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Une galère pour un passeport perdu

mardi 17 avril 2018 par Charles

Un passeport perdu en Guadeloupe. Et c’est la galère. Premier débours, une déclaration de perte à la mairie de Delmas pour découvrir ensuite qu’elle ne sert à rien, aucun autre service public ne lui attribuant la moindre valeur. Deuxième étape, déclaration au commissariat de Delmas.

National -

Non recevable. Ah, monsieur, les passeports, c’est le commissariat de Port-au-Prince. Pourquoi le commissariat de la ville où j’habite est-il incompétent pour recevoir ma déclaration ? Le centralisme, c’est le centralisme, va pour le commissariat de Port-au-Prince. Déclaration de perte de passeport ? Pour la faire, il vous faut le timbre pour un nouveau passeport. On m’expliquera pourquoi pour déclarer une perte, il faut avoir déjà racheté l’équivalent de l’objet perdu. Bon. Passons. DGI donc : matricule fiscal plus timbre. Retour au commissariat de Port-au-Prince. Trois portes successives. Un nombre impressionnant de photocopies. Rendez-vous dans une semaine pour le certificat. Prochaine étape : un acte notarié. Puis authentification au ministère de la justice. Arrivée au ministère de la justice, une queue impressionnante. Finalement un fonctionnaire. Ah, mais vous n’avez pas le récépissé. Retour à la DGI pour acheter le récépissé en question. Nouveau débours en vue. Et pas où se garer. Alors, lassitude jointe à la colère, je rentre chez moi pour écrire cette chronique et préparer une émission sur la vie et l’œuvre de Jacques Stéphen Alexis. Lundi, je repartirai au combat. N’était un voyage prévu pour les États-Unis dans la semaine qui vient, je me passerais de passeport encore un peu.
Que c’est beau un État qui applique l’adage : pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ! Étrangement (il faut dire toute la vérité) le seul côté apaisant a été l’affabilité et la diligence des fonctionnaires. Dans la majorité des cas, ils ont fait vite, ont été polis. À l’exception d’une dame qui semblait prête à mordre ses collègues et les contribuables. Mais des comme ça, à qui la vie a fait du mal et qui le rendent comme elles peuvent, il en existe partout. Trop souvent, on met tous les problèmes au compte des fonctionnaires. De l’Immigration à la DGI, en passant par les autres services, ce sont les fonctionnaires qui ont la patience d’expliquer, le souci de faire vite, au mieux, au vu des contraintes que des mesures frisant l’absurde et le loufoque imposent. Dire aussi l’amabilité et la diligence du consulat d’Haïti à Pointe-à-Pitre (merci encore) qui m’a aidé pour les formalités administratives.
Deux conclusions provisoires : les structures-mesures-mécanismes mis en place par l’État sur des détails administratifs rendent la vie impossible au contribuable et lui prennent beaucoup d’argent de bout de papier en bout de papier, et forcent les fonctionnaires qui font le travail auquel ils sont affectés au gaspillage d’une énergie qu’ils pourraient et voudraient sans doute utiliser de manière plus efficace.
Bon, la chronique finie, l’esprit un peu apaisé, j’essaye d’oublier tout ça pour aller parler d’Alexis. Un dernier souci, songer à ranger la multitude de photocopies, de papiers timbrés qui peuplent ma voiture qui me sert de bureau. Et l’espérance qu’il n’y aura pas ce week-end ni décision arbitrale suspecte ni violence urbaine, rien qui puisse trop déplaire ou décourager. Car il faut prendre des forces et des sensations positives pour repartir au combat lundi.

Antoine Lyonel Trouillot
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