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Miragoâne : le lycée des jeunes filles ouvre ses portes

lundi 26 septembre 2016

Après une course d’obstacles qui aura duré 20 ans, le lycée des Jeunes Filles de Miragoâne a enfin ses propres bâtiments. Près d’un million de dollars américains ont été investis pour offrir aux 700 élèves un espace d’études moderne et entièrement équipé.


La directrice du lycée n’a pas pu retenir ses larmes en évoquant les années sombres qu’a connues son établissement avant l’inauguration des nouveaux locaux jeudi. Nadège Dépré avait en effet perdu tout espoir de pouvoir offrir à ses élèves un lieu pour étudier en toute sérénité. Depuis le début, l’implantation dans la commune de cette école nationale, dont l’histoire remonte à 1996, s’est avérée problématique. En cause, des tracas administratifs, un manque de professeurs, et surtout, la difficulté de trouver un espace adéquat.

Donner l’envie d’apprendre

« Un espace attrayant, propre et sain, où ils se sentent en sécurité, donne aux enfants l’envie d’apprendre » a rappelé Benilhomme Montélus, le directeur départemental de l’Éducation. Avant de couper le ruban devant les autorités départementales et municipales, ainsi que les centaines d’élèves qui s’étaient rassemblées sur les nouvelles galeries pour l’occasion. Il n’a pas caché son admiration pour le travail accompli. « C’est un des plus beaux lycées du département », a-t-il déclaré. Il a témoigné sa gratitude à l’organisation UMCOR, dont l’équipe, estime-t-il, « a permis de franchir beaucoup d’obstacles pour en arriver là ».

Pour le chef de mission de cette organisation, Azim Akthaar, l’essentiel est d’offrir un lieu qui puisse servir aux élèves, en particulier les enfants de milieux défavorisés, de tremplin pour leur vie professionnelle future. Cet humanitaire passionné, qui a mené avec succès des projets aux quatre coins de la planète dans des conditions difficiles, sait de quoi il parle. Issu lui-même d’une famille pauvre du Bangladesh, il a partagé sa vision, au moment de bâtir cette école, des futurs médecins, ingénieurs et femmes politiques qui seront un jour, espère-t-il, issues du lycée.

Une construction à gros budget

UMCOR n’a pas lésiné sur les moyens : près d’un million de dollars américains, provenant de dons faits dans le monde entier à l’Église méthodiste, ont permis de construire une école moderne et spacieuse que l’organisation affirme être résistant aux séisme. Elle a fait appel à son expertise tant dans la construction d’écoles qu’en assainissement et hygiène. Le nouveau lycée a été remis avec tout le mobilier nécessaire tel que bureaux, chaises et étagères. Il possède aussi une citerne d’eau et un bloc sanitaire confortable, approprié également pour les enfants handicapés.

Commencée en 2015, la construction des trois bâtiments « par une entreprise haïtienne employant majoritairement des ouvriers de la région », tient à préciser Monsieur Akthaar, s’est achevée le mois dernier. La mairie de Miragoâne a facilité l’accès au chantier grâce à une route. Une des principales difficultés techniques, a révélé Evans Magloire, le coordonateur senior pour l’abri et la construction d’UMCOR, a été le type de sol de cet endroit, qui a nécessité l’achat d’un équipement spécialisé pour briser la roche.

Tabler sur le long terme

Dès lundi, le nouveau lycée des jeunes filles de Miragoâne abritera un total de 15 classes, de la 6e à la philo. Rébecca, 19 ans, célèbre ce moment avec les autres filles, ainsi qu’avec les garçons du lycée Jacques Prévert qui les avait abrités jusqu’à présent : « C’est une belle école, nous en sommes fières », a-t-elle indiqué. Sa camarade Woodline est soulagée : « Cela faisait longtemps qu’on attendait une école comme ça ».

De nouveaux défis attendent maintenant le lycée, dont les locaux sont dès à présent sous la responsabilité des autorités et de la direction. Celles-ci ont exhorté les élèves à veiller à la protection et au maintien des infrastructures et du mobilier. Pour Denis Cadeau, ancien directeur général de l’Éducation nationale, les parents doivent également jouer « un rôle fondamental dans la gestion de l’école ». L’État devra aussi faire sa part afin que ce nouveau lycée ne souffre dans le futur des dégradations qui affligent de nombreuses écoles nationales.

Un engagement pour les écoles en Haïti

En plus du lycée des jeunes filles de Miragoâne, UMCOR inaugure cette semaine la construction de deux autres écoles : l’école primaire de Corail (3 classes), ainsi que l’école de l’Église méthodiste d’Haïti, à Carrefour (2 classes). Son équipe d’assainissement et d’hygiène, coordonnée par Junior Gauthier, a aussi fait construire cette année 12 blocs sanitaires dans les écoles publiques, y compris des stations de lavage des mains et des citernes pour la récolte d’eau de pluie, pour un montant de 300 000 dollars US.

Plaidoirie pour une meilleure coordination entre organisations

Le chef de mission d’UMCOR, Azim Akthaar, reconnaît les besoins exprimés durant cette semaine de célébration par les différents partenaires et qui n’ont pas pu être couverts. Pour lui, la solution passe par une meilleure coordination entre les organisations, qui pourraient travailler en synergie dans une même zone, en mettant leurs différentes expertises en commun.

AUTEUR

Elena Sartorius


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