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C’est la rentrée scolaire. Comme d’habitude,...

mardi 13 novembre 2018 par Charles

C’est la rentrée scolaire. Comme d’habitude, retard est pris en ce qui concerne les manuels subventionnés.

National -

Les images d’un lycée public publiées par le quotidien Le National ont de quoi effrayer. Saleté. Insalubrité. Les honnêtes citoyens, responsables d’établissements privés, pensent à comment mieux faire, gagner leur vie et améliorer les conditions de travail de leur personnel et améliorer la qualité de l’enseignement dans des conditions difficiles. Les arnaqueurs pensent à réaliser le maximum de profit. Les autres, pas forcément malhonnêtes mais pas forcément compétents, auraient besoin d’un support pédagogique et d’une formation dans le domaine de l’administration de leur établissement. Elle ne viendra pas. Les quelques programmes et séminaires mis en place par l’État et quelques institutions ne suffisent pas.
Bien entendu tout cela ne concerne pas les élites économiques qui ont fui le système scolaire haïtien, sauf les entreprises, les quasi-monopoles qui font affaire avec l’État dans le secteur de l’éducation.
C’est la rentrée scolaire. Un coup d’œil jeté dans un manuel d’histoire auquel ont collaboré des gens de bon renom soulève en moi une grande inquiétude. « Les manifestants voulaient la vengeance, ils récoltèrent l’occupation du pays. » Ah bon ! On n’en finira pas avec la bonne vieille rengaine qui va chercher en Haïti les causes de l’Occupation américaine. Plus loin, il est question de la période jean-claudiste. Rien sur le 28 novembre 1980 : les arrestations, les médias fermés, saccagés, les expulsions. Oublieuse mémoire que celle quelquefois des auteurs de manuels. Le 28 novembre 1980 est pourtant un moment fort de la fureur répressive que fit sienne le duvaliérisme.
Bien entendu tout cela ne concerne pas les élites économiques dont les enfants n’ont pas besoin de cours d’histoire d’Haïti.
C’est la rentrée scolaire. Les parents pauvres aidés de leurs enfants ou d’un habitant de leur quartier transformé pour la cause en écrivain public adressent des billets aux notables qu’ils connaissent. Pour la scolarité, les livres, l’uniforme. La forme écrite est plus digne que de venir tôt le matin se tenir devant le portail, attendre que la voiture s’engage dans la rue et implorer le conducteur qui répondra de mauvaise grâce.
C’est la rentrée scolaire. Dans la plupart des écoles il y aura les enfants violés, battus, maltraités, dont la tristesse et les mauvaises performances finiront par attirer l’attention des enseignants concernés. Ou qui n’attireront l’attention de personne et ne bénéficieront pas de l’assistance psychologique dont ils auraient besoin.
Bien entendu, cela ne concerne pas ce couple qui amène son enfant chez le psychologue accompagné de la nounou.

Antoine Lyonel Trouillot
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