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« Quatre étoiles » : Isabelle Carré et José Garcia dans un jeu de dupes à la Lubitsch

vendredi 7 août 2020 par Charles

Christian Vincent a associé une épicurienne et un usurpateur d’identités dans une intrigue à double détente, sur fond d’escroquerie.

Par Jean-Luc Douin Publié hier à 20h00

Temps deLecture 2 min.

Isabelle Carré et José Garcia dans « Quatre étoiles », de Christian Vincent.
Isabelle Carré et José Garcia dans « Quatre étoiles », de Christian Vincent. THIBAULT GRABHERR
NRJ 12 - JEUDI 6 AOÛT À 21 H 10 - FILM

Sur son lit de mort, une vieille femme fait son testament. Brève mais tonique introduction, teintée d’un mauvais esprit à la Etienne Chatiliez, où l’agonisante commente la philosophie de l’héritage avec un cynisme qui donne le ton de cette comédie mal-pensante. Quatre étoiles est un divertissement irrespectueux sur le profit à tirer des gens fortunés quand on est fauché.

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Franssou (Isabelle Carré), nièce de la défunte et orpheline, est légataire universelle. Elle empoche l’argent en liquide et décide de prendre une année sabbatique pour claquer ses 50 000 euros sur la Côte d’Azur. C’est au Carlton de Cannes qu’elle rencontre Stéphane (José Garcia), beau parleur, tour à tour prétendu bras droit d’Elton John et agent immobilier, en fait mythomane, escroc piteux, joueur de poker à dettes.

Christian Vincent orchestre un jeu de dupes qui fait référence aux deux princes de l’arnaque sentimentalo-financière Ernst ­Lubitsch et Billy Wilder. Si, dans un premier temps, Stéphane tente de s’octroyer le magot de Franssou, l’intrigue va se révéler à double fond, et l’oie blanche se dévoiler en petite canaille.

Un complice idéal
Quatre étoiles est l’histoire d’un usurpateur d’identités terrorisé à l’idée d’être démasqué, mais aussi celle d’une épicurienne éblouie par la haute société et impatiente de mettre le grappin sur l’homme qui, côté cœur comme côté portefeuille, s’avérerait un complice idéal.

Comme dans The Shop Around the Corner, de Lubitsch, la jolie blonde a besoin d’un tiers pour forcer Stéphane à assumer son désir : ce sera René (François Cluzet), le pigeon auquel le couple sans scrupule cherche à vendre une villa qui ne lui appartient pas, et qui en pince pour elle. Franssou inverse les rôles. Dans sa chambre, elle a subi l’intrusion de l’escroc venu prouver que les murs ne garantissent aucune intimité. Lorsqu’elle consent un prêt, c’est un contrat qu’elle exige : s’imposer chez lui, le suivre comme son ombre – un pacte mi-main au collet, mi-bague au doigt.

A chaque comédie coquine, ses sous-entendus. Dans La Huitième Femme de Barbe Bleue, de Lubitsch, l’achat d’un pyjama était le détonateur de l’idylle, Gary Cooper achetant le haut et Claudette Colbert le bas. Plus terre à terre, Isabelle Carré déclare ici à José Garcia que c’est sur son corps qu’elle a caché sa fortune, et qu’il n’a qu’à chercher. Autre message du film, hitchcockien celui-là : les hommes sont timides, et les blondes prêtes à mêler le crime et l’étreinte.


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