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Retour sur terre des deux astronautes américains, à bord de la capsule SpaceX

lundi 3 août 2020 par Charles

L’amerrissage de « Crew Dragon », de retour de la Station spatiale internationale, a eu lieu sans encombres dimanche à 20 h 48 dans le golfe du Mexique.

Le Monde avec AFP Publié hier à 19h38, mis à jour à 00h25

Temps deLecture 4 min.

Un peu plus de deux mois après avoir atteint la Station spatiale internationale (ISS) à bord de Crew Dragon, la capsule de SpaceX, les deux astronautes américains Bob Behnken et Doug Hurley sont revenus sur terre dans cette même capsule dimanche 2 août au soir. Une fin de mission réussie qui ouvre la voie à des vols habités réguliers avec ce nouveau véhicule spatial pour la NASA.
En moins d’une heure, les deux astronautes sont passés d’une vitesse de 28 000 km/h en orbite à une vitesse de 24 km/h au moment de l’amerrissage, quatre grands parachutes s’étant ouverts comme prévu après la brûlante rentrée atmosphérique. Ils ont amerri à 14 h 48, heure locale (20 h 48 en France) au large de Pensacola en Floride, dans le golfe du Mexique, site choisi pour éviter la tempête tropicale Isaias dans le secteur.

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« Bienvenue sur terre, et merci d’avoir volé sur SpaceX », a annoncé le directeur de vol aux astronautes, qui ont répondu immédiatement. « C’était un honneur et un privilège », a dit Doug Hurley. L’opération était délicate, même si l’an dernier la capsule Crew Dragon avait accompli cette mission à vide et sans incident.

Une vidange de vapeurs toxiques émanant d’un réservoir de carburant de la capsule a retardé l’ouverture de l’écoutille, pour éviter un empoisonnement des hommes à leur sortie. Une heure et quart après leur amerrissage, les deux astronautes ont finalement pu sortir, sur des civières vraisemblablement en raison de la nécessaire réadaptation à la gravité terrestre. Ils regagneront Houston par les airs dans la journée.

Fin du monopole russe
Bob Behnken et Doug Hurley sont partis de Cap Canaveral le 30 mai et sont devenus les premiers astronautes à être acheminés vers l’ISS, à 400 km de la Terre, par une société privée, sous contrat avec la NASA. Les deux hommes avaient fait leurs adieux samedi aux trois autres membres d’équipage russes et américain, et quitté la station sans accroc autour de 1 h 34. Ils ont passé la nuit à bord, sans incident, puis ont enfilé leurs combinaisons spatiales pour la rentrée atmosphérique et la fin du voyage, phase la plus périlleuse de la mission.

Ce n’est qu’après leur sortie confirmée de la capsule que le fondateur de SpaceX, Elon Musk, s’est levé de sa console, dans la salle de contrôle près de Los Angeles, applaudissant un succès historique pour la société qu’il a fondée en 2002.

« Il n’y a aucun doute que ce fut un énorme soulagement », a dit Gwynne Shotwell, présidente de SpaceX, tandis qu’Elon Musk était en route pour Houston pour rencontrer les astronautes.

« C’est super de voir nos astronautes de la NASA rentrés sur terre après deux mois d’une mission très réussie. Merci à tous ! », a réagi sur Twitter le président américain, Donald Trump, après l’amerrissage de la navette spatiale.

Son rival pour l’élection présidentielle de novembre, Joe Biden, a rappelé que ce programme de privatisation avait été lancé par son prédécesseur – dont il était le vice-président –, se disant « fier du rôle que le président Obama et moi avons joué ».

« Nous avons écrit aujourd’hui une page d’histoire », s’est félicité le patron de la Nasa, Jim Bridenstine. Il a dit vouloir répéter ce type de partenariat public-privé pour le retour sur la Lune, avec le programme Artemis, et un jour pour aller sur Mars.

Cet aller-retour réussi met fin au monopole russe pour l’accès à l’ISS depuis que les Américains ont mis au garage leurs navettes spatiales, en juillet 2011. La NASA utilisera la capsule Dragon de l’ordre de deux fois par an pour envoyer quatre astronautes à la fois.

Bob Behnken et Doug Hurley à bord de la capsule « Crew Dragon », le 1er août.
Bob Behnken et Doug Hurley à bord de la capsule « Crew Dragon », le 1er août. HANDOUT / AFP
La mission peut sembler un pas modeste dans l’exploration spatiale : Bob Behnken et Doug Hurley ne sont allés ni sur la Lune ni vers Mars, seulement dans la vieille station spatiale, à 400 km de la Terre, où Russes et Américains et d’autres vont et viennent depuis 1998. La NASA, pourtant, y voit une « révolution », car SpaceX va redonner aux Etats-Unis un accès à l’espace, moins cher que ses programmes précédents.

Lire l’analyse : En dix-huit ans, Elon Musk a fait de SpaceX un acteur spatial majeur
« Nous entrons dans une nouvelle ère des vols habités, où la Nasa n’est plus acheteuse, propriétaire et opératrice des équipements, mais une cliente parmi de nombreux clients dans un secteur spatial commercial très actif », a indiqué Jim Bridenstine.

Pour trois milliards accordés depuis 2011 dans le cadre d’un contrat à prix fixe, SpaceX a entièrement développé un nouveau taxi spatial et promis six allers-retours vers l’ISS. Auparavant, l’agence spatiale commandait un véhicule spécifique aux géants de l’industrie, et assumait tous les dépassements budgétaires. Ce faisant, l’ex-start-up a battu Boeing, dont la capsule Starliner, développée dans le même but, a raté un vol d’essai à vide l’an dernier et ne sera pas prête avant 2021 au plus tôt.

Après ce voyage, la capsule Crew Dragon doit être transportée sur un site de SpaceX en Floride pour une inspection de six semaines destinée à vérifier qu’elle pourra de nouveau servir de taxi de l’espace. L’astronaute français Thomas Pesquet a fait savoir cette semaine qu’il voyagerait à son tour à bord du Crew Dragon pour sa seconde mission sur l’ISS, au printemps 2021.

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