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La veuve du président René Préval veut récupérer le coeur et les poumons de son mari prélevés lors de l’autopsie

mercredi 13 septembre 2017

La veuve de l’ex-président René Préval, Elisabeth D. Préval, fait la navette à l’Institut médico-légal. Six mois après l’autopsie pratiquée le 7 mars, le cœur et les poumons sont gardés.

National -

« La famille veut maintenant que les organes lui soient remis après que la justice ait statué que le président Préval est mort de cause naturelle et classé sans suite le dossier », a indiqué Elisabeth D. Préval, rencontrée, en milieu de journée, à l’Institut médico-légal, le mardi 12 septembre 2017. « Je suis dévastée de constater qu’une personnalité que je considère comme un patrimoine humain, deux fois président élu démocratiquement, considéré par beaucoup comme le père de la stabilité soit traité ainsi. Il mérite un meilleur traitement que celui qu’il a reçu après l’autopsie », a confié l’ex-première dame.
« J’ai cru comprendre que c’est l’Institut médico-légal qui avait la haute main. L’institut veut avoir une note du parquet pour permettre la restitution des organes », a expliqué Elisabeth D. Préval, qui a souligné l’« accueil et la courtoisie » du Dr Jean Armel Demorcy et du personnel de l’institut. L’ex-première dame, dans la foulée, a remercié « l’équipe du Palais national, tout particulièrement Son Excellence Jovenel Moïse » pour leur dévouement et l’encadrement exceptionnel fourni à la famille lors des funérailles du président René Préval. « Ces funérailles nationales ont été organisées dans l’un des plus beaux cadres qu’on pourrait offrir à un ex-chef d’Etat », a souligné Elisabeth D. Préval, qui dit attendre qu’on lui restitue les restes de son mari pour pouvoir « poursuivre son deuil ».
« Je pense que le parquet devrait venir et participer à la destruction de ces spécimens tout simplement. Et ne pas remettre forcément à une partie quelque chose qui a été prélevé par l’Etat. Je pense que c’est l’Etat qui doit trancher cette question. Cela est mon point de vue. Parce que c’est un mauvais précédent. Vous imaginez, vu le nombre d’autopsie qu’on a à réaliser, si tous les parents se mettraient à réclamer des spécimens de sang, etc. On ne s’en sortirait pas », a confié au journal le Dr Jean Armel Demorcy, directeur de l’Institut médico-légal. Il a confié avoir fait part au parquet depuis plus d’un mois de la requête de la première dame.
C’est le parquet qui demande l’expertise au nom de l’Etat haïtien. Si le dossier est classé sans suite, le parquet devrait demander à l’institut de détruire les spécimens pour les cas qui ne sont pas pendants devant la justice. C’est ainsi que cela doit se faire. Pour ce cas bien précis, effectivement, Mme Préval nous avait demandé de lui rendre ces spécimens. Cela nous dépasse. On travaille pour le parquet. On lui avait dit qu’on doit contacter le parquet et c’est lui qui doit donner l’ordre. On a demandé l’ordre, jusqu’à présent, on n’a rien reçu du parquet. Cela fait plus d’un mois, a expliqué le responsable de l’Institut médico-légal.
Le journal a contacté sans succès le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Clamé Ocname Daméus.
L’ex-président René Préval, 74 ans, est mort de « cause naturelle », chez lui, le 3 mars 2017. Il n’y a pas de trace suspecte de violence sur son corps. L’examen toxicologique, effectué aux Etats-Unis, n’a révélé aucun élément toxique. « Les examens anatopathologiques réalisés sur son cœur, son foie et ses poumons ont révélé une bronchopneumonie obstructive chronique à l’origine d’une détresse respiratoire », avait confié au journal le docteur Jean Armelle Demorcy, directeur de l’Institut médico-légal le mercredi 24 mai 2017.
L’une des causes les plus fréquentes « de cette maladie est le tabagisme. L’ex-président René Préval fumait énormément », avait poursuivi le médecin. Cette autopsie est une première dans l’histoire de la médecine légale en Haïti, a indiqué le docteur Jean Armelle Demorcy, qui plaide pour l’obtention de moyens pour que l’Institut médico-légal puisse fonctionner correctement.
Le chef du parquet de Port-au-Prince, Me Ocname-Clamé Daméus, a décidé de classer le dossier sans suite parce qu’il n’ y a pas matière à suivre. « Il n’y a ni crime ni délit dans le cadre de cette affaire », avait-il dit, ajoutant que si le président était mort d’un empoisonnement, l’enquête se poursuivrait afin de fixer les responsabilités et punir les auteurs.

Roberson Alphonse
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