MosaikHub Magazine

EXCLUSIF. Christiane Taubira : "La politique, ce n’est pas la charité"

lundi 17 décembre 2018 par Charles

L’ancienne ministre de la Justice, icone de la gauche, a la parole rare. Christiane Taubira sort de son silence dans le Journal du dimanche pour analyser le mouvement des Gilets jaunes, un mouvement né "d’une exaspération".

Elle y voit du "sublime" et de l’"abject". Autre critique : sur l’état de la gauche, qu’elle juge "désespéré et désespérant". La gauche qui doit comprendre "que c’est à elle qu’il revient d’offrir un débouché politique à ce mouvement. La justice sociale, les conditions de travail, le niveau de vie, la mobilité, l’exclusion, la paupérisation, l’urbanisme qui isole : tous ces sujets sont ceux de la gauche."
Lire aussi - Aquarius : le "J’accuse" de Christiane Taubira
Que pensez-vous du mouvement des Gilets jaunes ?
Il est ambigu. Il y a à la fois du sublime et des traces de choses abjectes. Il s’agit d’un vrai soulèvement populaire : des citoyens, constatant que les espaces traditionnels d’expression démocratique n’existent plus, prennent d’assaut l’espace public pour faire monter leur parole. C’est un acte aussi innocent qu’orgueilleux. Ils font vivre la démocratie, et c’est une chance.
Ce mouvement ne s’est pas construit autour d’un projet, il vient d’une exaspération
Qu’y a-t-il d’abject ?
Certains propos, certaines idées. Il y a incontestablement dans ce mouvement des personnes sexistes, racistes, homophobes, xénophobes, antisémites… Même dans l’histoire des mouvements ouvriers, qui sont magnifiques, l’historien Gérard Noiriel rappelle qu’on a pu trouver des traces de préjugés, de rejet, de focalisation sur l’autre, juste parce qu’il est différent. Ce mouvement ne s’est pas construit autour d’un projet, il vient d’une exaspération. Forcément, on y trouve de tout.
Les réponses du chef de l’État vous paraissent-elles suffisantes ?
Une réponse qui vient après deux journées de violences ! C’est très pernicieux : cela nourrit l’idée que c’est la bonne façon de se faire entendre. Le gouvernement aurait dû réagir plus vite. Et le Président aurait dû s’exprimer plus tôt, pour ouvrir des perspectives, s’inquiéter de la cohésion, fixer des lignes pour casser la dynamique inégalitaire. Ses réponses sont matérielles et budgétaires, comme au temps des dames patronnesses. Or, le sujet c’est la justice sociale. La politique, ce n’est pas la charité. C’est l’arbitrage entre des intérêts antagoniques.
Pour lire cet entretien en intégralité, retrouvez le JDD en kiosques, sur smartphone et tablette ou sur Internet. Découvrez également nos offres d’abonnement.
Sur le même sujet :
Pour Christiane Taubira, "la gauche est dans un état désespéré et désespérant"
Florian Bachelier "renvoie dos à dos Taubira et Salvini"


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie