MosaikHub Magazine

Par peur de l’eau, on craint la pluie, mais on se jette à la rivière

jeudi 8 septembre 2016

Après avoir échoué à faire passer trop d’un coup avec les 30 gourdes par gallon, le pays est en train de s’offrir une paix sociale qui risque de coûter cher le jour de la facture.

Ceux qui s’y connaissent en politiques publiques, en finances publiques ou simplement ont le sens politique ont été très étonnés de voir des candidats à la présidence monter au créneau pour fustiger la récente décision du ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement Jean-Charles d’augmenter les prix des carburants.

La protestation médiatique des syndicats, des partis politiques et des candidats à la présidence a étouffé la hausse des prix à la pompe en moins de deux jours. La présidence, dans un communiqué, n’a pas simplement réduit la facture, mais a gelé la mesure. Du jamais vu.

Depuis, le gouvernement et la présidence négocient avec les syndicats de transporteurs publics pour trouver la juste mesure.
Là encore, c’est du jamais vu.

Dans le passé, l’Etat fixait les prix et après contestation, s’il y en avait, ajustait les barèmes. Le gèle est inédit tout comme le changement de braquet dans le rôle des chauffeurs : ils ne se battent plus pour faire reconsidérer le prix de leur labeur qui est la course d’un point A à un point B de personne ou de marchandise, mais sont devenus négociateurs des prix des produits pétroliers.

Revenons aux politiciens.

Dans tout pays normal, sachant les engagements pris ces derniers temps, pour financer sur les deniers nationaux les élections par exemple, tout politicien sait qu’il y a une facture que le pays doit supporter.

Quand on sait que l’administration Martelly-Paul a laissé un déficit public pour les finances de la nation, comment peut-on faire pression pour que personne ne contribue à combler le trou du budget ou notre acte de souveraineté ?
Comment des politiciens peuvent-ils préférer épargner l’administration Privert-Jean Charles en l’autorisant de facto à augmenter le déficit quand ils espèrent demain prendre charge de la barque de l’État ?

Soit ils sont tous aveugles, soit personne n’a idée de ce que nous sommes en train d’échaffauder. Pour mémoire, depuis ce lundi 5 septembre, le consulat américain charge onze mille deux cents gourdes la demande de rendez-vous pour obtenir le visa de tourisme vendu à la Sogebank.

11 200 gourdes pour une prestation qui coûte 160 dollars américains, cela fait 70 gourdes pour un dollar. Cet ajustement est une appréciation de la route que le pays a décidé d’emprunter. 70 gourdes pour un dollar est une anticipation, une estimation qui va aiguilloner les transactions sur notre marché des changes. Pour faire plaisir à quelques-uns, on va passer la facture à tout le pays et impacter tous les secteurs.

Il y en a qui disent que les produits pétroliers ont un impact transversal. Le change à un poids encore plus global et, à la différence des produits pétroliers que l’État peut décider de subventionner ou de fixer les prix à sa guise, le change est un marché libre où le dollar est roi.

Frantz Duval

duval@lenouvelliste.com


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