MosaikHub Magazine

Sans perdre espoir

mardi 26 août 2014

Ce dimanche 24 août la rentrée scolaire a eu lieu à Gaza. Oui, la réouverture des classes a eu lieu un dimanche, car le dimanche est un jour ouvrable en Palestine en particulier et dans le Moyen-Orient en général.

Une école de Gaza, gérée par l’ONU et qui sert d’abri, a ouvert symboliquement ses portes. Elle le pouvait. Elle a encore portes, bancs et toit. Cette école est une de ces institutions rescapées de sept semaines de bombardements israéliens.

En fait, à cause de la guerre, la vraie rentrée attendra. Pas la réouverture symbolique.
« Le seul appel de cette rentrée était celui des morts. Les enfants de Gaza ont récité la Fatiha, la première sourate du Coran, pour honorer la mémoire de plus de 2 100 Palestiniens tués depuis le début de l’offensive israélienne, le 8 juillet », rapporte l’Agence France Presse.

Dans cette école de l’ONU située dans le camp de réfugiés de Chati, les enfants ont ensuite rejoint leurs salles de classe, qui leur tiennent lieu de refuge, jour et nuit, parfois depuis des semaines.

Près d’un demi-million d’enfants de Gaza seront privés de rentrée des classes cette année, selon l’UNICEF, le Fonds des Nations unies pour l’enfance.

Dans les salles de classe, chaque famille tente de se bricoler un coin d’intimité, avec des matelas et des tissus tendus de part et d’autre. On y cuisine, on y dort, on s’y lave, mais dans ces classes on n’étudie plus.

L’école devra attendre pour reprendre au moins deux ou trois semaines après l’instauration d’un cessez-le-feu durable, estiment les humanitaires. Or cette perspective paraît pour le moment bien lointaine.

A cause de la guerre, la rentrée attendra. A Gaza. Pas dans tout le pays.

En Haïti, la guerre à Gaza nous paraît loin. Le conflit israélo-arabe encore plus éloigné de nos préoccupations depuis que Lustin Muray Junior n’est plus là pour en parler tous les dimanches sur les ondes de Radio Galaxie. Lui et ses amis experts en relations internationales autant que RFI (encore dans la course) nous amenaient les palpitations du monde dans nos oreilles d’auditeurs haïtiens.

L’école reprendra au plus vite à Gaza. Elle sera perturbée. Ce sera difficile. Cela tiendra du pari impossible pendant quelques semaines, mais l’école s’impose comme un incontournable même en temps de guerre.

Combien de fois, ces quarante dernières années, sur de légers prétextes, nous avons renoncé à notre devoir d’ouvrir les classes, d’envoyer nos enfants à l’école, avons décidé de ne pas honorer nos engagements envers l’avenir ? Combien de fois avons-nous perdu sans raison un jour de classe depuis le 7 janvier 1986, la première fois que le retour à l’école fut renvoyé par des autorités constituées ?
Plus de fois que nous ne pouvons nous en souvenir.

Chaque fois que nous en avons l’occasion, nous avons bombardé d’idioties et de considérations oiseuses notre obligation incontournable. Nous avons enseveli l’école haïtienne sous un tas d’immondices innommables.

Autre nouvelle internationale de la fin de la semaine passée, l’Ukraine a renvoyé son Parlement (il est constitutionnellement admis de le faire dans ce pays) et des élections sont prévues pour - vous ne devinerez jamais- le 26 octobre prochain.

Chez nous, entre le groupe des 6 qui refuse d’affronter la sanction de l’assemblée des sénateurs et Edo Zenny qui se cherche des alliés pour rendre inopérant le Sénat, nous piétinons. Allégrement. Nous jouons à ne jamais grandir. Comme des enfants dans le bac à sable d’une maternelle qui n’entendent pas le son de la cloche de la fin de la récréation.


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