MosaikHub Magazine

Les sarkozystes reviennent en fillonie

mardi 22 novembre 2016

François Fillon a accueilli les parlementaires à l’occasion d’un cocktail à la Maison de la chimie, à Paris. Au menu : le grand retour des sarkozystes !

Par Emmanuel Berretta

Ils sont venus, ils sont tous là ! Les parlementaires sarkozystes sont nombreux à se presser autour de François Fillon lors du cocktail donné par le favori de la primaire, mardi 22 novembre à midi, à la Maison de la chimie. La grande réconciliation est en cours. Aux premières loges, le sénateur Pierre Charon est encore peiné pour Nicolas Sarkozy qu’il qualifie de « rock star ! ». « Il y a Johnny et il y a les vedettes », ajoute-t-il avec cette pointe d’humour qui a fait sa réputation. Aux dernières nouvelles, l’ancien chef de l’État, cruellement éliminé dès le premier tour, prend très bien la chose. Il est digne dans la défaite.

Le vainqueur du premier tour (44,2 %) ne peut se déplacer dans ce salon de la Maison de la chimie sans que les parlementaires ne lui réclament une photo, généralement prise à la hâte par leur assistant parlementaire. Le selfie n’est pas entré dans les mœurs au Parlement. Devant la table du cocktail, picorant quelques amuse-bouches, Patrick Stefanini, le directeur de campagne de Fillon, lâche cette petite info sur la préparation du débat de jeudi avec Juppé : « C’est moi qui ferais le rôle de Juppé. » C’est vrai qu’il le connaît mieux que quiconque pour avoir été pendant très longtemps son collaborateur à Matignon, au RPR et à Bordeaux. Stefanini a finalement rejoint Fillon très tôt dans cette campagne. Ses efforts sont sur le point d’être récompensés. Il ne manque que 6 points à l’homme de la Sarthe pour l’emporter mais chez les fillonistes, on ne fanfaronne pas.

« François n’est dupe de rien »

Tout le monde a également remarqué qu’Alain Joyandet, sarkozyste du premier cercle, a fait son entrée dans le salon en s’accrochant aux bras de François Fillon. La scène fait sourire les fillonistes fidèles. « François n’est dupe de rien », lâche, dans un sourire, la sénatrice Caroline Cayeux, filloniste de la première heure. Éric Woeth, un filloniste qui a rejoint Sarkozy pour rédiger son programme, semble un peu perdu dans cette assemblée agitée de mouvements de foule provoqués par les caméras et les photographes qui s’agglutinent autour du candidat.

Sèchement battu dimanche soir (2,4 %), Bruno Le Maire ne boude pas. Il est venu soutenir sans détour Fillon qui, dans son discours du jour, salue ce ralliement « carré ». Bruno Le Maire est chaleureusement accueilli par tous. Il se fond dans la masse des parlementaires avec aisance. « Au fond, j’ai toujours dit que cette élection serait gagnée par le troisième homme, analyse-t-il, la tête froide. Longtemps, nous étions deux côte à côte, Fillon et moi. À la fin, il a bien fallu en choisir un. Les gens ont préféré Fillon. Et il a gagné. Les gens que je croisais me disaient : On vous aime bien, mais on va voter Fillon. »

Sarkozy s’est heurté au « mur de la confiance »

Chez les sarkozystes, les langues se délient sur la difficulté de cette campagne. « On n’a pas réussi à convaincre que Nicolas appliquerait son programme », confie, désabusé Maurice Leroy, un centriste qui a toujours soutenu l’ancien président. Bernard Reynès, le député-maire de Châteaurenard, confirme : « Partout où j’ai fait des réunions tupperware, je me suis heurté à un mur : les gens nous disaient on n’a plus confiance. Ce n’était pas le programme, le problème. Du coup, les réunions duraient deux heures, car pendant la première heure, il fallait casser ce mur du manque de confiance. » Nicolas Sarkozy n’a rien vu venir. Même quand il y a quelques semaines, François Baroin, à l’écoute du terrain, le met en garde sur le fait que ce sera beaucoup plus difficile que prévu...

Beaucoup des parlementaires présents n’ont pas compris pourquoi Jean-François Copé a attendu 24 heures pour rallier Juppé. « Comme si avec 0,3 %, il allait peser dans cet entre-deux-tours », peste l’un d’eux. Le sénateur Roger Karoutchi, sarkozyste jusqu’à dimanche soir, était quant à lui choqué par le ton de la campagne d’Alain Juppé. « Ils devraient faire attention, prévient-il. On ne peut pas caricaturer François Fillon en traditionaliste ni dire qu’il va remettre en cause l’avortement. Enfin, qu’est-ce que ça veut dire ? » Il en appelle à un débat mesuré dans la mesure où, dès dimanche soir, il faudra faire l’unité politique de la famille de la droite.


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