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Trump irrité par les avancées de l’enquête russe

lundi 30 octobre 2017

CNN annonce une première inculpation dans le dossier des interférences durant la présidentielle américaine de 2016.

La volée de messages publiés dimanche matin 29 octobre sur son compte Twitter a donné une idée de l’exaspération de Donald Trump. Alors que Washington attend l’annonce d’une première inculpation dans l’affaire des interférences russes dans l’élection présidentielle de 2016, le président des Etats-Unis a dénoncé, une fois de plus, une « chasse aux sorcières » et récusé toute « collusion » entre son équipe de campagne et les responsables de ces interférences. Pour le renseignement américain, ces dernières sont liées à la Russie. Moscou a toujours nié être intervenu d’une manière ou d’une autre dans ce scrutin.
Cette première inculpation, qu’aurait décidée vendredi un grand jury, selon la chaîne d’information CNN, constituerait le premier résultat visible de l’enquête conduite par le procureur spécial Robert Mueller.
Les circonstances de la nomination de cet ancien patron de la police fédérale, en mai, soulignent la complexité du dossier. M. Mueller a été désigné par l’adjoint du ministre de la justice, Rod Rosenstein – l’attorney general des Etats-Unis, Jeff Sessions, s’était récusé pour avoir passé sous silence des contacts pendant la campagne avec l’ancien ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kislyak. Cette nomination est intervenue juste après le limogeage par le président du responsable du FBI, James Comey, qui supervisait jusqu’alors l’enquête.
Les accusations d’interférences liées à la Russie n’ont cessé de gagner en crédibilité au fil des mois – elles sont encore régulièrement contestées par M. Trump, qui y voit une manière pour le camp démocrate de s’affranchir de ses responsabilités dans la défaite du 8 novembre 2016. De nouveaux éléments ont souligné le recours ciblé aux réseaux sociaux dans des Etats-clés pour répandre de fausses informations, ou les tentatives de piratage des systèmes gérant les opérations de vote.
Pistes
Les preuves d’une coopération effective entre la direction de la campagne de M. Trump et des équipes liées aux autorités russes restent en revanche à établir. Une première piste a été évoquée par le New York Times en juillet avec la révélation d’une rencontre en juin 2016 entre Donald Trump Jr, le fils aîné du président, et une avocate russe offrant des informations compromettantes sur Hillary Clinton, Natalia Veselnitskaya. Par le passé, cette dernière avait eu des liens étroits avec le renseignement russe.
Une seconde piste concerne la publication par le site WikiLeaks de courriels internes démocrates à la suite de plusieurs piratages du site de la plus haute instance de ce parti, puis des courriels d’un des responsables de la campagne de Mme Clinton, John Podesta. Ne contenant aucune information fracassante, ces documents avaient été publiés au compte-gouttes dans le mois qui avait précédé l’élection, manifestement pour nuire le plus possible à la candidate.
Selon CNN, la société informatique Cambridge Analytica aurait contacté WikiLeaks au cours de l’été 2016 afin de préparer une base de données au bénéfice de la campagne de M. Trump. Cambridge Analytica est détenue par la famille Mercer, des milliardaires liés au patron de Breitbart News, Stephen Bannon, devenu à la même époque directeur de la campagne de M. Trump. WikiLeaks a toujours nié avoir obtenu les courriels par le biais d’intermédiaires liés à la Russie.
Des chevilles ouvrières de la campagne figurent également parmi les personnes qui ont attiré l’attention du procureur spécial. Il s’agit notamment du deuxième directeur de campagne de M. Trump, Paul Manafort, d’un ancien conseiller pour les questions internationales, Carter Page, et du premier conseiller à la sécurité nationale de l’administration, Michael Flynn. Les liens passés, notamment financiers, de ces trois hommes avec la Russie sont de notoriété publique.
Contre-attaque
D’éventuelles malversations impliquant ces personnalités pourraient être sans conséquences pour le président qui a déjà pris ses distances avec eux. Un autre proche de M. Trump, son gendre, Jared Kushner, a également intrigué. Il a rencontré en décembre 2016, après l’élection, Sergueï Gorkov, président de la Vnesheconombank, une banque russe sous sanctions américaines depuis 2014.
Manifestement embarrassé par cette affaire, le Parti républicain a choisi de contre-attaquer le 24 octobre en s’en prenant à Mme Clinton par le biais de deux enquêtes parlementaires. Les démocrates ont fustigé ce qu’ils considèrent comme des opérations de diversion. La première a pour objectif de rouvrir la controverse sur l’usage discrétionnaire d’un serveur privé lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine. Objet d’une lancinante enquête du FBI, jusqu’aux derniers jours de la campagne, cette controverse avait considérablement abîmé l’image de Mme Clinton, même si la police fédérale avait fini par écarter d’éventuelles poursuites.
La seconde, qui vise également l’ancien président Barack Obama, renvoie à la vente, en 2010, de 20 % des mines d’uranium américaines, propriétés de la société canadienne Uranium One, au russe Rosatom. Pendant la campagne, M. Trump avait assuré, sans en apporter la moindre preuve, que la fondation du couple Clinton avait tiré profit d’une vente par ailleurs autorisée par huit autres agences fédérales en plus du département d’Etat.
Les républicains se sont également saisis de la révélation du Washington Post, le 24 octobre, selon laquelle l’équipe de campagne de Mme Clinton a financé, par le biais d’intermédiaires, une enquête privée concernant M. Trump. Ce qui avait donné lieu à un rapport d’un ancien membre du renseignement britannique. L’enquête avait cependant été lancées, avant d’être abandonnée, par un site Internet conservateur, Free Beacon, financé par le milliardaire Paul Singer. Ce rapport était resté confidentiel jusqu’à sa publication par le site BuzzFeed, en janvier, deux mois après l’élection présidentielle sur laquelle il n’avait donc eu aucun impact.


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