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Coupe du monde de football féminin 2023/ Roselord Borgella : l’Haïtienne qui dispute la Copa Libertadores

samedi 23 novembre 2019 par Charles

Première joueuse haïtienne à disputer le championnat de D1 de football féminin sud-coréen ; première joueuse haïtienne à remporter le championnat de D1 de football féminin du Chili en inscrivant 66 buts en 25 matchs disputés ; première footballeuse haïtienne de l’histoire à disputer la Copa Libertadores de football féminin (équivalent de la Ligue des Champions de football féminin de l’Amérique du Sud) : Roselord Borgella est tout simplement une pionnière comme Haïtienne à entamer une carrière professionnelle comme footballeuse. Pour Le Nouvelliste et Ticket Magazine, l’ancienne joueuse de la sélection U17 qui avait infligé 24-0 aux Iles Vierges en 2009 fait un survol sur sa carrière et ses aspirations.

Énock Néré : Roselord Borgella vous êtes la première footballeuse haïtienne de l’histoire à disputer la Copa Libertadores ! Avez-vous ressenti quelque chose de particulier au moment de disputer ce premier match ?

Roselord Borgella : Je dois dire que j’ai éprouvé une grande fierté. J’étais la seule Haïtienne sur la pelouse et cela avait étonné les joueuses de l’équipe adverse. Répondant à leurs questions sur ma nationalité, je leur ai dit que je suis Haïtienne. Elles me posaient à nouveau la question en me demandant dans quel pays suis-je née et je leur répondais Haïti. Elles avaient du mal à croire que je suis vraiment haïtienne.

EN : Dans votre équipe, il y a désormais Kerly Théus dans les buts. Cela se passe-t-il bien entre vous ?

R.B. : Kerly et moi nous nous entendons très bien et, bien que nous ne parlons pas très bien l’espagnol, nous nous efforçons de communiquer avec les autres. Je l’ai aidée aussi dans son adaptation avec la nation chilienne et je suis heureuse d’avoir une compatriote portant les couleurs du même club que moi.

« Le racisme est la voie choisie par ceux qui se sentent inférieurs pour masquer leur sentiment d’infériorité »
EN : Partout en Europe et souvent dans d’autres continents, le racisme fait rage. Est-ce que cela vous arrive d’être victime de comportement raciste au Chili ?
R. B. : Ce sont des choses qui arrivent. Car certaines personnes recourent au comportement raciste quand ils jalousent quelqu’un ou ont l’impression de lui être inférieures. Pour masquer leur sentiment d’infériorité, ils recourent au racisme. En ce qui me concerne, je surfe sur ce genre d’agression, car quand je suis sur le terrain, j’y suis pour jouer au football et je reste concentrée sur le football. Si je suis sur le terrain, c’est pour exercer ma profession, c’est parce que je viens y chercher quelque chose ; mais je sais que je ne suis pas dans mon pays, donc pas la peine de me focaliser sur des gens qui ne comprennent pas.

EN : Et vos rapports avec les fans ?
RB : Je peux dire assez cordiaux. On peut ne pas aimer ta couleur de peau, mais on apprécie ce que tu apportes comme footballeuse.

« Roselord Borgella a marqué 66 buts en 25 matchs disputés pour le Santiago Morning la saison dernière. Pourtant elle n’est pas appelée en sélection nationale depuis plusieurs années. Certains évoquent sa grande gueule comme cause, d’autres sa fierté, d’autres son orientation sexuelle. Mais Roselord Borgella, elle, préfère ne pas répondre aux questions touchant sa relation avec le staff technique même si elle rêve de disputer la Coupe du monde de football féminin 2023 »
EN : Ça fait 5 ans qu’on ne vous voit plus sous les couleurs d’Haïti. Est-ce par choix ?
…….
EN : Avez-vous eu des échanges avec le nouveau sélectionneur ?
……..
EN : En 2023, vous aurez 30 ans. Pensez-vous jouer la Coupe du monde qui sera organisée cette année-là ?
R.B. : Forcément, j’y pense et je serai en âge de la jouer. Je pense que je serai au sommet de ma forme en gardant la même discipline et la même hygiène de vie que j’ai pour le moment. J’ambitionne de disputer une Coupe du monde avant la fin de ma carrière.

EN : Quelles sont vos aspirations dans le football désormais ?
R.B. Étoffer ma carrière en progressant chaque jour un peu plus. Continuer à faire la fierté de mon pays si possible avec la sélection et devenir une référence pour les jeunes footballeuses à venir.

EN : Avez-vous été contactée par des clubs européens ?
R.B. ; Oui et ceci à deux reprises. Cependant vous savez comment ça marche, les négociations n’ont pas abouti parce que je n’ai pas été bien représentée ; ce qui fait que les clubs n’ont pas trouvé de correspondants de poids pour tout finaliser. Mais je ne vais pas me laisser décourager, car le football c’est ce que je connais, donc je vais continuer à travailler.
EN : Á la fin de votre carrière de joueuse, comptez-vous embrasser la carrière d’entraîneur ?
R.B. Oui ! Quand je finirai ma carrière, j’aspire à une carrière d’entraîneur. Je voudrais organiser ainsi même ma vie.
EN : Si vous devriez envoyer un mot à vos fans au Chili, en Haïti et en Corée du Sud, ce serait quoi ?
R.B. Je voudrais surtout dire à mes fans en Haïti que je les aime beaucoup et surtout leur demander de s’assurer que je ne les abandonnerai pas en chemin. Je les porte jalousement dans mon cœur et qu’ils sachent que Roselord Borgella va continuer à bosser dur pour réussir et faire leur fierté, en atteignant les objectifs qu’ils souhaitent que j’atteigne.

Enock Néré
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