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Frantz Duval donne une mauvaise note au secteur privé haïtien

mardi 22 janvier 2019 par Charles

Dernier invité à la série des Grands rendez-vous économiques de Radio Métropole, Frantz Duval, rédacteur en chef de Le Nouvelliste, a répondu aux questions de Kesner Pharel le dimanche 13 janvier sur le bilan économique de l’année 2018. À cette occasion, l’éditorialiste n’y est pas allé de main morte pour fustiger le secteur privé haïtien qui, selon lui, ne fait preuve d’aucune ambition.
Publié le 2019-01-21 | Le Nouvelliste

Economie -

« Le secteur privé haïtien ne fait pas son travail de support au secteur public. Comme les autorités publiques, ce secteur ne fait preuve d’aucune ambition pour le pays », a critiqué l’éditorialiste du Nouvelliste, estimant qu’il est impensable qu’un pays ne dispose ni de secteur public ni de secteur privé qui réfléchissent et proposent des solutions aux problèmes de base de la communauté. Intervenant à l’émission Grands rendez-vous économiques de l’année, le responsable du Nouvelliste croit qu’Haïti avait un grand coup à jouer dans la défection au profit de la Chine des ex- alliés de Taïwan.
Malheureusement, Haïti ne peut pas bénéficier de cet avantage parce que le pays fait preuve d’un manque d’ambition et de vision assez déplorable. Pendant que d’autres pays de la région profitent des largesses de la Chine en matière d’investissement, Haïti, de son côté, dans sa coopération avec Taïwan n’a bénéficié que des miettes. Pourquoi ?
Pour répondre à cette question, M. Frantz Duval a recouru à une autre interrogation : de quoi Haïti dispose-t-elle comme catalogue de projets pouvant être soumis à un bailleur de fonds ? Pas grand-chose, sinon rien. À ce sujet, l’éditorialiste du Nouvelliste a énuméré différents projets du président Jovenel Moïse : L’électricité 24/24 ; la Caravane du changement, etc. Mais à chaque fois que le gouvernement doit présenter un plan de ces projets, c’est toujours la bouteille à l’encre.
« Nous avons raté beaucoup d’opportunités parce que nous ne sommes pas prêts. Nous manquons d’arguments pour convaincre les bailleurs. Nos compétences sont insuffisantes. Chercher l’aide et les financements internationaux exige un savoir-faire, un langage, un curriculum, un parcours, une expérience que ne détient pas le commun des Haïtiens. À ce niveau, le pays accuse de grandes faiblesses à cause du mode de recrutement du personnel politique », a argumenté Frantz Duval, qui pense que le secteur privé pourrait bien compenser cette faiblesse de l’État.
Le secteur privé, dit-il, pourrait bien s’inviter à ce débat pour monter des dossiers bien ficelés, avec des firmes compétentes et proposer à l’État des plans mieux agencés dans des domaines comme l’énergie, la construction d’infrastructure, etc., pour pouvoir mieux dialoguer avec les bailleurs de fonds. Car il est inconcevable qu’Haïti n’ait pas d’acteurs ni au niveau du secteur public ni au niveau du secteur privé qui réfléchissent sur les solutions à apporter aux problèmes du pays.
Et comme seule explication à cette situation, Frantz Duval met en cause l’appétit trop mercantile du secteur des affaires qui ne jure que par l’importation. Face à ce tableau assez sombre, l’éditorialiste du plus ancien quotidien d’Haïti donne une très mauvaise note au secteur privé des affaires qui, dit-il, est l’un des rares au monde qui ne soit pas en position d’imposer ses vues avec des catalogues de projets et de propositions solides.
« S’il dispose d’une certaine force et d’une représentativité certaine, le secteur privé pèche par manque d’esprit d’initiative », observe M. Duval, qui ne peut pas expliquer le fait qu’un pays comme Haïti ne possède pas de banque de développement. « Ce n’est pas que les banquiers haïtiens ne veuillent pas le faire. Et l’État n’est pas obligé d’être la seule instance à instituer une telle banque. Pourquoi le secteur privé ne peut-il pas décider d’investir dans d’autres types de projets qui exigent d’autres types de financement avec une rentabilité moindre mais qui peuvent avoir des impacts sans précédent pour l’énonomie du pays ? », s’interroge l’invité tout en se rappelant que le dernier succès à mettre sur le compte du secteur privé est la création des banques commerciales qui a été à ce jour une réussite.
Et 25 ans plus tard, tout le monde peut constater l’apport des banques privées au pays. Aujourd’hui encore, le secteur privé, particulièrement le secteur financier, a d’autres propositions à faire au pays, il y a d’autres besoins qu’il doit aborder et, par conséquent, doit faire preuve de plus d’ambitions pour le pays, préconise Frantz Duval.

Cyprien L. Gary
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