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Washington (AFP) - Bombe à retardement ou pétard mouillé ?

Les dossiers Kennedy, plongée dans un assassinat au coeur des fantasmes

vendredi 27 octobre 2017

Des millions de documents sur l’assassinat de John F. Kennedy, ici photographié le 24 octobre 1962 à la Maison Blanche, ont été publiés par l’administration Donald Trump

Washington (AFP) - Bombe à retardement ou pétard mouillé ?
L’administration Trump a publié des millions de documents jusqu’ici secret sur l’assassinat du président américain John F. Kennedy, des dossiers qui offrent quelques nouveaux détails sur l ?événement qui bouleversa le monde, sans remettre en question la version officielle.
Plus d’un demi-siècle après la mort de "JFK" le 22 novembre 1963 à Dallas, au Texas, Washington a mis en ligne jeudi 2.891 dossiers sur le site des Archives nationales américaines. Donald Trump a toutefois repoussé de six mois la divulgation de certains documents jugés trop "sensibles".
Un report qui risque d’alimenter encore le flot intarissable des théories du complot, même si les spécialistes du dossier ne s’attendent pas à dénicher de grandes révélations dans les plus de cinq millions de documents, qui prendront probablement des mois à être épluchés.
"Les dossiers JFK sont publiés avec attention. Au bout du compte il y aura une grande transparence. J’ai espoir de porter quasiment tout à la connaissance du public !", a encore tweeté le président Trump vendredi matin.
Certains des documents remontent jusqu’en 1962, soit un an avant l’assassinat du 35e président américain imputé à Lee Harvey Oswald, un ancien Marine qui aurait agi seul.
Les documents offrent une plongée dans les intrigues de l’époque, mettant en lumières par exemple un étrange complot ourdi par la CIA pour recruter des membres de la mafia afin d’éliminer Fidel Castro, le fait que la police fédérale (FBI) était au courant d’un plan pour assassiner le tueur de Kennedy ou encore les soupçons de Moscou sur une conspiration fomentée par l’extrême droite américaine contre JFK.
- Extrême droite et URSS -
Si plusieurs théories ont à ce jour fait état de liens entre Lee Harvey Oswald, Cuba et l’URSS, un mémo du FBI datant de 1963 va à contre-sens de cette idée. Ainsi, une source explique que "les responsables du parti communiste de l’Union soviétique pensaient qu’il y avait un complot bien organisé de la part de "l’ultra droite" aux Etats-Unis pour commettre un "coup d’état"".
D’ailleurs, les Soviétiques craignaient que cet assassinat, l’un des plus retentissants de l’histoire contemporaine, puisse servir de prétexte pour "arrêter les négociations avec l’Union soviétique, attaquer Cuba et par la suite répandre la guerre".
Donald Trump a donné six mois aux services de renseignement, soit jusqu’au 26 avril 2018, pour passer au crible les documents jugés sensibles et en censurer les parties les plus délicates.
"Le président a autorisé de retenir temporairement certaines informations qui pourraient porter atteinte à la sécurité nationale, au maintien de l’ordre ou aux affaires étrangères", ont précisé les Archives nationales.
Il s’agit également de protéger les informateurs du renseignement et de la police, ainsi que les "activités menées avec le soutien d’organisations étrangères", précise une source sous couvert d’anonymat.
"Je n’ai pas d’autre choix, aujourd’hui, que d’accepter qu’on les étudie plutôt que de permettre une atteinte potentiellement irréversible à la sécurité de notre nation", avait souligné jeudi le président républicain, qui s’est lui-même prêté par le passé au jeu des théories du complot.
- Documents ’détruits’ ? -
Des centaines d’ouvrages et de films ont alimenté la thèse du complot, pointant du doigt principalement les adversaires communistes de la Guerre froide, la mafia et même le vice-président Lyndon B. Johnson.

Des hypothèses relancées après la sortie du film "JFK" d’Oliver Stone en 1991. Face au débat public alors décuplé, une loi avait été signée en 1992 imposant la publication de tous ces documents, en intégralité et sans censure, après 25 ans. Mais leur divulgation risque de ne pas suffire à faire taire même les thèses les plus folles.
"Quiconque pense qu’un document est intitulé "Membres de la conspiration pour tuer le président Kennedy" va attendre longtemps", a ironisé Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l’université de Virginie et auteur de "The Kennedy Half-Century".
Mais pour ceux qui veulent croire au complot, les dossiers maintenus secrets seront "considérés comme la Pierre de Rosette", a-t-il reconnu, faisant allusion à un fragment de stèle gravé qui avait permis de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens. "Cela va simplement alimenter encore plus les théories conspirationnistes".
Gerald Posner, auteur de "Case Closed" ayant conclu qu’Oswald avait agi seul, s’attendait à la même réaction.
"Personne ne va abandonner sa conviction qu’un complot a été ourdi parce que la publication des dossiers ne le prouve pas", a-t-il déclaré à l’AFP. "Ils diront simplement qu’ils ont été détruits ou dissimulés".


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