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Nucléaire iranien : « Les États-Unis le regretteront », met en garde Rohani

mardi 8 mai 2018 par Charles

Donald Trump menace de quitter l’accord sur le nucléaire iranien, qu’il critique vertement. Sa décision est attendue pour le 12 mai prochain.
Source AFP

À quelques jours de la décision du président américain Donald Trump sur l’accord nucléaire iranien, Téhéran a averti dimanche que les États-Unis regretteraient « comme jamais » leur éventuel retrait du texte, tout en restant vague sur ses intentions. « Si les États-Unis quittent l’accord nucléaire, vous verrez bientôt qu’ils le regretteront comme jamais dans l’Histoire », a dit le président iranien Hassan Rohani lors d’un discours retransmis à la télévision publique.
Cet accord a été conclu en juillet 2015 à Vienne entre Téhéran et le Groupe 5 + 1 (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne), avant l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump. Par ce texte, l’Iran déclare solennellement ne pas chercher à se doter de la bombe atomique et accepte de brider son programme nucléaire afin d’apporter au monde la garantie que ses activités ne sont pas à visée militaire.
En échange, la République islamique a obtenu la levée progressive et temporaire des sanctions internationales prises du fait de ce programme, qui ont fortement nui à son économie. Mais n’ayant pas de mot assez fort pour dénoncer cet accord conclu sous la présidence de Barack Obama, Donald Trump a donné aux Européens jusqu’au 12 mai pour trouver un nouveau texte qui remédierait aux « terribles lacunes » de l’actuel, faute de quoi les États-Unis s’en retireront. À l’approche de cette date, les dirigeants iraniens soufflent le chaud et le froid.
L’Iran reste inflexible
Les ultraconservateurs maintiennent une ligne très dure. Jeudi, Ali Akbar Velayati, conseiller pour les affaires internationales du guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei, a affirmé que l’Iran quitterait l’accord si Washington mettait sa menace à exécution. Contrairement aux durs, Hassan Rohani et son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, sont eux restés volontairement vagues ces dernières semaines sur la nature de la réaction iranienne.
« Quelle que soit la décision de Trump, nous résisterons », a déclaré dimanche le président Rohani. Il a assuré avoir donné, « depuis plusieurs mois, [...] les ordres nécessaires », notamment à l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), en prévision de la décision de Donald Trump. Hassan Rohani n’a toutefois fourni aucun détail sur la nature de ces consignes.
Alors que les Européens, notamment la France, cherchent à préserver l’accord en tentant d’amener l’Iran à négocier sur la question de ses missiles et de son rôle régional, Hassan Rohani a de nouveau opposé un non catégorique. Téhéran « construira autant de missiles et d’armes nécessaires » pour sa défense, a-t-il rétorqué. « Nous respectons notre engagement, mais nous disons clairement au monde entier [que] nous ne négocierons avec personne sur nos armes et notre défense. »
Le président iranien a également souligné que l’Iran était prêt à discuter des questions régionales mais pas à abandonner son combat « contre le terrorisme ». « Nous voulons parler avec le monde pour que notre région soit sûre », mais « nous ne vous permettrons pas de créer un nouveau Daech », a dit Hassan Rohani, sans développer.
La France et le Royaume-Uni pour un maintien de l’accord
Le président français Emmanuel Macron a récemment plaidé pour un « renforcement » de l’accord de 2015 afin d’éviter une escalade dans l’ensemble du Moyen-Orient. Selon lui, ce texte n’est qu’un « pilier » pour une solution globale, beaucoup plus large, comptant trois autres axes : l’après-2025 (date de l’expiration de certaines clauses concernant les activités nucléaires iraniennes), le programme balistique très critiqué de Téhéran, ainsi que son rôle jugé « déstabilisateur » dans la région (soutien à Bachar el-Assad en Syrie, au Hezbollah libanais, à des milices chiites en Irak, et aux rebelles Houthis au Yémen).
Dimanche, le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, dont le pays est aussi partie prenante de l’accord de Vienne, débute pour sa part une visite de deux jours à Washington, lors de laquelle il sera grandement question de l’Iran. Dans un communiqué, il a assuré que les Occidentaux étaient « unis dans leurs efforts pour s’attaquer au type de comportement iranien qui rend la région du Moyen-Orient moins sûre ».
Mardi, Boris Johnson avait estimé qu’il fallait « maintenir » l’accord, « tout en le développant, afin de tenir compte des préoccupations légitimes ». Alors que Donald Trump est entouré de faucons qui ne font pas secret de leur volonté de voir un changement de régime en Iran, Hassan Rohani a lui tenu à assurer que son pays était « uni ». « Aujourd’hui, toutes les tendances politiques, qu’elles soient de droite, de gauche, conservatrices, réformatrices et modérées, sont unies [...]. Trump doit savoir que notre peuple est uni », a-t-il martelé.


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