MosaikHub Magazine

Chez l’enfant, trop de jouets peut tuer le jeu

jeudi 4 janvier 2018

Attention à la profusion des cadeaux à Noël, car l’enfant, ne sachant pas encore faire de choix, s’en détournera. Pourtant, le jeu est indispensable au bon développement sensoriel et relationnel de l’enfant.

Il a fiévreusement scruté les catalogues de jouets pour élaborer sa lettre au Père Noël. Comme il a ouvert avec enthousiasme chacun de ses présents au pied du sapin. Quelques jours ont passé et, déjà, ses « je sais pas quoi faire » refont surface. Sa liste, aussi longue que son bras, a été plus qu’exaucée, mais la nouveauté ne suscite pas son intérêt.
Ne sait-il plus où donner de la tête face à l’amas de joujoux ? C’est possible, avance Anne-Sophie Casal, responsable des secteurs petite enfance et psychopédagogie au Centre national de formation aux métiers du jeu et du jouet, pour qui trop de jouets peut tuer le jeu : « La profusion disperse l’attention de l’enfant. Il est difficile pour les plus jeunes de faire des choix, de prendre des décisions ou de renoncer. »
« Il y a souvent un hiatus entre les désirs du parent et ceux de son enfant. Le parent tend à surévaluer et surstimuler son enfant à travers les cadeaux qu’il lui offre. »
Anne-Sophie Casal, psychologue
A-t-on bien fait de répondre à ses envies de déguisement, de jeu de société, de console de jeux vidéo, de trottinette… et de les avoir complétées par les nôtres ? S’est-on trompé, lui comme nous ? « Souvent, le jouet n’est pas adapté à l’enfant, qui va s’en détourner rapidement », poursuit la psychologue. Ainsi, le petit frère à qui l’on a offert un jeu de construction trop exigeant va se replier sur le poupon de la grande sœur. Et la grande sœur sera happée par le jeu de construction de son cadet. « Il y a souvent un hiatus entre les désirs du parent et ceux de son enfant, entre les illusions du premier et les besoins réels du second. Le parent tend à surévaluer et surstimuler son enfant à travers les cadeaux qu’il lui offre. »
Le jeu est indispensable au bon développement psychomoteur, sensoriel et relationnel de l’enfant. Ce qui n’induit pas qu’on lui assigne des objectifs. « Le cadeau est empreint d’une valeur affective et éducative. Mais le caractère éducatif du jeu l’est parce qu’il est spontané, gratuit voire stérile, et qu’il est aussi un exutoire fondamental de tensions pour l’enfant », considère la psychologue.
« Une question d’équilibre »
Choisir le jeu qui va séduire un enfant, correspondre à ses compétences et à sa sensibilité, ou encore répondre à sa mono-obsession du moment n’est pas de tout repos pour le parent. « C’est simple, il ne voulait que du Cars 3 à Noël », confie la mère du petit Téo, 5 ans. Fallait-il lui offrir à 18 mois L’Arbre magique de nos 4 ans et sur lequel, faute de maturité cognitive et de motricité fine, il va grimper au lieu d’explorer sa fibre imaginative ? Et offrir un jeu de société à cette fillette qui ne tient pas en place ou d’énièmes petites voitures au neveu qui ne joue à rien d’autre ?
« Il faut pouvoir offrir des opportunités de jeu diversifiées à son enfant, comme on le ferait d’un repas, conseille Mme Casal. Les protéines et les laitages sont importants, mais on ne peut pas se limiter à leur seule consommation ! Tout est une question d’équilibre. En matière de jeux aussi. »
Enfin, lorsqu’il fait part de son désœuvrement, l’enfant peut aussi vouloir signifier à son parent qu’il est en attente d’un temps partagé. Alors, on joue ?


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