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« L’OEA n’a aucune crédibilité pour nous faire la leçon »

samedi 30 août 2014

L’opposition politique n’a pas pris de temps pour rappeler à l’Organisation des Etats américains (OEA) qu’elle a déjà fait assez de tort au pays en s’immisçant trop souvent dans ses affaires. Parallèlement, INITE, Fanmi Lavalas et la Fusion croient que la solution à la crise doit passer par le dialogue entre les protagonistes.

L’aile dure de l’opposition politique ne veut pas entendre parler de l’Accord d’El Rancho même si elle est prête à dialoguer avec le chef de l’État sur la crise préélectorale. Elle s’en est prise à l’OEA qui a invité les politiques haïtiens à poursuivre le dialogue pour remplir, de toute urgence, leurs obligations conformément à la Constitution et à l’Accord d’El Rancho, afin d’assurer la tenue d’élections en 2014.

« C’est normal pour une organisation comme l’OEA de soutenir des élections dans les conditions actuelles, a lancé Louis Gérald Gilles, l’un des membres de l’organisation politique Fanmi Lavalas. Souvent la communauté internationale vit de la situation de crise que connaît le pays depuis des années », a-t-il dénoncé avant de souligner que le parti politique de Jean-Bertrand Aristide est solidaire de la position des six sénateurs et des autres partis politiques de l’opposition.

« Le pouvoir prépare des élections préfabriquées et malhonnêtes susceptibles d’empirer la situation », a-t-il critiqué. Interviewé par Le Nouvelliste, il a rappelé qu’à chaque fois l’OEA se positionne sur les élections, sa position conduit le pays dans une crise. « C’est dans un dialogue interhaïtien que nous devons trouver une solution à la crise, a-t-il plaidé. L’OEA n’a pas de crédibilité pour nous faire la leçon. Elle est à l’origine de biens de crises dans le pays. À un problème politique, il faut une solution politique. »

Selon M. Gilles, il faut respecter l’article 289 de la Constitution tout en demandant au président Martelly de créer un climat de sécurité et un environnement de confiance favorisant les prochaines élections.

L’OEA ne s’attendait tout de même pas que les organisations politiques de l’opposition allaient accepter sa position, a indiqué, pour sa part, la présidente de la Fusion des sociaux-démocrates. Edmonde Supplice Beauzile a souligné que la position de l’OEA a été orientée par une demande de l’ambassadeur d’Haïti accrédité à l’Organisation des États américains appuyée par les autres représentants de différents gouvernements étrangers.

L’ancienne sénatrice Beauzile a soutenu que la Fusion a toujours prôné le dialogue comme piste de solution à la crise.

« OEA sa genlè se yon ranvwa yo voye pou pèp ayisyen an », a fulminé le grand conseiller de l’organisation politique INITE. Selon Paul Denis, le pays se bat depuis longtemps pour établir l’État de droit et construire une société démocratique. « L’ OEA doit se mettre en arrière et laisser le soin aux Haïtiens de résoudre leur problème … », a-t-il dit.

« Au lieu de contribuer à trouver une solution dans un cadre démocratique et constitutionnel, l’OEA nous demande de faire ce que ses autres membres ne feront pas chez eux », a-t-il dénoncé. Selon lui, l’Organisation des États américains bluffe et veut donner l’impression qu’elle souhaite voir organiser des élections dans le pays.

Paul Denis s’aligne sur la demande de dialogue lancée par le groupe des six sénateurs, cependant, l’ancien ministre de la Justice ne souhaite entamer aucun dialogue avec le chef de l’Etat avec le format des discussions de l’hôtel El Rancho. « Nous sommes des partisans du dialogue, mais dialoguer sur quoi ? Qui sera là ? », s’est-il demandé.

Avant tout processus de dialogue avec le chef de l’Etat, Paul Denis veut savoir qui sera là ? sur quoi porteront les discussions. « Cela ne devrait pas être un dialogue entre le président et ses petits amis, a-t-il dit. Le dialogue doit impliquer uniquement les protagonistes ; le président et ses adversaires. » Outre les élections, il croit que les discussions doivent porter aussi sur la gouvernance du pays.

Parallèlement, le gouvernement haïtien a salué la résolution de l’OEA et ne prête pas trop attention à la demande de dialogue lancée par le groupe des six sénateurs. L’Accord d’El Rancho est la seule boussole permettant de trouver une solution à la crise préélectorale, a estimé le porte-parole de la Primature, Kedler Augustin.

En revanche, des responsables d’organisations de la société civile ont invité le président Martelly à donner une réponse favorable à l’appel au dialogue des sénateurs de l’opposition pour trouver une sortie de crise.


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