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Bloc-notes

Castro… que gardera l’Histoire ?

mardi 29 novembre 2016

Mobilisant contre lui empoisonneurs et biographes, cela faisait plus de cinquante ans que, par des moyens tantôt sophistiqués, tantôt ridicules, on essayait de tuer Fidel Castro. Cet homme avait quelque chose d’un mapou et refusait de se laisser abattre.

Paradoxe de la propagande, Hollywood et le bas romantisme aidant, les assassins du Che sont même allés jusqu’à sanctifier leur victime pour mieux diaboliser Castro.

Maintenant que la chair est morte, l’offensive continue. Le corps n’est plus, mais demeure la légende. Car quoi que disent ou montrent certains médias occidentaux ayant donné plus de place dans leurs bulletins et reportages aux scènes de liesse des électeurs de Trump dans les rues de Miami qu’à ce qui se passe ou se dit dans les rues de la Havane ou de Santiago, sauf à pousser très loin dans la caricature, comment réduire Castro à un « dictateur sanguinaire », « homme qui n’aime que la guerre », « démagogue et mégalomane ». Assassin ? Tel ou tel président de telle ou telle grande puissance aura tué dans le monde beaucoup plus de personnes en un seul mandat que soixante ans de régime castriste. Démagogue ? Car « c’est le soutien de l’Union soviétique qui avait fait croire à la réussite économique de la révolution ». Tiens ! Et Israël ? Et surtout, sans souscrire à l’usage de la répression comme solution aux conflits idéologiques, faut-il adhérer à la décontextualisation opérée délibérément dans certaines « analyses » des actions et mesures du régime castriste ? La révolution n’avait pas d’ennemis et si elle en avait, c’était des anges bleus. Et ceux qui débarquèrent à la Baie des Cochons venaient pour faire l’amour…

Mais laissons cela. Il y a une part d’indéfendable dans l’acte même de réprimer. Mais on ne peut reprocher à Castro une pratique courante aujourd’hui dans la gestion des affaires du monde et de chaque pays en particulier : il n’a pas appauvri les pauvres. On ne pourra pas lui reprocher non plus d’avoir signalé l’une des plus grandes injustices, sinon la plus grande : la richesse pour un petit nombre, la pauvreté et la précarité pour les autres. La propagande a voulu nous faire croire que ces idées sont passées de mode. Mais ceux qui n’ont droit ni aux soins de santé ni à une véritable éducation, ceux qui vivent mal d’un temps de travail vendu peu cher ou de la débrouillardise qui est devenue leur seul savoir, s’accrochent à ces idées. On peut dire ce que l’on veut et demander à quel prix, mais il reste que Cuba fait la preuve qu’on peut faire des choses en bien pour le plus grand nombre par voie de socialisme.

Et nous, ici, dans les temps récents, nous devons à Cuba un soutien dans le domaine médical dont les médias ont très peu parlé, mais dont l’ampleur a été saluée par des officiels haïtiens qui ne sont pas connus pour avoir nourri des amitiés avec le socialisme. On dira que Castro n’était plus aux affaires depuis déjà quelques années, mais c’est une vision du monde qui est en œuvre. Cela, nous Haïtiens, ne pouvons l’oublier.

La mémoire que l’Histoire gardera de Fidel Castro est un enjeu idéologique. Une bataille qui ne fait que commencer. Il reviendra au peuple cubain, pas forcément à ceux qui piaffent aujourd’hui, de trancher .

AUTEUR

Antoine Lyonel Trouillot

zomangay@hotmail.com


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