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Ukraine : l’Europe face au double jeu de Poutine

mercredi 27 août 2014

Editorial. De plus en plus imprévisible, le président russe Vladimir Poutine multiplie les signes contradictoires à l’égard de l’Ukraine. Au moment même où la perspective de pourparlers avec son homologue ukrainien, Petro Porochenko, laissait entrevoir l’espoir d’une avancée diplomatique, Kiev et Washington affirment observer une implication accrue de militaires russes aux côtés des séparatistes dans le Sud-Est ukrainien, où les combats font rage.

Le conflit, vieux maintenant de sept mois, a coûté la vie à plus de 2 000 personnes et causé le déplacement de centaines de milliers d’habitants de la région en guerre. Il a provoqué la destruction d’un avion de ligne malaisien, avec près de 300 personnes à bord. L’impact des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis et l’Union européenne à la Russie est désormais réel, non seulement en Russie, mais aussi, par ricochet, dans plusieurs pays de l’Union. L’effort de guerre épuise l’économie ukrainienne, et le processus de réformes politiques et structurelles, exigées par le FMI et l’UE, est au point mort.

Lire le point sur la situation sur le terrain (édition abonnés) : L’armée ukrainienne subit des revers dans l’Est

« UNE ESCALADE SIGNIFICATIVE »

Pour tenter de sortir de la paralysie politique et s’attaquer sérieusement au démantèlement du système de l’ancien régime, le président Porochenko, élu en mai, a annoncé des élections législatives anticipées le 26 octobre. Il est difficile d’imaginer que ces élections puissent se tenir sereinement si le sud-est du pays est toujours en guerre.

Elles seront encore moins sereines si les forces russes continuent d’intervenir. Car c’est bien ce que dénoncent désormais ouvertement les Occidentaux. Après le secrétaire général de l’OTAN, la Maison Blanche a fait état, lundi soir, d’« incursions militaires répétées de la Russie en Ukraine », à l’aide « d’artillerie, de systèmes de défense aérienne, de dizaines de chars et de soldats ». Ces incursions, a souligné Washington, « constituent une escalade significative ». Elles sont « inacceptables, dangereuses et incendiaires ».

De son côté, l’Ukraine a affirmé, sans en présenter de preuves matérielles, avoir intercepté dix parachutistes d’une division aéroportée de l’armée russe, lundi, près de Donetsk. Cela n’a pas empêché Moscou d’annoncer l’envoi d’une seconde expédition « humanitaire » en Ukraine, malgré les tensions suscitées par le premier convoi, qui a franchi la frontière, le 22 août, sans autorisation.

La chancelière Merkel, en première ligne sur ce dossier, a raison de souligner que ce conflit ne saurait être réglé que par des moyens militaires. Les Européens ont raison de chercher une issue négociée. Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, a raison de participer au sommet de Minsk, mardi 26 août, où M. Poutine et M. Porochenko devaient se rencontrer, pour la première fois depuis leur bref entretien du 6 juin en Normandie. Mais que peut-on attendre de tels entretiens si les chars russes sont en opération sur le territoire ukrainien ?

Confuse, la situation en Ukraine est aussi explosive. Le monde ne manque pas de crises graves, mais celle-ci est au cœur de l’Europe. Il est de la responsabilité des dirigeants européens de la gérer, avec fermeté et unité, sans se laisser abuser par les ruses de M. Poutine.


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