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Christiane Taubira : « Au Venezuela, respecter le droit »

jeudi 7 février 2019 par Charles

Dans une tribune au « Monde », l’ancienne garde des sceaux estime que l’Europe ne doit pas s’aligner sur l’interventionnisme des Etats-Unis mais qu’elle doit s’appuyer sur des règles claires pour préserver la paix.

Tribune. Les Amériques sont plurielles. D’évidence. Depuis longtemps. Depuis toujours. De la Tierra de los Mapuches à l’Alaska, tous les climats, tous les sols, tous les reliefs, toutes les ressources, tous les régimes, toutes les cultures en font une mappemonde. Les observateurs pressés ou paresseux aperçoivent à peine l’arc caraïbe qui, à l’est, semble flotter sans bouée. Quelques langues européennes officielles font oublier les langues amérindiennes natives ainsi que les créoles syncrétiques qui portent encore l’héritage d’une histoire millénaire percutée par le choc colonial qui l’a fortement infléchie.
Les frontières nationales sont celles du démantèlement des empires portugais, espagnol, anglais, français et, plus modestement, néerlandais. La doctrine de Monroe, avec son arbitraire et sa culture de la force, fait unilatéralement de toutes les Amériques l’arrière-cour des Etats-Unis. Ces derniers, fédération d’anciennes colonies anglaises épaulées par la France dans leur lutte pour l’indépendance, ont su, avec un génie lyrique tout particulier, faire de la conquête de l’Ouest une épopée clinquante et musicale incarnée par John Wayne, Gary Cooper et subsidiairement Jennifer Jones.
Cette conquête était en réalité un massacre, celui d’Amérindiens, femmes et enfants compris, suivi de la confiscation de leurs terres jusque sur l’ancien territoire du Mexique, là même où le président américain aux ancêtres européens veut ériger un mur pour matérialiser un fantasme de protection, conjurer les croche-pattes de l’histoire, et accessoirement ralentir les immigrants mexicains et latino-américains.
Des alliés encombrants
L’armée vénézuélienne fut au cœur d’une des grandes gestes du XIXe siècle : le rêve bolivarien d’unité et de justice sociale, affranchi du découpage papal et monarchique issu des rivalités européennes générées par le commerce triangulaire.
C’est le triomphe de la diplomatie McDo et Coca. Foin des subtilités. Fini la finesse.
Disons-le sans ambages : l’actuel président, Nicolas Maduro, est comptable d’un désastre économique qui, depuis trop longtemps, saccage le quotidien de celles et ceux qui n’ont ni patrimoine, ni entregent, ni combine. Il doit aussi répondre d’une répression aux allures de guerre civile. Il refuse et récuse en pratique les désagréments de la vie démocratique. Il est par ailleurs flanqué d’alliés pour le moins encombrants. Concédons aux sentimentaux que le président autoproclamé, Juan Guaido, a belle allure et qu’on l’absoudrait sans confession.


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