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Un commando américain a tenté en vain de sauver des otages en Syrie

jeudi 21 août 2014

Les autorités américaines ont révélé mercredi l’opération manquée lancée cet été pour porter secours au journaliste James Foley et d’autres Américains détenus par l’État islamique en Syrie.

Barack Obama avait donné son feu vert. Une mission jusqu’alors secrète visant à sauver des otages américains des mains de l’État islamique a échoué durant l’été, rapporte le Pentagone au lendemain de la diffusion de la vidéo de la décapitation du journaliste James Foley par les djihadistes. « Cette opération a impliqué des moyens aériens et terrestres et s’est concentrée sur un réseau précis de ravisseurs au sein de l’État islamique en Irak et au Levant (le précédent nom de l’État islamique, NDLR) », précise le Pentagone dans un communiqué. « Malheureusement, la mission n’a pas réussi car les otages ne se trouvaient pas à l’endroit visé. »

Selon le New York Times , citant un responsable du ministère américain de la Défense, il s’en est fallu de très peu pour que l’opération réussisse. Les otages auraient été déplacés dans les jours voire les heures qui ont précédé l’arrivée du commando américain. Un militaire aurait été blessé lors de l’opération, qui se serait déroulée près de Raccah, le fief syrien de l’État islamique, précise le Washington Post . Ce sauvetage aurait été décidé après la libération de plusieurs otages occidentaux au printemps. Ces derniers auraient communiqué des informations précieuses au renseignement américain. Le reporter français Didier François, libéré en avril, a expliqué mercredi sur Europe 1 avoir été détenu en compagnie du journaliste américain. « Nous avions bien sûr contacté la famille de James Foley et les autorités américaines », ajoute-t-il.

James Foley figurait parmi les otages

La Maison-Blanche a confirmé avoir donné son accord à une telle opération de sauvetage. « Le gouvernement américain pensait avoir assez de renseignements et lorsque l’occasion s’est présentée, le président a autorisé le Pentagone à se lancer avec célérité dans une entreprise destinée à secourir nos compatriotes », poursuit la présidence. Néanmoins, le nom et le nombre d’otages américains visés n’a pas été divulgué. Mais, à en croire le Washington Post, le journaliste James Foley figurait bien parmi le groupe. « Compte tenu de la nécessité de protéger les capacités opérationnelles de notre armée, nous ne révèlerons aucun détail », écrit encore la Maison-Blanche. C’est la première fois que les États-Unis dévoilent une opération de ce type sur le sol syrien depuis le début du conflit en mars 2011.

« Cela rend notre travail encore plus difficile »

Un responsable du Pentagone.

Cette première ne réjouit guère au Pentagone. Deux responsables du ministère de la Défense, témoignant sous couvert d’anonymat dans le New York Times, ne cachent pas leur désaccord. Selon l’un d’entre eux, les informations dévoilées par l’administration Obama n’étaient pas toutes connues des djihadistes. « Cela rend notre travail encore plus difficile », se plaint le fonctionnaire. Or l’échec de la mission de sauvetage avait déjà compliqué toute éventuelle libération, les djihadistes connaissant désormais la volonté des États-Unis de sauver les otages. Par conséquent, les ravisseurs ont dû resserrer leur garde, conclut-il. L’État islamique a menacé d’éxecuter un autre Américain, Steven Sotloff, si les frappes américaines en Irak continuaient. Le nombre exact d’otages des djihadistes en Syrie et en Irak est difficile à estimer, certaines familles et gouvernements ayant demandé aux médias de ne pas révéler leur disparition.

La porte-parole du Conseil de sécurité nationale a, pour sa part, justifié la décision du gouvernement. Elle explique n’avoir jamais eu l’intention de dévoiler cette opération de sauvetage. « Nous avons décidé de la rendre publique aujourd’hui lorsqu’il est apparu clairement qu’un certain nombre de médias s’apprêtait à révéler cette opération et que nous n’aurions d’autre choix que de reconnaître son existence », a-t-elle expliqué. Le Washington Post affirme avoir contacté le gouvernement à ce sujet mercredi matin avant la conférence de presse du Pentagone. Les familles des otages avait, elles, été informées de l’échec de la mission. Selon le directeur du GlobalPost , pour lequel travaillait entre autres James Foley, les ravisseurs qui semblaient un temps prêts à négocier ont finalement « coupé la communication avec nous et avec la famille ». Au début des frappes américaines en Irak, la famille Foley avait été prévenue par les djihadistes que son fils serait exécuté.


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