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Vente de Mistral à la Russie : « Cette hypocrisie a suffisamment duré »

mercredi 3 septembre 2014

C’est une prise de position qui devrait faire des remous. L’Allemand Manfred Weber, président du groupe du Parti populaire européen (PPE, droite), le groupe politique le plus important au Parlement de Strasbourg, a déclaré dans un communiqué, mardi 2 septembre, que « la France doit interrompre immédiatement la livraison des deux porte-hélicoptères français Mistral à la Russie ».

« Dans le contexte de tension sans précédent avec la Russie, alors que l’Union européenne tente de faire front et de parler d’une seule voix , il est totalement impensable que la France poursuive la livraison de ses porte-hélicoptères Mistral à la Russie et forme des soldats russes au maniement de ceux-ci. Cette hypocrisie a suffisamment duré. Il est temps pour la France de faire preuve d’un peu de cohérence dans son approche vis-à-vis de la Russie. J’appelle le président François Hollande à interrompre immédiatement la livraison des deux porte-hélicoptères.

« Face au regain de violences dans l’est de l’Ukraine, les sanctions vis-à-vis de la Russie sont la seule réponse appropriée. Celles que les Etats membres ont prises en juillet prévoient l’interdiction de la signature de tout nouveau contrat d’armement avec la Russie. Mais cette approche doit aussi porter sur les commandes en cours, sous peine d’être absolument inutile. Il en va de la crédibilité de la voix de l’Union européenne », ajoute le parlementaire. Une déclaration sans ambiguïté qui devrait rendre la position française à Bruxelles encore plus inconfortable.

Prenant en considération l’aggravation sur le terrain de la crise ukrainienne, et actant la présence de soldats russes dans l’est du pays, les 28 pays de l’Union ont haussé le ton, samedi 30 août, lors d’un Conseil européen extraordinaire, et décidé d’aller plus avant dans les sanctions déjà décidées contre Moscou.

DE NOUVELLES SANCTIONS ÉTUDIÉES

Ils ont donc donné mandat à la Commission européenne pour étudier de nouvelles sanctions. Cette dernière devrait faire ses propositions dès vendredi. L’Union avait déjà décidé la mise en place de sanctions dites de « niveau trois », à fort impact économique, fin juillet.

Elles visaient trois domaines : la finance, le transfert de technologies et l’exportation vers la Russie de matériel « sensible ». Il avait notamment été décidé de réduire l’accès des banques publiques russes aux marchés de capitaux européens.

Selon une source européenne haut placée, « on discute en ce moment d’approfondir les sanctions dans ces trois domaines, on n’en explore pas d’autres. Il y a une réflexion sur la possibilité d’élargir la restriction d’accès aux marchés des capitaux européens non seulement aux banques publiques russes mais à tous les établissements publics russes. Et d’allonger la liste des instruments financiers concernés : pourraient l’être les obligations à maturité courte, de trente jours seulement », précise cette source. Est aussi en discussion l’extension de la liste des Russes dont les avoirs européens sont gelés à des séparatistes du Dombass.

Mais, selon une autre source bien informée, « il risque d’y avoir des tensions entre les Etats membres sur une restriction plus importante des exportations de technologies vers la Russie, en ce qui concerne le matériel servant à l’exploration pétrolière. C’est un énorme marché pour les Occidentaux . »

Mardi 2 septembre, de source concordante à Bruxelles, il n’était cependant pas question à ce stade de la réflexion d’évoquer les Mistral français. Fin juillet, les 28 Etats membres étaient convenus que les contrats de livraison signés pouvaient être honorés. Un premier bâtiment doit être livré en octobre à Moscou, une commande d’une valeur de 1,2 milliard d’euros.

Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)


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