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Concerts, contextes, communiqués… Un chœur anti Moïse Jean

mardi 6 septembre 2016

Il y a dans l’air comme une musique aux accords dispersés qu’il suffirait de réunir pour y entendre les mille voix d’un chœur anti Jean-Charles Moïse.

Coïncidence ou volonté collective, rarement candidat aura-t-il été autant attaqué sur ses propos. Il n’y a rien d’anormal dans le fait d’interroger la véracité des propos de tel ou tel appelé peut-être à diriger un État. Cela devient anormal et inquiétant quand, volontairement ou pas, il se produit un phénomène qui fait faisceau et ne semble concerner qu’un seul dans le lot. D’autant qu’il n’est pas besoin d’un prix Politzer du journalisme d’investigation pour trouver chez les uns et les autres suffisamment de casseroles pour couvrir le pays d’un vacarme infernal.

Que l’on partage ou non ses idées, la candidature de Jean-Charles Moïse a, dans son fondement comme dans son expression, quelque chose d’exceptionnel. 1) On ne peut pas y voir celle d’un double derrière lequel se cache à peine un chef ou un clan. Célestin / Préval. Narcisse / Aristide. Jovenel Moïse / Martelly. 2) L’appellation « pitit Desalin » la fonde dans l’histoire et dans une symbolique, voire une mystique : elle se réclame de quelque chose qui signifie au-delà du déferlement de vase dans l’appellation Lavalas, par exemple. La dénomination choisie est à la fois intéressante et dangereuse, car il convient de lui demander son interprétation de cet idéal dessalinien dont il se réclame et sa façon d’envisager son application dans le contexte actuel. Les réponses ne peuvent être faciles, mais la possibilité nous est offerte de poser des questions claires. 3) Elle est aussi la seule à se réclamer d’une idéologie politique claire : le socialisme. En cela encore elle se distingue du ’’dwategòch’’ de la plupart des autres candidatures auxquelles on ne peut point trouver une vision précise de l’humain comme de la société. Et tout cela est dans un document de programme.

Le débat que, sournoisement, évite le commerce de détail des j’ai dit tu as dit, est celui auquel cette candidature nous invite, celui de l’idéologie, du choix politique en fonction d’une vision globale du vivre ensemble. Sauf à être de mauvaise foi, c’est celle qui nous offre le plus clairement la possibilité de décider pour ou contre une position politique.

Il faudrait encourager les autres candidats à le rejoindre sur ce terrain-là, celui de la vision du politique et de l’idéologie politique, et nous sortir du tragi-comique charismatique ou du mutisme insultant. On est un peu fatigué des Johnny belle gueule ou Jimmy tèt kale... « Je porte avec un groupe telle conviction, telle vision du monde et du pays, et dans mon analyse du contexte actuel, voilà comment nous comptons concilier le rêve et le réel et agir sur vos conditions de vie. »

Dommage que tel communiqué de la présidente de telle institution soit venu en ce moment. Sans le vouloir sans doute, sa publication ouvre le flanc à une interprétation politique. Les démentis n’ont pas toujours les effets qu’ils espèrent et leur portée dépasse parfois leurs intentions. L’histoire récente de notre vie politique est là pour nous le rappeler : il arrive qu’on retienne le fait que telle chose fut dite plutôt que le propos lui-même. Mais revenons dans le politique, et rendons à Jean-Charles Moïse ce qui lui appartient : une ligne politique claire en fonction d’une vision globale de la société. C’est là qu’il faut le suivre pour élever le débat. Et, éventuellement, le battre.

AUTEUR

Antoine Lyonel Trouillot

zomangay@hotmail.com


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