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Vwa Ayiti pou lapè, un album contre la violence

vendredi 30 septembre 2016

UNE Quand James Germain, Emeline Michel et Beethovas Obas sont partis en 2015 sur un projet de tournée à travers le pays pour animer des ateliers à l’intention des jeunes, ils ne pensaient point en faire un CD. Mais au constat que ces derniers ont composé collectivement de belles musiques témoignant de leur maîtrise du thème « la paix », l’idée de Vwa Ayiti a germé, rejoignant la campagne Ann chwazi lapè, enclenchée par la Minustah en 2013.

Du travail des 200 participants en résultent 9 chansons en addition au jingle partagé par James et Bic. L’album est distribué en dur gratuitement depuis le 21 septembre, journée internationale de la paix et téléchargeable sur le site de la Minustah et ses réseaux sociaux (Sound Cloud, Facebook, Twitter). James et deux des participants de Port-au-Prince témoignent de l’expérience qui s’est avérée enrichissante humainement selon leurs dires.

« L’idée originelle pour Beethovas Obas, Emeline Michel et moi était de faire une tournée à travers le pays dans le but de rencontrer les jeunes artistes pour des ateliers autour du thème de la paix », explique James Germain, parlant de la genèse de ce projet. En 2015, les trois vedettes sillonnent plusieurs communes du pays, dont Port-au-Prince, Carrefour, Jacmel, Aquin, Les Cayes, Jérémie, Fort National, Cabaret, Gonaïves, et Hinche pour des concerts et des ateliers. Environ vingt jeunes participent à leurs ateliers à chaque fois. En cours de route, cette idée s’enrichit et d’’autres alternatives se dessinent au vu des talents des artistes en herbe rencontrés par les stars. « C’est au constat que les jeunes avaient composé ensemble de bonnes chansons autour du thème qu’on s’est dit pourquoi pas un album qui pourra laisser de traces » poursuit James dont on connait l’immensité de la voix.

Pour ce mapou de la musique haïtienne, cette expérience a été des plus enrichissantes. « C’était agréable de rencontrer de nouveaux visages. De découvrir des régions jusque-là inconnues. Je prends en exemple Jérémie, d’où est issue ma mère mais où je ne suis jamais allé avant cette expérience. En plus des jeunes de l’atelier, il était rafraîchissant de rencontrer d’autres qui venaient assister aux concerts », se rappelle-t-il.

Toujours selon lui, c’était de bonne guerre pour lui, Emeline Michel et Beethovas Obas d’apprendre des jeunes et de ne pas rechercher à s’imposer en tant que connaisseurs. Une marque d’humilité qui a permis, selon lui, d’obtenir de bons résultats à chaque fois à partir d’un travail collectif.
Les jeunes artistes que l’on écoute sur ces musiques gravées sur « Vwa pou lapè » ont aussi fait une belle expérience dont ils vont sans doute se rappeler au cours de leur carrière. Pour Harris Dardompré, qui a participé à l’atelier de Port-au-Prince, cette expérience constitue une valeur ajoutée pour sa carrière. « Je me réjouis d’avoir pu élaborer sur la paix, un thème en plus de l’amour et tant d’autres sur lesquels j’ai déjà travaillé. De plus, je dois avouer combien j’ai été fier de pouvoir travailler près des vedettes que je ne voyais jusque-là qu’à la télé. » Il note toutefois que ce n’est pas sa première expérience sur un projet collectif. Il a pris part par le passé, à Katye Pa’m un concours de l’association Tamise dont il est sorti deuxième.

Pour Garlène Florestal, une autre participante de Port-au-Prince, Vwa Ayiti pou lapè est une vitrine qu’elle ne pourrait pas offrir à son talent. « J’ai appris comment travailler comme une vraie professionnelle, c’est un bond en avant pour moi », se réjouit-elle.
James raconte qu’au départ les jeunes trop enthousiastes à l’idée de rencontrer des vedettes s’occupaient à prendre des photos. Ensuite au fur et à mesure, ils se sont concentrés sur le travail en groupe autour du thème. « Petit à petit, dit-il, ils ont découvert combien ils avaient du talent pour composer », se rappelle-t-il. Leur maîtrise du thème est, selon lui, le véritable argument qui a attiré le parrainage de la Minustah qui depuis 2013 a lancé une campagne baptisée ’’Ann Chwazi lapè’’.
Harris suggère au grand public de se laisser influencer par les paroles positives qui se dégagent de Vwa Ayiti pou lapè. Garlène leur souhaite « bonne audition » et que la paix règne dans les ghettos, dans tous les quartiers, partout dans le pays. James, lui, suggère qu’on n’auditionne pas les compositions simplement pour se distraire mais aussi pour apprendre comment faire la promotion de la paix. Il rappelle que c’est un Cd qui ne sera pas en vente. Il sera disponible gratuitement sur le site de la Minustah, en dur dans des bibliothèques, dans les médias. « Appréciez cette diversité de saveurs, j’espère que vous découvrirez chacun de ces quartiers à travers chacune de ces chansons si bien arrangées par Fabrice Rouzier, notre directeur musical », dit la voix de Wongòl.

Vwa Ayiti pou lapè comporte 9 musiques composées à partir des ateliers et d’un jingle baptisé « Chawzi lapè » que James partage avec BIC. Nicky Christ et Belo y ont contribué aussi.

AUTEUR

Chancy Victorin

chancyvictorin@ticketmag.com


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