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Tous pour un ou tous contre un ?

lundi 19 novembre 2018 par Charles

Depuis la chute de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide en 2004, il n’y a jamais eu autant de tensions à Port-au-Prince.

Editorial -

Jamais autant de peur. Jamais autant d’images d’horreur. Les photos ou les vidéos des cadavres empilés sur des immondices cette semaine à La Saline donnent la chair de poule. Cette scène s’est déroulée à quelques encablures du Parlement et de la Primature. Aucune information officielle n’a été communiquée à ce sujet. Au plus haut niveau de l’État, X dit attendre les rapports de Y avant de se prononcer sur ce que certains assimilent à un massacre. Les rumeurs font croire qu’une lutte entre bandes armées pour le contrôle de la zone serait à la base de ce carnage, si on peut l’appeler ainsi.
Avant même la communication officielle des autorités sur les événements de La Saline, la Chambre des députés a officiellement chômé vendredi. Les employés ont été invités à rester chez eux après qu’un projectile avait touché le véhicule d’un des députés au parking de l’institution jeudi après-midi. Si des officiels, escortés de gardes du corps, dont certains roulent en blindé, ont également peur et cherchent à se terrer, il est facile de comprendre la situation d’un simple particulier dans une capitale aussi tendue.
Ce climat d’insécurité dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince inquiète. Par leur laxisme, leur passivité, les autorités contribuent à leur façon à alimenter cette inquiétude. Et tous les indicateurs montrent que le pays est en mode pilotage automatique. Personne ne sait qui fait réellement quoi. Les responsabilités à tous les niveaux sont rarement fixées. Cette incertitude politique donne encore une fois raison au jeune qui pense que son avenir n’est pas ici. Elle pousse l’investisseur à changer d’avis avec toutes les conséquences que l’on connaît : chômage, misère et évidemment banditisme…En attendant, la dégringolade de la gourde se poursuit. Une couche de la population fonce tout droit vers la pauvreté extrême.
On est peut-être loin de sortir de la zone de turbulences. Après celles du 17 octobre dernier, des manifestations sont prévues le dimanche 18 novembre à Port-au-Prince et dans des villes de province. Si les PetroChallengers manifesteront de nouveau pour exiger des comptes sur le fonds PetroCaribe, l’opposition politique vise, elle, la tête du chef de l’État. A chacun son projet, ses objectifs.
Il est d’intérêt général que la lumière soit faite sur l’utilisation du fonds PetroCaribe pendant 10 ans. Toutefois, à qui profitera une éventuelle chute de Jovenel Moïse ? A force de promettre l’impensable ou l’irréalisable, le chef de l’État n’a pas tardé à perdre la confiance d’une frange de la population, voire certains de ses anciens alliés. Les têtes de l’opposition politique active n’incarnent pas non plus confiance ou crédibilité. A maintes reprises, elles ont montré que leur rare alliance était éphémère ou était réalisée pour des raisons précises. Assez de raisons pour être sceptiques. Dans un tel climat, Vertières n’aurait jamais eu lieu.

Valéry Daudier
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