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Supprimer le TPS ferait perdre des milliards de dollars à l’économie américaine

jeudi 26 octobre 2017

Plus de 300 000 ressortissants d’El Salvador, du Honduras et d’Haïti vivent aux États-Unis avec un Statut de protection temporaire (TPS). Si le Département américain à la sécurité intérieure (DHS) laisse expirer cette couverture, les détenteurs de TPS devront choisir entre retourner dans leurs pays ou rester aux États-Unis sans ce statut protégé, ce qui signifierait ne pas pouvoir travailler légalement et vivre sous la menace constante de la déportation et de la séparation avec leurs familles. Cet article donne un aperçu de la démographie et des contributions économiques de ces trois plus grands groupes bénéficiaires de TPS.

Les États-Unis perdraient 164 milliards de dollars de leur produit intérieur brut (PIB) au cours des 10 prochaines années si les bénéficiaires du Statut de protection temporaire (TPS, en anglais) venaient à quitter le marché du travail américain forcés de retourner chez eux selon le bon vouloir de l’administration Trump, a fait savoir un rapport publié le vendredi 20 octobre 2017 par le Centre pour le progrès américain (CAP).
De plus, si les détenteurs de TPS perdaient leur autorisation de travail, cela se traduirait par une réduction de 6,9 milliards de dollars de contribution à la sécurité sociale et à l’assurance-maladie sur une décennie, d’après les calculs de Immigrant Legal Resource Centre (ILRC). Ensuite, si les détenteurs de TPS étaient renvoyés de leurs emplois actuels, les employeurs auraient des coûts de roulement de 967 millions de dollars.
Ces 300 000 bénéficiaires du TPS, originaires du Salvador, du Honduras et d’Haïti, résidant actuellement aux États-Unis, sont dans le viseur de la politique d’immigration du président Donald Trump. Le secrétaire à la Sécurité intérieure, en consultation avec le secrétaire d’État américain, a le pouvoir discrétionnaire d’accorder le TPS aux personnes originaires de pays où les conflits armés, les catastrophes environnementales ou d’autres conditions exceptionnelles et temporaires rendent impossible leur retour sans compromettre leur vie.
Plus de 90% des détenteurs de TPS aux États-Unis viennent d’El Salvador, du Honduras et d’Haïti. L’analyse de ces trois pays a montré qu’en 2015, 60% des bénéficiaires du TPS sont des Salvadoriens, 18% des Honduriens, 15% des Haïtiens et 7% d’autres pays. On estime que 195 000 Salvadoriens sont actuellement détenteurs de TPS, avec environ 57 000 Honduriens et 50 000 Haïtiens.
Par ailleurs, le taux d’emploi de ces immigrants avec une autorisation légale est de 83,5% pour les Salvadoriens, de 81,9% pour les Honduriens et de 69,2% pour les Haïtiens.
Nicole Svajlenka, analyste politique de CAP et coauteur du rapport, a également noté que ces bénéficiaires sont des parents de « plus d’un quart de million (273 200) de citoyens américains » et vivent dans le pays depuis 19 ans. Si le TPS était éliminé, ces enfants, citoyens américains, devraient également faire face à des risques sérieux : ils devraient soit être séparés de leurs parents, soit contraints de déménager dans un pays qui leur est étranger.
Les détenteurs de TPS sont des membres intégrés depuis longtemps dans des communautés à travers les États-Unis. En moyenne, les Honduriens vivent depuis 22 ans aux États-Unis avec le permis TPS, les Salvadoriens depuis 21 ans et les Haïtiens depuis 13 ans.
Ces derniers, possédant également un permis de travail et une protection limitée dans le temps contre l’expulsion, vivent dans 206 000 ménages, dont 61 100 (près d’un tiers) ont des hypothèques sur leur logement.
Par ailleurs, Svajlenka a signalé que, pour le renouvellement du TPS, les bénéficiaires « sont soumis à un processus d’application rigoureux et continu, avec des révisions de leurs informations tous les 18 mois » et que chaque fois ils paient des « sommes substantielles » pour le permis.
Les États qui seraient les plus touchés si le TPS était suspendu pour ces bénéficiaires seraient la Californie (55 000 résidents), le Texas et la Floride (44 800 chacun), New York (26 000), la Virginie (23 500) et le Maryland (22 500).
Les plus grandes concentrations de détenteurs de TPS du Salvador vivent dans les régions métropolitaines de Washington, Los Angeles et New York. Ceux du Honduras vivent dans les zones métropolitaines de New York, Miami et Houston tandis que les Haïtiens vivent dans les zones métropolitaines de Miami, New York et Boston.
Selon le rapport, basé sur une enquête récente, 77% des Salvadoriens et des Honduriens bénéficiaires du TPS envoient 9% de leur salaire dans les envois de fonds vers leur pays d’origine. Ces envois de fonds sont essentiels pour faciliter la reprise et renforcer les économies des pays désignés pour le TPS - en particulier à un moment où l’aide étrangère des États-Unis à ces pays est en baisse. Par exemple, la proposition de budget de 2018 de l’administration Trump au Congrès propose de réduire l’aide étrangère à l’Amérique latine et aux Caraïbes à des niveaux jamais vus depuis 2001.
En vertu de la loi, le TPS est accordé pour des périodes allant de six à 18 mois. Étant donné que les décisions relatives au renouvellement du TPS doivent être prises au plus tard 60 jours avant son expiration, ces décisions doivent être prises pour El Salvador, le Honduras et Haïti respectivement au plus tard le 8 janvier 2018, le 6 novembre 2017 et le 23 novembre 2017.

Patrick Saint-Pré


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