la cerise d’Haïti, une Source Potentielle de Revenus pour les Agriculteurs haïtiens

mardi 24 novembre 2015

Acérola (Malpighia emarginata DC.) est connu en Haïti sous le nom de cerise, mais porte des noms différents tels que cerise de Barbade, cerise d’Haïti, cerise des Antilles, cerise de Saint Domingue, ou acérola dans les pays francophones et certains hispanophones. Cette plante de la famille des Malpighiacées est originaire de l’Amérique Centrale. Elle a été propagée dans les Antilles parce qu’elle s’adapte bien aux conditions climatiques de cette région. Cet arbuste, qui dépasse rarement cinq mètres de haut, produit de petits fruits de 1 à 4 cm de diamètre pesant 10 g en moyenne. Le fruit est surtout connu pour sa richesse presqu’inégalable en vitamine C. Cent grammes, soit environ 10 fruits, peuvent contenir jusqu’à 4,000 mg de vitamine C (1 g = 1,000 mg) [Food Reviews International. 2013, 29(2), 107-126]. Les fruits sont verts au premier stade de développement, puis changent au jaune-orange au stade de maturité intermédiaire pour enfin prendre de vifs tons de rouge à maturité complète. La teneur en vitamine C diminue au fur et à mesure que les fruits avancent en maturité. Les fruits verts contiennent deux fois plus de vitamine C que les fruits mûrs [Food Chem. 2000, 71, 195-198]. Le Brésil est le plus grand producteur, le plus grand consommateur et le plus grand exportateur de ce fruit. En 1996, il produisait près de 33,000 tonnes de fruits [Food Reviews International. 2013, 29(2), 107-126]. Il l’exportait sous différentes formes dont les plus communes sont les fruits congelés, les jus concentrés congelés, et les liqueurs. Le Japon est le plus grand importateur, suivi des Etats-Unis, de l’Allemagne, de la France et de la Hongrie. En Europe, le fruit est surtout consommé sous forme de jus alors qu’aux USA, il est majoritairement utilisé dans l’industrie pharmaceutique pour la production de vitamine C [Food Reviews International. 2013, 29(2), 107-126]. En Haïti, il est très apprécié à cause de sa saveur particulière et son unique odeur et est surtout consommé sous forme de jus, les fruits étant jugés trop acides pour être consommés frais. Dépendamment de la période de l’année, dans les bars et restaurants de Port-au-Prince, un verre de jus de cerise peut coûter jusqu’à 100 gourdes (US$ 1.84, 1US$=54.35G). Etat actuel de la production Les données statistiques sur la production de la cerise en Haïti sont assez rares. On peut parcourir tout le pays sans trouver de vergers commerciaux. Selon une étude publiée dans la revue RED (Recherche, Etude et Développement) de la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire de l’Université d’Etat d’Haïti, les communes de Léogane et de Grand Goâve, représentent les zones de production de références [RED 2008, FAMV-Haïti]. Le coût relativement élevé des fruits et du jus sur le marché local est dû à la faiblesse de la production qui ne répond pas à la demande locale. Pourtant, la culture de la cerise est très peu exigeante car les arbustes s’adaptent bien aux régions sèches. Elle pourrait donc devenir une activité agricole complémentaire pour les agriculteurs haïtiens. Les Opportunités La culture de la cerise d’Haïti s’insère bien dans le contexte agricole haïtien où les superficies sont faibles et offre d’excellentes opportunités d’investissement : 1. Fabrication de vitamine C. Les fruits peuvent être récoltés verts pour la production de vitamine C naturelle. Un essai conduit à Porto Rico a montré qu’un verger de 200 arbustes peut produire 1633-2041 kilogrammes de jus [1kg=1000g], à partir desquels on peut extraire environ 54 kilogrammes de vitamine C [http://www.hort.purdue.edu/newcrop/morton/barbados_cherry.html]. 2. Fabrication de produits cosmétiques. Une grande gamme de produits cosmétiques à base de cette cerise est disponible sur le marché international particulièrement au Japon et aux Etats-Unis d’Amérique. C’est une industrie jusque-là inexploitée que les investisseurs haïtiens peuvent explorer. Ainsi, le renforcement et l’organisation de cette production pourrait donner lieu à la création de nouvelles entreprises locales. 3. Technologie alimentaire. La cerise d’Haïti offre d’excellentes opportunités dans la technologie alimentaire et tout particulièrement la fabrication des jus (jus frais, concentrés, purée, marmelade, etc.). En plus, le jus peut être mélangé à d’autres jus de fruits pour développer de nombreux nectars et créer tout une gamme de nouveaux produits à haute valeur ajoutée. La purée peut être utilisée en pâtisserie et dans la fabrication de crèmes à la glace et du yaourt. Conclusion La culture d’Haïti peut être une activité génératrice de revenus dans cette filière agricole et pour tous ceux qui veulent investir dans sa transformation. Le développement et le renforcement du système de production contribuera non seulement à l’augmentation de la productivité des parcelles des producteurs mais aura aussi un effet bénéfique sur l’environnement par la contribution de cette culture dans la reforestation du pays. L’industrialisation de la production contribuerait à stimuler la production locale, catalyser le renforcement de filières existantes et développer de nouveaux créneaux. Le consommateur à son tour en plus des fruits et du jus frais, aura droit à une gamme plus variée de produits à des prix plus raisonnables, et pourra aussi bénéficier de la valeur nutritionnelle exceptionnelle de ce fruit. La valeur nutritive de la cerise d’Haïti fera l’objet d’un prochain article. A suivre !
Lemâne Delva, Ph.D. Professeur à l’Université d’Etat d’Haïti. Email : lemane.delva@gmail.com


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