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Syrie : l’adolescent qui a déclenché la guerre a été retrouvé

vendredi 16 décembre 2016

Son tag anti Bachar al-Assad puis son arrestation et sa torture avait déclenché les premières manifestations en 2011. The "Globe and Mail" l’a retrouvé.

Par 6Medias

C’est la première fois qu’il s’exprime. L’histoire incroyable de cet adolescent, repérée par Courrier international , est rapportée par le quotidien canadien The Globe and Mail. Pendant six mois, leur journaliste Mark MacKinnon a enquêté sur celui par qui tout est arrivé, le créateur du "moment Sarajevo", en référence à l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914. En 2011, Naief Abazid a 14 ans. En plein printemps arabe, le 16 février, cet adolescent tague "C’est votre tour, Dr Bashar al-Assad" sur le mur d’une école de sa ville de Deraa dans le sud-ouest de la Syrie. Un tag "pour rire", "j’étais un enfant, je ne savais pas ce que je faisais", explique-t-il au Globe and Mail. "J’ai réalisé que c’était sérieux seulement au moment où je suis arrivé en prison".

En effet, dès le lendemain de son graffiti, Naief Azabid est arrêté par un membre des redoutés services de sécurité syriens et torturé dès son arrestation. Au total, 22 autres garçons de la même ville seront aussi emprisonnés et torturés. Après plusieurs semaines sans nouvelles de leurs enfants, les habitants de Deraa organisent une marche de protestation pour demander leur libération. La police ouvre le feu sur les manifestants et deux d’entre eux sont tués : "les premiers martyrs du printemps syrien", écrit le Globe and Mail. Le 20 mars, les 23 adolescents sont libérés, "pardonnés" par Bachar al-Assad. De retour dans leur ville et dans leurs familles, ils sont célébrés en héros. Mais la colère des habitants de Deraa a essaimé et les manifestations se multiplient dans tout le pays. Le 1er avril 2011, les manifestants de Deraa répliquent : c’est le début de la guerre civile.

Périple jusqu’en Europe

Durant la première année de la guerre, Naief Abazid reste à Deraa avec sa famille sans jamais prendre d’autres armes que sa bombe de peinture. Après une blessure par balle au bras, il est transféré dans un hôpital en Jordanie. Il passe deux ans dans des camps de réfugiés jordaniens avec sa famille avant de retourner en Syrie en 2014. La vision de sa ville "entièrement démolie" reste un souvenir "horrible". Pendant sept mois, ils vivent dans la terreur, sous les bombes du régime de Bachar al-Assad. Mi-septembre 2015, ils assistent à la déclaration d’Angela Merkel qui annonce que l’Allemagne accueillera les réfugiés syriens qui arriveront à ses frontières. Naief, en compagnie de son frère et de l’un de ses cousins, entame un long et coûteux périple. "Nous n’avions plus de futur à Deraa", explique Naief, "il n’y avait que deux options : être tué ou devenir sans-abri". Ils rejoignent d’abord la Turquie, après un passage dans les territoires de l’État islamique, puis empruntent une embarcation de fortune, payée au prix fort aux passeurs, jusqu’à la Grèce d’où ils rejoignent la Macédoine. Ils traversent ensuite la Serbie et la Hongrie avant d’arriver à Vienne en Autriche, où Naief se trouve aujourd’hui depuis plus d’un an, essayant de se faire une place loin de son pays d’origine.


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