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Le destin de plusieurs milliers d’Haïtiens suspendu à la plume de Donald Trump

vendredi 3 mars 2017

Près de 50 000 bénéficiaires haïtiens espèrent que le président américain Donald Trump signera le renouvellement de leur statut temporaire de protection (TPS) qui arrive à expiration en juillet. Les chances, d’un autre côté, sont minces pour 35 000 ressortissants haïtiens sur la liste de déportation alors qu’à Tijuana, à la frontière entre le Mexique et les USA, plus de 2500 immigrés clandestins veulent rentrer sur le sol américain, très inhospitalier ces jours-ci.

National -
Quelque 50 000 ressortissants haïtiens détenteurs du Temporary Protected Status (TPS) vivent avec la peur au ventre à l’approche de l’expiration, en juillet 2017, de ce permis de 18 mois octroyé par l’administration Obama. Les rafles de ressortissants illégaux dans plusieurs États américains et les promesses de durcissement de la politique d’immigration par le président Donald Trump n’arrangent rien. « C’est la panique », a confirmé Edens Debas, animateur de « Haïti d’abord », une émission radiophonique à New York. Les concernés par le TPS ne savent pas avec certitude de quoi demain sera fait. Ils ne savent pas s’ils seront renvoyés en Haïti ni s’ils pourront continuer à travailler. Trois mois avant l’expiration du TPS, ceux qui travaillent risquent d’être mis à pied, a expliqué Edens Debas, « optimiste » en revanche pour la suite.

Si le président Donald Trump ne renouvelle pas le TPS, ce serait « une première dans l’histoire », a confié Edens Debas, attentif au plaidoyer initié, entre autres, par le conseiller municipal de New York Eugène Mathieu qui a introduit, en décembre 2016, un texte au sein du conseil municipal pour le renouvellement du TPS. Le tout est supporté par une pétition lancée la semaine dernière pour obtenir 500 000 signatures . Il y a « beaucoup de chance » que le TPS soit renouvelé. « Je suis optimiste », a dit Eugène Mathieu, interrogé par le journal.

Les cyclones de 2008, le séisme du 12 janvier 2010, l’épidémie de choléra et l’ouragan dévastateur Matthew ont impacté Haïti. Le TPS, « geste humanitaire après 2010 », « est encore nécessaire aujourd’hui », a soutenu Eugène Mathieu qui compte sur le support du sénateur démocrate de New York Chuck Shummer, leader de la minorité démocrate au Sénat. « J’espère que le président Donald Trump se rappellera sa visite à Little Haiti, à Miami, lors de la campagne », a indiqué Eugène Mathieu.

L’activiste Marlène Bastien, responsable de Fanm ayisyen nan Miami (FAM), a fait écho « des grandes préoccupations » des bénéficiaires du TPS. L’incertitude domine parce qu’il n’y a aucun signal de l’administration Trump, a-t-elle indiqué, soulignant elle aussi qu’il y a « beaucoup de gens » qui souhaitent que le TPS soit renouvelé. Les quelque 50 000 Haïtiens concernés par le TPS ne sont pas les seuls à être angoissés. 35 000 Haïtiens qui ont des démêlés avec la justice américaine sont sur la liste de déportation. Parmi ces gens, appelés « criminels aux États-Unis », on compte des gens entrés illégalement dans le pays. Il y a des gens détenus comme par exemple cette mère emprisonnée pour avoir mordu sa fille, a cité Marlène Bastien.

L’activiste a par ailleurs indiqué que quelque 5000 Haïtiens arrivés aux États-Unis en passant par le Mexique sont détenus pas seulement dans des centres de détention, mais aussi dans des prisons dans plusieurs États. Un millier a déjà été déporté, a expliqué Marlène Bastien. Les chances de régulation sont minces pour ces compatriotes, ont souligné Eugène Mathieu et Marlène Bastien. Quoi qu’il en soit, plus de 2500 ressortissants haïtiens sont bloqués à Tijuana, au Mexique, dans l’espoir de rentrer aux USA alors que la décision prise par l’administration Obama le 22 septembre 2016, bien avant l’arrivée de Donald Trump, avait ôté toute possibilité à ces Haïtiens de rentrer aux USA, a expliqué Marlène Bastien. La diaspora haïtienne est un pourvoyeur de fonds important au pays. En moyenne, depuis ces dernières années, le volume de transferts d’argent des Haïtiens aux États-Unis est supérieur à deux milliards de dollars US. En attendant la décision de Donald Trump sur le TPS et la présentation de sa loi sur l’immigration, chacun décrypte des signaux.

Le président Trump avait proposé mardi devant le Congrès un nouveau système d’immigration « basé sur le mérite », citant en exemple des pays comme le Canada et l’Australie s’en prenant avec virulence aux immigrés clandestins.

Le président américain a dit vouloir « abandonner le système actuel d’une immigration peu qualifiée et adopter à la place un système basé sur le mérite » qui permettra, selon lui, d’« économiser énormément d’argent ». « Ceux qui veulent entrer dans un pays doivent être capables de subvenir financièrement eux-mêmes à leurs besoins », a affirmé Donald Trump dans son premier discours de politique générale devant les représentants des deux chambres réunies en session commune. Le président a également martelé avec force sa détermination à lutter contre l’immigration clandestine qu’il a liée avec la criminalité aux États-Unis, selon un article dans les Affaires titrés « Trump veut un modèle d’immigration au mérite comme au Canada ».

La chaîne d’information en continu CNN a indiqué dans un long article que le président Donald Trump veut faire voter une loi de réforme de l’immigration qui pourrait donner le statut légal à des millions d’immigrants illégaux vivant aux États-Unis. Le temps opportun pour une loi sur l’immigration, s’il y a un compromis entre républicains et démocrates, a dit le président Donald Trump à des reporteurs mardi à la Maison-Blanche. Le président américain, a poursuivi l’article du CNN, ne voit pas cette réforme comme une décision qui pourrait heurter sa base politique.

Roberson Alphonse

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