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Trafic illicite de la drogue/Justice américaine

« La présidence n’avait pas publié la résolution...

jeudi 27 avril 2017

« La présidence n’avait pas publié la résolution du Sénat », « ce n’est pas le moment de dénoncer l’accord de 1997 », selon un conseiller de Jovenel Moïse Jovenel Moïse et Guy Philippe ont fait campagne ensemble, côte à côte pendant la période électorale de 2016 dans le département de la Grand’Anse.

Les deux hommes sont apparus plusieurs fois sur des photos. Jovenel Moïse aujourd’hui est le président de la République d’Haïti tandis que parallèlement Guy Philippe reconnaît son implication dans le trafic de drogue et est en passe d’être condamné par la justice américaine. « Le président n’a aucun regret. Guy Philippe n’avait aucune charge retenue contre lui à ce moment… », défend Guichard Doré, conseiller spécial du chef de l’État.

National -
Lorsque Guy Philippe et Jovenel Moïse étaient ensemble pendant la campagne électorale, « à ma connaissance, Guy Philippe jouissait de toute sa liberté, c’est pourquoi il était candidat. Si la justice haïtienne lui reprochait quelque chose, il n’aurait pas pu avoir certains documents… », a affirmé, mardi, au Nouvelliste Guichard Doré, conseiller spécial du chef de l’État. Toutefois, il reconnaît que la police pouvait disposer des dossiers sur Guy Philippe que « le pauvre candidat à la présidence Jovenel Moïse n’avait pas à l’époque puisqu’il était un candidat comme les autres… »

« Guy Philippe a décidé de plaider coupable devant la justice américaine, je souhaite que lumière soit faite sur le dossier », a avancé M. Doré comme s’il s’attendait encore à plus de lumière sur le dossier même après les aveux de l’ancien commissaire de police. « Nous ne sommes pas la justice ni la police, nous ne pouvons pas nous prononcer sur le fond du dossier », a-t-il soutenu.

Réagissant sur la résolution votée au Sénat en faveur de Guy Philippe, Guichard Doré s’est félicité du fait que le chef de l’État n’avait pas promulgué le document dans le journal officiel du pays, Le Moniteur. Selon lui, parce que la présidence n’avait pas d’informations sur les démêlés de Guy Philippe avec la justice et « pour protéger les institutions républicaines et permettre à l’Etat d’avoir la moralité au plus haut niveau, la présidence avait utilisé la raison d’État pour ne pas publier la résolution… »

Guichard Doré a rappelé qu’au moment de l’arrestation et du transfert de Guy Philippe vers les États-Unis, Jovenel Moïse n’était pas encore président de la République.

À la question de savoir si Jovenel Moïse était déjà le chef de l’Etat, aurait-il accepté l’arrestation de Guy Philippe par la DEA et son transfert vers les Etats-Unis, Guichard Doré ne sait pas ce qui se serait passé. Toutefois, il reconnaît que les Américains et Haïti ont signé un accord sur la surveillance des espaces maritime et aérien du territoire dans la lutte contre le trafic de la drogue.

Le conseiller spécial de Jovenel Moïse a dit souhaiter le renforcement de la justice haïtienne pour trancher la situation des Haïtiens ayant des démêlés avec la justice. Cependant, il ne pense pas que l’administration Moïse devrait dénoncer l’accord de 1997 qui permet aux agents de la DEA d’arrêter des citoyens haïtiens sur le territoire national et de les transférer aux États-Unis.

« Je ne pense pas que ça soit le moment de le faire », a-t-il raisonné. Pour dénoncer l’accord, il faut avoir la capacité de lutter contre le trafic de la drogue avec une force armée contrôlant les eaux territoriales, une force aérienne… », a-t-il nuancé.

Guichard Doré a rappelé qu’au moment de la signature de l’accord de 1997, le pays était considéré comme un narco État et que le contexte prêtait à la signature du document.

Pour sa part, Me Reynold Georges, avocat de Guy Philippe en Haïti et conseiller du président de la République, continue de dénoncer aujourd’hui encore le transfert de Guy Philippe aux Etats-Unis dans la forme. Dans le fond, a-t-il dit au Nouvelliste, « c’est Guy Philippe et sa conscience… s’il a plaidé coupable, je n’ai rien à dire dans le dossier…Mais toujours est-il que la forme prime le fond… »

Selon Me Reynold Georges, les photos de Guy Philippe avec Jovenel Moïse en campagne dans la Grand’Anse ne veulent rien dire et n’ont aucune conséquence sur l’image du président de la République.

Devant un tribunal fédéral américain en Foride le lundi 24 avril, Guy Philipe a plaidé coupable, reconnaissant son implication dans le trafic illicite de la drogue d’Haïti vers les États-Unis. Il risque une peine d’emprisonnement allant de 9 à 20 ans. La sentence sera prononcée le 5 juillet prochain.


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