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Enquête sur les fonds PetroCaribe : du suspense et encore du suspense

vendredi 27 octobre 2017

National -

Le rapport est prêt. Les recommandations aussi. Les commissaires, chargés de chercher à comprendre où est passé l’argent de PetroCaribe, plus de trois milliards de dollars américains en l’espace de huit ans – une fortune pour un pays si pauvre –, aussi.

On n’en saura encore pas grand-chose, en tout cas pas avant le 14 novembre, retenue pour la tenue d’une « séance spéciale » autour de la question. Les journalistes, qui se sont agglutinés dans la salle polyvalente du Sénat, qui ont espéré déjà savoir les personnes, les institutions et les firmes épinglées dans le rapport, n’en sont pas moins peinés d’avoir été traînés en bourrique, après avoir fait, ce jeudi, durant des heures, le pied de grue au bord de mer.
Les commissaires, les trois sénateurs logés au rayon de l’opposition au pouvoir Tèt kale, ont mis en avant les vertus de « l’impartialité » et le professionnalisme de leur travail. Il « n’y a rien de politique », a avancé Évalière Beauplan, président de la commission de suivi et d’approfondissement de l’enquête de PetroCaribe. Que recommande le rapport en substance ? « Ce serait de l’irrespect qu’on en parle maintenant alors même que les sénateurs n’en savent encore rien », a répondu le premier des commissaires. Comprendre : les commissaires sont venus avec une seule copie du document qui fait plus de 400 pages et c’est pourquoi le président du Sénat, Youri Latortue, ne l’a pas reçu.
À partir de lundi prochain, tous les sénateurs disposeront chacun d’une copie du rapport, a enchaîné Évalière Beauplan, croyant qu’un exemple doit être tracé dans l’affaire PetroCaribe. Y a-t-il de nouvelles personnes mises en cause ? « Toutes les personnes épinglées dans le rapport Latortue y sont maintenues », a renforcé Nènèl Cassy, soulignant que d’autres personnes y sont ajoutées. Sur les question de carburants, du rôle du BMPAD et de l’EDH, un segment dans le nouveau rapport, Cassy évoque un « gaspillage total », sans en dire plus. Il parle d’une « séance historique » pour le 14 novembre alors que son collègue Antonio Chéramy a déjà appelé à arrêter les « vagabonds ».
« Personne ne peut assimiler notre travail à une classe, à une idéologie. C’est un document professionnel », a insisté Évalière Beauplan. Pendant une bonne quinzaine de minutes, les trois sénateurs- commissaires se sont davantage ingéniées à porter aux nues leur propre travail, plutôt que de révéler ce qui constitue l’essence du rapport dont les bonnes feuilles, c’est-à-dire les conclusions, restent un mystère. Sur les deux autres sénateurs, Richard Hervé Fourcand et Onondieu Louis, qui ont brillé par leur absence autour de la table, Évalière Beauplan, dans son exposé, en minimise l’impact, avant que Youri Latortue ne pénètre dans la salle et y mettre fin d’un signe de la main, comme dans un film à plusieurs séquences.

Juno Jean Baptiste
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