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Gédéon, c’est à vous

mercredi 12 juin 2019 par Charles

Le silence méprisant du citoyen Jovenel Moïse, le ridicule des quelques personnes payées pour le défendre, en opposition à des dizaines de milliers de citoyens dans les rues de nos villes, il n’y a plus rien à dire sur ce que veut le pays, à part qu’un tout petit sens de la dignité aurait déjà porté celui que l’on n’appelle plus « président » que par défaut à laisser le pouvoir pour organiser sa défense.
Le comportement contradictoire des forces de police en cette journée de dimanche témoigne du problème immédiat auquel le pays fait face aujourd’hui. On a vu des policiers accompagner les manifestants dans une ambiance qui avait quelque chose de bon enfant jusqu’à l’arrivée dans la zone de Lalue. On en a vus éteindre les pneus enflammés sans manifester d’animosité envers les curieux qui les regardaient faire. On en a reconnu un grand nombre, en civil, manifestant avec les autres citoyens. On a aussi vu l’horreur de cette lapidation qui doit aujourd’hui faire le tour du monde. On a vu des hommes en uniformes descendre de leurs véhicules et tirer sur la foule sans provocation de sa part.
Le personnel armé des mairies et des parlementaires s’inscrit dans sa majorité dans la tradition duvaliériste-tèt kale et utilise ses armes en violation systématique et pemanente des droits des citoyens. J’ai moi-même été témoin et victime samedi soir d’une agression menée en pleine rue par un individu sans badge ni uniforme se disant enployé de la mairie de Delmas qui a embarqué de force un citoyen dans un véhicule après nous avoir menacés de son arme et tiré un coup de feu en l’air à quelques centimètres de nos visages. (Monsieur le maire, cautionnez-vous ce genre de pratique ?) Je dois aussi dire que les policiers du commissariat de Delmas ont libéré le citoyen séquestré qui avait été conduit à ce poste Dieu seul sait sous quelle fausse accusation. La remarque d’un policier m’a touchée : « pardonnez, ils n’ont pas de formation ».
Justement, les policiers sont supposés avoir une formation et obéir à des consignes. Quelle formation peut entraîner cette furie répressive montrée par des agents des forces de police ? Trop d’agents des forces de police se comportent comme les macoutes et les militaires asservis par le duvaliérisme en exerçant une violence aveugle contre la population, celle des quartiers défavorisés en particulier. Les citoyens payent-ils les policiers pour qu’ils les tabasent, les lapident, leur tirent dessus pour défendre non pas l’ordre mais des personnes accaparant le pouvoir politique ? Les dernières consignes de la Direction générale ne vont pas dans ce sens, ce qui est à l’honneur du chef de la police. Mais elles semblent passer pour lettre morte pour des membres de ses troupes. On attend les sanctions disciplinaires contre les lapidateurs et ceux qui ont tiré sur la foule à hauteur d’homme.
Sans cela, et si ce genre d’exactions se multiplie, nous allons droit vers la multiplication des situations d’affrontements entre policiciers et citoyens. Les citoyens en viendront à considérer la police comme une bande armée au service du pouvoir et ne se laisseront pas faire.
Monsieur le Directeur Général, dans cette guerre déclarée entre des entêtés avides de pouvoir et la population, protégez votre institution contre les réflexes autoritaires et l’inféodation au pouvoir politique. Qu’elle ne devienne pas le bras armé des cimes et des abus.

Antoine Lyonel Trouillot
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