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Economie/Finances publiques

Yves Romain Bastien, l’homme qui a pu trouver l’argent pour financer les élections

mardi 27 septembre 2016

Il a toute l’estime du président provisoire. Jocelerme Privert ne rate jamais une occasion pour faire l’éloge de son ministre de l’Economie et des Finances comme le « magicien » qui a pu trouver, dans un contexte économique extrêmement difficile, les 25 millions de dollars nécessaires pour le premier tour des élections

En visite à New York la semaine dernière, Yves Romain Bastien a accordé une interview au Nouvelliste sur la réalité économique du pays, la décote de la gourde par rapport au dollar, une éventuelle hausse du prix du carburant sur le marché local, entre autres.

L’économie du pays va mieux, contrairement à l’année dernière, selon le ministre de l’Economie et des Finances. De 1,2% en 2015, le pays connaîtra un taux de croissance de l’ordre de 2% cette année, a prévu Yves Romain Bastien. L’un des plus grands paris gagnés par le gouvernement, a-t-il dit, c’est de « ramener les dépenses publiques à un niveau acceptable, à l’essentiel… », ce qui, selon les prévisions du ministre, permettra d’avoir un taux de croissance économique nettement supérieur par rapport à l’année dernière.

Le grand argentier de la République a fait savoir au journal que depuis son accession au pouvoir il y a environ six mois de cela, l’administration Privert n’a fait l’acquisition d’aucun nouveau véhicule.

Le ministre a laissé comprendre au Nouvelliste qu’il y a des projets qui ont été montés pour permettre à des gens de faire de l’argent. Tous les projets qui ne sont pas importants ont été suspendus, a-t-il dit avec autorité.

Le plus grand projet du gouvernement actuellement c’est la réalisation des élections, a-t-il affirmé. Le budget déjà voté à la Chambre des députés, le gouvernement souhaite que le Sénat le vote dans les mêmes termes cette semaine. Sinon, la loi de finances sera appliquée comme elle a été envoyée au Parlement.

Sur la décote de la gourde par rapport au dollar

Nous importons 72% de ce que nous consommons en Haïti. « C’est normal de se retrouver dans une situation où il manque singulièrement de dollars pour répondre à nos besoins. Une relation entre l’offre et la demande pour le dollar », a avancé le ministre de l’Economie. Selon Yves Romain Bastien, il y a aussi le taux d’inflation et les risques liés à la question politique qui expliquent la dépréciation de la gourde par rapport à la monnaie américaine.

Le gouvernement n’entend pas demander à la banque centrale d’injecter des dollars sur le marché pour colmater la chute de la gourde. Selon le ministre des Finances, mettre des dollars en circulation ne résoudra pas le problème. Les millions injectés seront très rapidement absorbés. « Le gouvernement ne pourra pas seul faire apprécier la gourde. Cela dépendra de nous tous, des investissements, de la stabilité politique… », a-t-il dit.

Selon des chiffres fournis la semaine dernière par le ministre, un peu décalés de la réalité, la gourde s’échange à 65.50 pour un dollar. Dans les faits, il est à 70 gourdes pour prendre un rendez-vous au consulat américain et 67 gourdes pour un dollar chez la plupart des commerçants de la place. Cela pourrait être pire, a dit M. Bastien. « Nous avons bien géré l’économie, nous avons réduit les dépenses non importantes… », s’est-il félicité.

Pas de hausse du prix du carburant avant les élections

Le gouvernement n’entend donner à personne aucun prétexte pour nuire à la réalisation des élections le 9 octobre. Disons mieux, Privert ne souhaite qu’il y ait ni manifestation, ni grève, ni aucun autre mouvement de protestation susceptible d’avoir des conséquences sur la tenue des joutes électorales.

C’est pourquoi il n’y aura pas d’augmentation sur les prix des produits pétroliers sur le marché local avant le premier tour du scrutin.

Oui, le gouvernement a discuté avec les syndicats des transports en commun sur le dossier. « Mais il faut dire la vérité telle qu’elle est, a avancé le ministre de l’Economie. Nous avions pensé que nous avons des rendez-vous trop importants pour prendre le risque d’avoir des mouvements de protestation avec une augmentation du prix du carburant… »

Encore une fois, M. Bastien a souligné qu’il ne s’agirait pas d’une augmentation du prix du carburant, mais une réduction de la subvention. Après les élections, la population doit s’attendre à une augmentation « mesurée » du prix de l’essence, a annoncé le ministre.

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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