MosaikHub Magazine

350 millions de gourdes prélevées du fonds des collectivités territoriales, les maires en colère

mercredi 14 septembre 2016

L’Administration Jocelerme Privert a autorisé le décaissement de 350 millions de gourdes du Fonds de gestion et de développement des collectivités territoriales (FGDCT) en vue d’émettre des cartes-cadeaux anonymes d’une valeur de 5 000 gourdes chacune à quarante mille familles haïtiennes à l’occasion de la rentrée des classes. Ce lundi 12 septembre, dans l’enceinte de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif, des maires en colère ont dénoncé l’initiative du président de la République et ont promis de donner une leçon aux autorités si cet argent n’est pas restitué illico.

« En août dernier, le président de la République avait promis d’éponger les dettes des municipalités. Non seulement il n’a pas respecté ses promesses, le pire, il a autorisé le décaissement de 350 millions de gourdes du FGDCT pour des projets douteux. Pourtant nos mairies fonctionnent très mal. Elles sont complètement désarmées », a martelé le président de la Fédération nationale des maires d’Haïti (FENAMH), Jude Édouard Pierre qui a promis, au passage, de déployer toute son énergie pour contrecarrer le projet macabre de M. Privert.

Certaines villes haïtiennes végètent dans l’insalubrité. À Port-au-Prince, c’est déjà le comble. Les détritus sont visibles un peu partout. Youri Chévry, lors de son installation, avait promis une capitale belle et organisée. Au pied du mur, il devient impuissant car, selon lui, il n’est pas bien encadré par le pouvoir central. « Je ne comprends pas. Un président de la République qui annonce publiquement qu’il va supporter les mairies qui ont des arriérés de salaire. En réalité, c’étaient des paroles en l’air. Il n’a pas respecté ses mots et a même tenté de nous enfoncer davantage dans la crise avec cette mesure. C’est inadmissible », a déploré le maire principal de Port-au-Prince, Youri Chévry.

Bien épaulés par des dizaines de manifestants composés d’employés des mairies d’Haïti, des CASEC et ASEC, qui dansaient et chantaient pacifiquement en tenant leurs pancartes au seuil de la barrière de la Cour supérieure des comptes, des maires ont annoncé la couleur si cette somme importante n’est pas distribuée aussitôt aux mairies en vue d’être efficaces dans leur mission.

Par ailleurs, au cours de la journée, une délégation de maires a rencontré la présidente de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif, Marie Neltha Fétière, le président du Sénat, Ronald Larêche, et celui de la Chambre des députés, Cholzer Chancy, sur ce sujet brûlant. Le président de la FENAMH, Jude Édouard Pierre, a expliqué que Marie Neltha Fétière a promis de trancher dès la première semaine du mois d’octobre. Dans la même veine, le Sénat a promis aux magistrats qu’il allait convoquer rapidement le ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales afin de trouver une solution urgente.

« Il faut que ces choses cessent dans le pays. Nous ne pouvons pas rester sans rien dire. Nous pouvons mobiliser tout le pays au moyen des mairies pour donner une réponse correcte à M. Privert. C’est un détournement de fonds », a indiqué le maire de la commune de Carrefour, Jude Édouard Pierre .

Ce fonds a été créé par la loi du 20 août 1996. Il est placé sous la gestion temporaire du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales. Ce fonds est alimenté régulièrement par les prélèvements effectués sur le salaire des fonctionnaires de l’État, des prélèvements sur les biens et services, sur le commerce extérieur et les transactions internationales. Pour financer des projets sociaux, il est redistribué sous forme de subvention de l’État aux collectivités territoriales. Par contre, avec la décision d’enlever les 350 millions de gourdes de ce fonds de gestion, les maires n’y voient qu’une grosse caisse vide.

AUTEUR

Emmanuel Thélusma

temmanuel@lenouvelliste.com


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie