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Violences électorales

Campagne électorale : la tension monte, les autorités menacent et mettent en garde

mardi 20 septembre 2016

Jour J-19. On commence à sentir la fièvre de la campagne électorale. Les partisans des candidats ont les nerfs à fleur de peau. Mais c’est surtout dans les villes de province que cela se passe.

Le week-end écoulé, les cinq principaux candidats à la présidence - Moïse Jean-Charles, Jude Célestin, Jovenel Moïse, Jean Henry Céant et Edmonde Supplice Beauzile - , étaient en déplacement. Dans certaines zones dans le Nord et l’Artibonite par exemple, la situation a failli dégénérer. Face à cette situation, le Conseil électoral menace de sévir contre les fauteurs de troubles qu’ils soient candidats ou partisans. Le gouvernement, de son côté, dénonce et rappelle à l’ordre alors que le directeur général de la Police nationale appelle les policiers à faire preuve de professionnalisme et d’objectivité dans leurs actions.

Aux Gonaïves et au Cap-Haïtien, le week-end écoulé, des partisans d’autres partis politiques ont perturbé la caravane de Fanmi Lavalas en déplacement pour lancer la campagne électorale de sa candidate à la présidence. Jean-Bertrand Aristide et Maryse Narcisse avaient du mal à prendre la parole pendant leur meeting vendredi soir dans la deuxième ville du pays. A la suite de ces incidents, le CEP a rappelé aux partis politiques, candidats et sympathisants, l’obligation qui leur est faite de conduire leur campagne de façon pacifique, dans le respect de la loi.

« Le Conseil, en aucune manière, ne tolérera pas que des perturbateurs, qu’ils soient candidats ou partisans de candidats, de partis ou groupements politiques, puissent agresser des compétiteurs ou de perturber leur rassemblement public », a fulminé l’institution électorale dans un communiqué.

Le CEP, pour l’édification de tous les secteurs concernés, reproduit in extenso les dispositions de l’article 119 du décret électoral du 2 mars 2015, traitant du non-respect des règles de la campagne électorale : « En cas de flagrance et de récidive, le Conseil électoral provisoire prend toutes les mesures conformément au présent Décret, aux fins de :
a) se prononcer de façon célère sur tous les cas de violence constatés ;
b) radier de la liste des candidats agréés tous ceux reconnus coupables, sous réserve de toute action judiciaire à intenter par la partie lésée ;
c) suspendre de toutes compétitions électorales, pour une période allant jusqu’à cinq (5) ans, les partis ou groupements politiques reconnus coupables ».

Pour sa part, le Premier ministre Enex Jean-Charles a dit condamner avec « la plus grande fermeté les incidents survenus dans la campagne électorale le week-end écoulé où des partisans de certains candidats ont délibérément contrarié le bon déroulement des rassemblements de leurs compétiteurs. »

« Ces agissements sont, en tout, contraires à l’esprit républicain, aux exigences de la démocratie et aux dispositions du décret électoral en vigueur. Pour cela, le gouvernement rappelle à l’ordre les dirigeants politiques et les invite à intervenir auprès de leurs partisans pour contrer cette tendance à l’affrontement qui peut empoisonner l’environnement électoral », lit-on dans un communiqué de la Primature.

« Le gouvernement se tient prêt à appuyer le Conseil électoral provisoire (CEP) dans toutes les dispositions qu’il prendra pour sévir contre tout groupement ou individu qui voudrait alimenter un climat de violence dans les prochains jours », a menacé Enex Jean-Charles, qui en a profité pour rappeler à tous les fonctionnaires publics que l’utilisation des biens et moyens de l’Etat à des fins politiques et partisanes est formellement interdite et sera, en conséquence, « sanctionnée ».

Selon le chef de la Primature, la neutralité de tout le gouvernement est une garantie à donner aux citoyens en parole et en action. « Elle contribuera, a-t-il dit, à créer une ambiance saine et une juste concurrence entre tous les candidats. Elle est une obligation de la loi et du principe de neutralité des agents de la fonction publique ».

De son côté, la directeur général de la Police nationale enjoint les membres de l’institution policière de faire preuve de professionnalisme et d’objectivité dans leurs actions. « Pour tout déplacement de candidats à la présidence ou au Sénat, les directeurs départementaux doivent se montrer proactifs et vigilants en redoublant les dispositifs de sécurité », selon les directives de Michel-Ange Gédéon.

Les directeurs départementaux, a-t-il dit, doivent prendre absolument toutes les dispositions nécessaires pour couvrir tous les déplacements des candidats « avec la mission sacro-sainte de protéger la vie de ces derniers ainsi que celle de leurs proches », au moyen d’un effectif raisonnable, composé d’hommes et de femmes particulièrement vifs et alertes.

« Dans tous les cas, des unités spécialisées seront en appui aux policiers administratifs pour une meilleure gestion de la foule afin de garantir une meilleure sécurité de la campagne électorale », a affirmé le chef de la PNH tout en rappelant aux policiers que la police est une institution apolitique, neutre et non partisane.

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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