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Angola : le pays qui doit tant à Fidel Castro

lundi 28 novembre 2016

Le soutien des soldats cubains au MPLA du président Dos Santos a été un tournant décisif dans le destin de l’Angola et de l’Afrique australe.

Par Le Point Afrique

Parmi les hommages africains rendus à Fidel Castro, disparu vendredi à La Havane à 90 ans, il y en a un qui ne peut passer inaperçu. C’est celui de l’Angola dirigé par le président Eduardo Dos Santos, également chef du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA). Son sort a été, avant et après l’indépendance en 1975, étroitement lié au soutien politique et militaire du dirigeant cubain. Faut-il le rappeler : durant un quart de siècle, l’Angola a été le théâtre du plus grand affrontement africain de la période de la guerre froide, dans lequel le régime castriste a tenu l’un des rôles principaux.

50 000 soldats cubains ont été déployés en Angola

Au plus fort de la guerre civile qui a déchiré l’Angola entre 1975 et 2002, Cuba y a déployé jusqu’à 50 000 de ses soldats. Ils ont porté à bout de bras le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), qui dirige l’ex-colonie portugaise depuis son indépendance en 1975. Plus de 4 300 y ont perdu la vie. Cela explique que le chef du MPLA et président du pays, José Eduardo Dos Santos, 74 ans, s’est dit « consterné » par la disparition de Fidel Castro.

Dans une déclaration aux accents très révolutionnaires relevée par l’AFP, il a salué une « figure historique et transcendante ». Surtout, il a rappelé la « contribution inoubliable de son pays [...] à la défense, au maintien de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Angola ». Pendant la guerre civile, Cuba, soutenu par l’Union soviétique, est le principal soutien du MPLA. Les deux autres mouvements de rébellion qui l’affrontent, le FNLA et l’Unita, sont soutenus par les États-Unis, l’Afrique du Sud, les Européens et même la Chine. « L’Angola a été le terrain de confrontation des superpuissances de la guerre froide », résume la chercheuse Paula Roque, de l’université d’Oxford (Grande-Bretagne), « les Cubains ont joué un rôle déterminant dans la guerre ». L’intervention cubaine connaît son apogée lors de la bataille de Cuito Cuanavale. En janvier 1988, plusieurs milliers de militaires cubains sont engagés, aux côtés de soldats angolais, contre l’armée sud-africaine. C’est la plus importante bataille qui se déroule sur le sol africain depuis la Seconde Guerre mondiale.

L’impact de Cuba a été très fort en Afrique australe

La légende veut que, durant la bataille, Castro téléphonât lui-même ses ordres à ses officiers engagés à plus de 14 000 kilomètres de La Havane. « Les Cubains ont boxé largement au-dessus de leur catégorie », poursuit Mme Roque, « ils n’étaient alors qu’une petite île mais ils avaient de grandes ambitions en Angola ». L’affrontement, féroce, s’achève sans réel vainqueur militaire. Mais il aboutit à l’indépendance de la Namibie, alors sous mandat sud-africain, que Pretoria finit par accepter en échange d’un retrait des forces cubaines de l’Angola.

Deux ans plus tard, Nelson Mandela sort de prison et l’Afrique du Sud commence à tourner la page de l’apartheid. La bataille de Cuito Cuanavale « fut le moment décisif de la libération de l’Afrique australe », a souligné samedi le président namibien Hage Geingob en rendant hommage à Fidel Castro.

Outre l’Angola et la Namibie, Cuba a également prêté main-forte au Frelimo dans les guerres d’indépendance et civile qui ont ensanglanté le Mozambique. « La réalité, c’est qu’il existe un lien inextricable entre Cuba et le combat pour la libération de l’Afrique australe », rappelle Mac Maharaj, un vétéran du Congrès national africain (ANC), compagnon de détention de Nelson Mandela. « Fidel est devenu une source d’inspiration pour notre combat. »

La reconnaissance de Nelson Mandela

Cuba fut d’ailleurs un des premiers pays visités par Nelson Mandela dans l’année qui suivit sa libération. Et l’évocation du nom de Fidel Castro a reçu « les applaudissements les plus nourris » lors de la cérémonie d’investiture du nouveau président Nelson Mandela en 1994, se souvient un des compagnons de route du premier chef d’État noir du pays, Ahmed Kathrada. « Sa popularité en Afrique du Sud était indéniable », raconte-t-il. Presque trois décennies après la fameuse bataille de Cuito Cuanavale, la présence cubaine reste forte en Angola. Près de 42 % des médecins du pays sont cubains, dont certains restés après la guerre.


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