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LOI SUR LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX/LOI ORGANIQUE DE L’UCREF/SENAT

Carl Murat Cantave fait capoter la séance

mercredi 7 septembre 2016

Une tentative des sénateurs de statuer sur la loi sanctionnant le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme et sur la loi organique de l’UCREF a tourné court ce mardi parce que Carl-Murat Cantave s’y était opposé.

Au Bicentenaire, depuis plus d’une semaine, les parlementaires ne parlent presque que du danger, ce grand danger, qui pend sur Haïti si celle-ci ne parvient pas à mettre son devoir au propre avant novembre, c’est-à-dire se mettre au diapason des normes prudentielles internationales, comme l’exige le GAFIC. Il y a eu, ce mardi, dans cette perspective, moult tractations, d’efforts pour réunir le quorum, comme souvent ces jours-ci au Sénat. 16 sénateurs y ont répondu présent. Youri Latortue, président de la commission Éthique et Anticorruption, président de la commission bilatérale chargée d’analyser la loi organique de l’UCREF, a fait lecture du rapport pour lequel il a recommandé un vote favorable.

« L’UCREF est confronté à de multiples défis, dont le plus important est l’intégration du financement du terrorisme. Il est dès lors, essentiel pour nous de lever tous les obstacles juridiques qui peuvent entraver la bonne marche de cette institution et de veiller à la mise en place d’un cadre légal en harmonie avec les dispositions législatives existantes tout en favorisant une étroite collaboration de tous les acteurs. », justifie la commission bilatérale. L’assemblée des sénateurs n’a pas fait le dos rond. Avec 12 pour, 0 contre et 3 abstentions, ils ont adopté les recommandations de la commission avant de procéder au vote de la loi article après article. Mais il n’en a rien été, parce que Carl Murat Cantave, sénateur de l’Artibonite, lui qui s’est abstenu, se met à gronder. Il croit que ses pairs ne devraient nullement « plancher sur une loi soumise à leur appréciation par quelqu’un qui n’est plus président ».

Carl Murat Cantave, connu pour son intransigeance au bord de mer, s’agite. Parle à tout bout de champ. Monopolise par moments le micro. « On ne peut pas s’offrir en ridicule comme ça en votant une loi déposée par un président usurpateur qui va encore la publier aussitôt qu’elle est votée par les deux chambres ! », s’emporte-t-il, virevoltant. Il quittera l’hémicycle. Le quorum est désintégré momentanément. Youri Latortue, son cousin, son aîné au grand Corps, conscient de l’urgence de l’heure, du péril qu’il y a en la demeure, est parti à sa trousse. Il est revenu, a repris la parole et vociféré contre Jocelerme Privert, comme si voter une telle loi serait plus utile au président provisoire qu’aux banquiers, à la population. Le médecin mué en politique quitte la salle. Le report de la séance devient obligatoire.

Consterné, Evalière Beauplan, sénateur du Nord-Ouest, qualifie de « ridicule » l’attitude de Carl Murat Cantave. Même Edwin Zenny ou encore Richard Hervé Fourcand ont abasourdis par l’action de ce dernier. « Cela n’a rien à voir avec Jocelerme Privert. C’est une question urgente : c’est l’avenir ou encore la crédibilité d’Haïti qui s’y joue ! » Le président du grand Corps, Ronald Larêche, peu après avoir annoté le report de la séance, est allé s’asseoir, l’air pensif. Il sort son smartphone. Il n’est pas content, comme beaucoup d’autres. Il y a peu, des parlementaires de tout bord avaient promis de mettre les bouchées doubles pour prémunir le pays contre le « de-risking ». Le premier des sénateurs avait donné cette garantie aux banquiers lors des pourparlers …
AUTEUR

Juno Jean Baptiste

jjeanbaptiste@lenouvelliste.com


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