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Pape Diouf : « La France n’est jamais aussi forte que quand elle réunit tous ses atouts »

jeudi 26 juillet 2018 par Charles

Les Bleus ont beau ne pas tous être « gaulois », ils n’en restent pas moins français, et symbolisent l’énergie créée par la diversité, selon l’ancien président de l’OM.

Chronique. La défaite totale et sans rémission de l’Afrique, avec l’élimination de ses cinq représentants dès le premier tour du Mondial russe, est à mettre en parallèle avec la victoire finale de la France, qui a compté dans son effectif un grand nombre de joueurs d’ascendance africaine. Comment ne pas éprouver une incontestable ambivalence de sentiments à l’heure de dresser le bilan ?
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Aux Etats-Unis, où je viens de conclure un séjour d’une semaine, les gens se plaisent manifestement à « racialiser » le succès français. Jusqu’à Barack Obama, connu pourtant pour sa légendaire pondération et ses prises de position conciliantes, qui a déclaré malicieusement à l’occasion de son discours d’hommage à Nelson Mandela, le 17 juillet, à Johannesburg : « Tous ces mecs ne ressemblent pas, selon moi, à des Gaulois… Mais ce sont tous des Français. » Cette forme de polémique, il faut en convenir, repose sur des faits bien réels et incontestables.
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Sur les 23 joueurs retenus par Didier Deschamps pour disputer la compétition, douze ont des origines d’Afrique subsaharienne et deux du Maghreb. Un des frères de Paul Pogba joue avec la sélection guinéenne. Celui de Steve Mandanda avec la République démocratique du Congo. N’Golo Kanté, considéré à juste titre comme le meilleur milieu défensif de la Coupe du monde, a failli répondre à l’appel de l’équipe nationale du Mali. L’excellent parcours qu’il a effectué durant la saison 2015-2016 avec le club de Leicester City, avant de rejoindre Chelsea, a changé son destin. C’est in extremis qu’il a été rattrapé par le sélectionneur français.
Peu de Bleus « gaulois »
Exceptés Benjamin Pavard, Lucas Hernandez, qui vit en Espagne depuis l’âge de 6 ans, Florian Thauvin, Antoine Griezmann, Olivier Giroud et Hugo Lloris, le groupe tricolore ne compte pas d’autres « Gaulois » puisque Thomas Lemar (né à Baie-Mahault en Guadeloupe), Raphaël Varane (originaire du Morne-Rouge en Martinique) et Alphonse Aréola (dont les parents viennent des Philippines) ont des origines « extra hexagonales ».
Loin des thèses épousées par les extrémistes de tout poil, de Jean-Marie Le Pen aux intellectuels en mal d’inspiration, cet état de fait démontre et illustre que la France n’est jamais aussi grande et performante que quand elle s’ouvre aux autres et qu’elle réunit tous ses atouts dans un même élan. Et quand elle ne met pas un mouchoir sur son histoire et sur la géographie.
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Tous ces garçons qui ont hissé le pays sur le toit du monde ont en commun d’être français et ont légitimement été fêtés comme tels. Mais cette belle et heureuse parenthèse ne doit pas occulter cette réalité : il y a des Mohamed et des Mamadou qui n’ont pas la chance ni le talent de Pogba et Mbappé ! Le système scolaire, éducatif et ou social, les a laissés sur le bord de la route. Ils n’en sont pas moins français.
Pape Diouf a été président de l’Olympique de Marseille de 2005 à 2009.


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