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Ukraine : Washington exhorte à "agir", accusant Moscou de "mentir"

jeudi 28 août 2014

Selon le président américain, qui a exclu tout recours à la force, "il est évident aux yeux du monde entier" que des forces russes se trouvent en Ukraine.

Washington a exhorté jeudi à "agir" face à une incursion "évidente" de forces russes en Ukraine, menaçant Moscou de nouvelles sanctions, tandis que Kiev réclamait une aide militaire "d’envergure". "Il est évident aux yeux du monde entier" que des forces russes se trouvent en Ukraine, a affirmé le président américain Barack Obama, qui a exclu tout recours à la force pour "résoudre le problème ukrainien".

"La Russie est responsable de la violence dans l’est de l’Ukraine. La violence est encouragée par la Russie. Les séparatistes sont entraînés par la Russie. Ils sont armés par la Russie, ils sont financés par la Russie", a martelé Barack Obama lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche. Le président américain a toutefois affirmé que les États-Unis "n’auront pas recours à la force pour résoudre le problème ukrainien".

Il a annoncé qu’il recevrait son homologue ukrainien Petro Porochenko le mois prochain à la Maison Blanche. Barack Obama doit se rendre la semaine prochaine en Estonie, puis au Pays de Galles pour un sommet de l’Otan. L’Ukraine ne fait pas partie de l’Alliance atlantique, "mais certains pays proches le sont", a-t-il remarqué, tout en évoquant l’article cinq de la charte de l’Otan qui prévoit la solidarité entre ses membres en cas d’agression.

"L’incursion russe qui se déroule à l’heure actuelle en Ukraine ne peut qu’engendrer" des sanctions supplémentaires à l’encontre de la Russie, a ajouté le président américain."Face à cette menace, ne pas agir coûterait trop cher", a estimé pour sa part l’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power devant le Conseil de sécurité réuni en urgence, en dressant une longue liste d’indices montrant une implication directe des forces russes en Ukraine, aux côtés des séparatistes prorusses. "La question n’est pas de savoir ce que nous pouvons dire aux Russes mais ce que nous pouvons faire pour qu’ils écoutent", a-t-elle ajouté.

Un comportement qui "ne peut rester sans conséquences"

Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont convenu jeudi soir lors d’un entretien téléphonique que le comportement de la Russie en Ukraine "ne peut rester sans conséquences", a annoncé Berlin. "Ils se sont dits très inquiets des nombreuses informations sur l’arrivée de nouveaux soldats russes et de matériel militaire russe" dans l’est de l’Ukraine, a déclaré dans un communiqué le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert, ajoutant que "la chancelière et le président ont été d’accord pour dire qu’un tel comportement ne peut rester sans conséquences".

Angela Merkel a "confirmé" au président Obama que la situation ukrainienne serait au menu du Conseil européen samedi à Bruxelles, selon son porte-parole. Jeudi après-midi, elle avait annoncé que les 28 discuteraient d’éventuelles "nouvelles sanctions" contre Moscou. La chancelière a assuré que Berlin poursuivrait ses efforts en vue d’une "solution diplomatique" au conflit, sans en préciser les contours, a ajouté Steffen Seibert

Le département d’État américain a précisé qu’il n’excluait "aucune option" quant à une éventuelle aide militaire américaine qui serait apportée à Kiev, qui a demandé jeudi aux Occidentaux des "sanctions significatives" et une aide militaire "d’envergure", faisant craindre une guerre ouverte entre la Russie et l’Ukraine.

"Cessez de vous immiscer dans les affaires intérieures des pays souverains", a rétorqué pour sa part l’ambassadeur russe à l’ONU Vitali Tchourkine, accusant les États-Unis d’avoir envoyé en Ukraine "des dizaines de conseillers" et l’armée ukrainienne de "bombarder les civils" dans les zones tenues par les séparatistes. L’Otan a évoqué de la présence de plus de mille soldats russes aux côtés des séparatistes. "Bien plus d’un millier de soldats russes combattent actuellement en Ukraine", a affirmé jeudi le général de l’Otan Nico Tak, photos d’un convoi à l’appui.

Le Premier ministre britannique David Cameron s’est dit "extrêmement préoccupé par les indices qui s’accumulent sur l’incursion à grande échelle de troupes russes" ajoutant que Moscou s’exposait à de "nouvelles conséquences". Son homologue italien, Matteo Renzi, qui assure la présidence tournante de l’UE, a appelé le président russe Vladimir Poutine, pour dénoncer "l’entrée" des troupes russes en Ukraine, qualifiée d’"escalade intolérable".

"Nous sommes en mesure de nous défendre"

Le président ukrainien, Petro Porochenko, a réuni en urgence son Conseil national de sécurité et de défense, qui a décidé de relancer la conscription dans l’armée, abandonnée il y a un an. "Nous sommes en mesure de nous défendre", a déclaré Petro Porochenko évoquant des négociations sur la fourniture d’armes et de moyens de reconnaissance, sans plus de précisions.

L’ambassadeur ukrainien auprès de l’UE, Kostiantyn Elisseïv, a de son côté demandé à Bruxelles une "aide militaire d’envergure" face à une "invasion russe non dissimulée". Selon les autorités ukrainiennes les "troupes russes" avaient pris le contrôle la veille de la ville frontalière stratégique de Novoazovsk (11 000 habitants) à 100 km au sud du bastion rebelle de Donetsk. Petro Porochenko a également évoqué la prise des localités d’Amvrosiïvka et de Starobechevé, au sud-est de Donetsk, où l’AFP a constaté que l’armée ukrainienne avait abandonné derrière elle armes et munitions en quantité, signe d’une retraite précipitée.

Selon des journalistes de l’AFP, les insurgés avaient pris position mercredi déjà sur la route entre Donetsk et Novoazovsk, où tous les points de contrôle sont désormais tenus par les rebelles. Des combattants loyalistes ukrainiens se trouvaient aussi assiégés par des insurgés prorusses à Illovaïsk. La chute de la ville n’est qu’"une question de jours", a estimé le séparatiste "Batia".

Sommet de l’Otan début septembre

A Donetsk, 26 civils ont été tués dans les bombardements au cours des dernières 24 heures. Au total, le bilan des combats a doublé en un mois, selon l’ONU, faisant plus de 2 200 morts depuis la mi-avril, dont la moitié au cours du seul mois écoulé. Face à ces développements, Kiev a demandé une "aide pratique" et a dit attendre des "décisions cruciales" du sommet de l’Otan le 4 septembre au Royaume-Uni.

Avant cela, l’Alliance atlantique se réunira en urgence au niveau des ambassadeurs vendredi matin à Bruxelles. Kiev avait annoncé en début de semaine avoir capturé dix parachutistes russes en territoire ukrainien à une vingtaine de kilomètres de la frontière. "Un accident" selon Moscou.

Les inquiétudes se multiplient pourtant en Russie où plusieurs dizaines d’épouses de soldats russes ont manifesté jeudi à Kostroma (330 kilomètres au nord de Moscou) pour exiger des autorités russes des explications sur le sort de leurs proches.


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